Dissoudre les Bonnets Rouges ?!

Chronique publié le 17/06/14 16:01 dans Cultures par Simon Alain pour Simon Alain
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Tel serait l'objet de l'invraisemblable appel de la fédération PS Finistère qui a récemment estimé « qu'il manquait à ce mouvement l'adhésion des Bretons ». Peut-on concevoir plus grande absurdité ? C'est oublier que ce mouvement n'appartient à personne en particulier, et qu'il n'appartient donc à personne en particulier de le « dissoudre ». C'est aussi oublier que derrière chaque Bonnet Rouge mobilisé, dans quelque manifestation que ce soit, se tiennent plusieurs dizaines d'autres. Autrement dit, chaque Bonnet Rouge n'est qu'une partie de cet « iceberg » plus vaste que les commentateurs (journalistes ou politiques) choisissent de prendre ou non en considération selon leur humeur du moment. Car nous parlons bien d'un mouvement de fond : d'ampleur certaine et fait pour durer.

I. Nous vivons une époque complexe dans laquelle il est extrêmement difficile de mobiliser et dans laquelle il est extrêmement difficile de retenir l'attention. Nous vivons aussi une époque subtile dans laquelle Internet joue pleinement son rôle de «connexion» en fédérant les esprits « en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ».

Le mouvement populaire des Bonnets Rouges n'est ni « un mouvement social classique » (il n'est pas assez unitaire pour cela), ni « un mouvement politique standard » (il n'est pas en dialogue avec les familles politiques traditionnelles). En outre, sa visibilité n'est pas que physique ou géographique. Où l'on retrouve la philosophie...

II. Le mouvement des Bonnets Rouges, parce qu'il existe aussi (et d'abord) sur internet, est en partie « virtuel » ou « mental ». Il occupe les esprits avant de déplacer les corps. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il ne peut être dissous, à savoir que ce mouvement est avant tout « symbolique ».

De fait, les Bonnets Rouges occupent depuis l'automne 2013 « l'espace mental breton » et les enjeux en sont clairement philosophiques : penser par soi-même, gagner en autonomie (et capacité de décision), lutter pour une certaine indépendance d'esprit... Tout cela permet de répondre aux détracteurs de ce mouvement qui lui reprochent depuis le début « de ne pas être cohérent » et de « défendre trop de choses à la fois ».

Car il faut quand même rappeler que derrière chaque Bonnet Rouge, il y a «un Breton» et que tout Breton est plus ou moins « contre l'écotaxe », « pour Nantes en Bretagne » et pour une certaine forme d'indépendance d'esprit.

Chaque Breton mobilisé est donc un peu, et à chaque fois, l'incarnation de «la Bretagne» ou de l'état d'esprit breton (qui n'existe jamais tant que lorsqu'il se démarque de l'état d'esprit français qui, à force d'«unité» et de «conformité» tend aussi à la plus grande «indifférence»).

III. Mais il faut dire aussi que nous vivons une époque peu spirituelle et peu philosophique. Il n'y a qu'à en juger par les sujets du « Bac Philo » 2014 distribués hier, lundi 16 juin, « sur tout le territoire national ». Encore une fois, il s'agit moins, dans ce type d'épreuve, de « réfléchir par soi-même » que de « disserter », autrement dit, en contexte français, « produire (et produire encore)de la langue française ».

Rappelons donc ici que la France est le seul pays au monde à avoir fait de « la philosophie » une discipline à part entière (qui, par principe, exclut l'histoire, la culture, voire l'actualité...). Rappelons aussi que le Baccalauréat a été instauré par un dictateur (Napoléon Bonaparte) pour reconnaître en chacun « l'effort français ». L'idéologie est toujours le plus sûr et le plus doux des moyens pour contrôler les esprits...

En pareil contexte, la Bretagne, qu'elle soit physique, virtuelle ou philosophique demeure symboliquement « un espace de liberté ». C'est cela même que les Bonnets Rouges défendent et continueront de défendre. En ce sens, ce mouvement ne saurait avoir de «dirigeants», mais que des «porte-paroles». Comment des élus PS peuvent-ils dès lors accuser ces derniers de s'être « accaparés le Gwen Ha Du » ? C'est non seulement absurde, mais dangereux, car à force de perdre tout bon sens, on perd le sens même de la réalité. Raison pour laquelle le philosophe Descartes (1596-1650) avait en son temps quitté la France : non seulement pour penser par lui-même, mais aussi pour simplement exister...

Pour l'UPPB,

Simon Alain

www.simonalain.com


Vos commentaires :
Emilie Le Berre
Vendredi 15 novembre 2024
Il y a longtemps que le ps a abandonné les classes populaires pour les bobos et d'autres catégories rentières. Ce n'est pas moi qui le dit mais eux-mêmes par la voix de leur think-tank «terranova».

marc iliou
Vendredi 15 novembre 2024
Il serait surtout souhaitable par les temps qui courent de dissoudre le PS qui n'a franchement plus rien de crédible dans sa politique, n'est plus qu'un parti de technocrates issus de l'énarchie et qui s'arroge le droit de découper ses fiefs pour ses barons suivant leur bon vouloir comme au Moyen Age !

Hervé Fennec
Vendredi 15 novembre 2024
Vive la France A bat les identitaires infeodes au Crédit Agricole.

PIERRE CAMARET
Vendredi 15 novembre 2024
Les «Socialos» de grands malades

Donbzh
Vendredi 15 novembre 2024
Très bonnes analyses comme d'habitude avec des références plus universelles et légèrement plus argumentées que celle se référant au crédit agricole.

Le ps a enfin trouvé une cohérence dans la négative: la dissolution des bonnets rouges. En faisant un effort , ils trouveront peut-être un jour une position cohérente entre eux en accord avec les volontés bretonnes. On peut rêver...

Les bretons ont besoin d'un universalisme ouvert à l'autre. Nous ne souhaitons ni «éduquer» ,ni «coloniser» l'autre, mais apprendre de ses différences. Qu'en pensez-vous ?


alain rault le breton
Vendredi 15 novembre 2024
moi aussi je pense que c'est le PS qu'il faut dissoudre,
combien d'adhérents ? les Bonnets rouges, c'est la force de demain de la Bretagne

Elen Ar Mor
Vendredi 15 novembre 2024
Pourquoi pas emprisonner tous les Bretons!!! Faudrait le suggérer au PS! On ne dissout pas un peuple en révolte!!

Yann Bouenec
Vendredi 15 novembre 2024
et pourquoi ne pas monter à Paris pour inclure les exilés à la capitale, et montrer notre union et notre détermination face aux intérêts dogmatiques et individuels du personnel PS régentant la Bretagne élargie

Comic Troupier
Vendredi 15 novembre 2024
Ils se dissouderont tout seul dans la caricature, la pantalonnade et le comique troupier - cf la dernière action à morlaix- fàcon groland et bourvil de funés..voir la téte de ces guignols de porte-parole..et on trouve des agences de presse ( sic) pour commenter cela doctement et savamment comme une évolution fondamentale de la société bretonne..une beuverie d'ivrogne..hélas on est bien chez les BR bretons, Tout fini dans la bière..!!!

PIERRE CAMARET
Vendredi 15 novembre 2024
Comme DESCARTES , j'ai avec ma famille , quitte la Bretagne , pour l'Australie et ......afin que ma famille ( mes enfants ) et moi meme , puissions exister.
Nous existons , mais moi je suis malheureux des reves disparus.

M.Prigent
Vendredi 15 novembre 2024
@ Tomic Croupier.
Puisque vous semblez doué pour les analyses, argumentations et démonstrations, que pensez-vous de nos dirigeants nationaux de droite et de gauche qui depuis 40 ans votent des budgets en déficits, liquident ou vendent nos entreprises et maitrisent si mal le chômage et l'immigration ?

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