Disparition de Joseph Martray, fondateur du CELIB

Disparition publié le 2/06/09 3:18 dans Histoire de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch

Nous venons d'apprendre que Joseph Martray qui avait eu 95 ans le 14 mai dernier, vient de mourir au CHU de Rennes où il avait été admis vendredi à la suite d'un grave incident cardiaque. Il fut le Fondateur du Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB) à Quimper en 1950,. La cérémonie religieuse de ses obsèques aura lieu jeudi 4 juin à 14 heures en l'église Saint-Paul de Rennes, 35 rue de Brest.

Une vie consacrée à la Bretagne (sources : principalement wikipédia )

Né en 1914 à Lamballe, Joseph Martray fut un journaliste et un écrivain. C'était aussi un militant breton, fédéraliste et européen. Il a été résistant et est titulaire de la Légion d'honneur.

Il débute sa carrière comme rédacteur de préfecture, et se manifeste à la fin des années 30 par son militantisme pour le renouveau culturel et politique de la Bretagne. Il devient membre modéré du Parti national breton (PNB).

Il prend part au Comité Consultatif de Bretagne en 1942-1943. Il devient membre à partir de 1942, au titre de délégué régional adjoint à la Jeunesse et de président de l'Union folklorique de Bretagne, du Conseil Consultatif de Bretagne (CCB) pour les questions culturelles créé par le préfet de région Jean Quenette.(Jean Quenette, qui fût révoqué par Vichy fin 1943, et passa dans la Résistance.

Journaliste pendant la guerre, il publie des articles sous le pseudonyme de Mauguet-Martin. Il est nommé rédacteur en chef de la Dépêche de Brest de décembre 1943 à juin 1944, et de La Bretagne, deux journaux collaborationnistes dirigés par le militant autonomiste breton et fédéraliste européen Yann Fouéré, secrétaire général du Comité consultatif de Bretagne auprès du préfet de région. Ce dernier lui confia la rédaction en chef de ces deux journaux .

Joseph Martray a rejoint la Résistance en juin 1944 . A la Libération, Martray est arrêté en raison de son nationalisme breton lorsqu'il quitte le maquis de Lamballe. Il est cependant relâché en raison de ses «états de résistance».

Après la Libération, il poursuit sa carrière journalistique à Paris en animant un quotidien pour les Bretons de Paris, Vent d'ouest, puis une revue trimestrielle, Le Peuple Breton, qui se présente comme l'organe du ' mouvement breton tout entier ' et développe des thèmes comme la modernisation, l'industrialisation, la construction de l'Europe.

Le fédéralisme

C'est par le mouvement fédéraliste qui se diffuse en France autour de la revue La Fédération (dont il est membre du comité directeur) qu'il va initier une nouvelle vision du développement breton. Il est rédacteur en chef du Bulletin fédéraliste, qui crée sous l'égide de ce mouvement l'U.F.C.E. , (Union Fédéraliste des Communautés Européennes), dont il est le premier secrétaire, une association se donnant pour but de promouvoir les minorités ethniques autour de l'idée d'un fédéralisme européen.

Il est le fondateur du CELIB le 22 juillet 1950 (Comité d'étude et de liaisons des intérêts bretons) ainsi que du MNDR (Mouvement national pour la décentralisation et la réforme régionale). Le leadership politique de René Pleven donne une impulsion décisive à la consolidation du CELIB en ralliant à la cause régionale l'ensemble des parlementaires MRP, formation politique dominante en Bretagne à cette époque. Il lance en 1950 un mensuel, La Vie bretonne, qui n'est au départ qu'un supplément du Bulletin fédéraliste mais qui devient l'organe du CELIB. Plus tard, il fera don du titre de sa revue Le Peuple Breton à l'Union démocratique bretonne.

Au début des années 1960, la priorité était sur le désenclavement, condition de l'épanouissement économique des productions agricoles surtout de la Bretagne. Dès 1961 devant l'agitation des producteurs léonards (prise de la sous-préfecture de Morlaix), Alexis Gourvennec et Joseph Martray avaient obtenu du gouvernement Debré un ensemble de mesures portant sur l'électrification des lignes de chemin de fer et l'amélioration des axes routiers. Il prête en 1963 le serment d'Hennebont engageant les ouvriers forgerons et les habitants luttant contre la fermeture programmée des forges à jurer de rester unis pour sauver les forges. Il écrit dans la revue Al Liamm et est président de Bretagne prospective. Il fait partie de la rédaction d'Armor magazine.

Il a été président de l'association d'étude des problèmes de la mer au Conseil économique et social, et à ce titre membre de la Délégation française à la IIIe Conférence des Nations unies sur le droit de la mer, qui a abouti à la convention de Montego Bay. Il a été chargé d'enseignement de droit maritime à l'université de Nantes. Vice-président du Comité économique et social de Bretagne de 1974 à 1981, il est également vice-président de l'Institut Français de la Mer depuis 1980.

En 1990, il est décoré de l'Ordre de l'Hermine. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages en rapport avec la Bretagne, dont plusieurs, récents, écrits en commun avec Jean Ollivro.

En 2008 il soutient la liste de Caroline Ollivro (modem) pour les élections municipales de Rennes.

Bibliographie :

La patrie interdite, Histoire d'un breton, Editions France Empire, 1987 Publications [modifier]

Le problème breton et la réforme de la France, 1947, Editions de Bretagne Euskadi :

Le peuple basque en lutte pour ses libertés, 1948, Robert Wolney

La région, pour un Etat moderne, 1970, France-Empire

La protection et l'exploitation des océans et des fonds sous-marins, 1974, Conseil économique et social

L'avenir des pêches maritimes françaises, 1976, Conseil économique et social

A qui appartient l'océan ?, vers un nouveau régime des espaces et des fonds marins, Ed. Maritimes & d'Outre-Mer, 1977

Vingt ans qui transformèrent la Bretagne. L'epopée du CELIB France Empire,. 1983

La Bretagne dans la Révolution française - Une passion déçue. France-Empire, 1985

La Bretagne au cœur du monde nouveau, les portes du large, 2001. (avec la coll. de Jean Ollivro)

La Bretagne réunifiée, une véritable région européenne ouverte sur le monde, les portes du large, 2001. (avec la coll. de Jean Ollivro)

Le Tournant : La mondialisation : une chance pour la Bretagne - Spézet : Coop Breizh, 2002.

La mondialisation et l'Europe / Observatoire français des conjonctures économiques. Presses de Sciences Po, 2002

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
J-L Le Floc'h
Vendredi 15 novembre 2024
A propos du journal La Bretagne, deux extraits d'un libre récent :

(…/…). Un accord est trouvé : La Bretagne sera imprimée par l'Ouest-Eclair, quotidien du matin,mais à la condition d'être un quotidien du soir et que la nouvelle équipe prenne en charge la rédaction des trois hebdomadaires locaux de l'Ouest-Eclair. (…/…). Page 19

(…/…) Les conférences de rédaction (…/…).sont d'abord quotidiennes, à Rennes, avant de devenir hebdomadaires lorsque le journal sera imprimé à Morlaix. En effet, à partir d'avril 1942, la rédaction se confond avec celle de La Dépêche, ancêtre du Télégramme de Brest actuel. (…/…) Page 20

Extrait de « Yann Fouéré…des mots pour l'avenir de la Bretagne » (ISBN 978-2-9529694-06, 170 pages, édité par Fondation Yann Fouéré, 2008, 15 euro)

Question : l'article de Wikipédia est-il suffisamment renseigné ?


Prigent Michel
Vendredi 15 novembre 2024
Joseph Martray faisait partie de ces grands hommes de valeur, s'ajoutant à ceux qui nous ont quitté il y a peu, qui ont tant oeuvré à la défense de la Bretagne, la Vraie, celle à 5 départements.

Et cependant, malgré tous leurs talents et leurs efforts, l'amputation pétainiste de la Bretagne perdure ! C'est inadmissible et consternant !

Le Parti Breton a bien raison de considérer que «la France n'est pas réformable» et de ne rien attendre des partis français en matière d'évolution structurelle et institutionnelle du pays, voire même de l'Europe réduite au role de «Société des Nations», ce «machin» contraint à l'impuissance par la volonté de ses membres (!) qui n'y voient qu'une sorte de «Rotary Club des Nations Souverainistes». Le 7 juin, votez bien...Votez Breton !


iffig cochevelou
Vendredi 15 novembre 2024
C'est toujours avec tristesse que l'on voit partir , un vrai militant de la cause bretonne, un vrai démocrate et nationaliste Breton ; il a perséveré après la guerre a défendre ce qu'il avait toujours défendu avec ferveur, son pays la Bretagne. Aujourd'hui , je lis avec stupefaction les hommages des partis politiques Français , quels qu'ils soient, sans complexe, honorer ce grand homme : comment ne pas être indigné par ces propos hypocrites, lorsque l'on connait les problèmes de la reconnaissance de notre langue, de la réunification et de l'existence même de notre pays problèmes pour lesquels ces partis politiques ont une large responsabilité. C'est peut-être l'occasion pour tous nos compatriotes sincères qui ont rejoint pour de multiples raisons ces organisations ou les ont tout simplement aidées par leur vote, de changer de ligne en soutenant ce mouvement démocratique encore modeste mais qui a le courage de présenter une liste aux élections européennes « la Voix de la Bretagne en Europe» . Je souhaite que ce mouvement apporte une nouvelle dynamique à la Bretagne. Je ne connaissais pas les intentions de Joseph Martray , mais je pense que ce mouvement ne pouvait pas lui être indifférent.

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
un lien intéressant à son sujet
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