Elles fleurissent partout dès qu'arrive l'été, les binious bombardent et les plus beaux atours sont de sortie ...
Fête de la Bretagne en mai, concours de bagadoù, cercles... La liste est longue qui montre le magnifique chemin parcouru depuis les années 50 où quelques pionniers relançaient les fest noz, Polig Montjarret inventait le bagad, Roparz le fest-noz, Dastum dastumait, et l'on voit depuis que la musique bretonne est devenue une «world music» quand elle n'est pas «ethnic». Bravo le dynamisme associatif, les politiques qui votent les subventions. Bravo les postes créés pour les permanents de fédérations, les repasseuses de coiffes, les lutteurs et les offices de la langue et de la culture bretonnes.
Mais l'été passé, que reste-t-il ? Que reste-t-il d'une culture qui se montre en fil doré et en dentelles ? De la musique, certes. Mais dans cette crise qui n'en finit pas de s'aggraver, comment cette culture peut aider les Bretons à avoir une conscience politique, une identité pour travailler ensemble à ce que la Bretagne devrait être ? Sans une langue qui est fondatrice d'un pays, la Bretagne reste une vitrine, un truc joli et pas dangereux, une belle carte postale où l'on voit un phare et la mer, quelques hortensias devant une chaumière...
Si les Bretons veulent que la Bretagne soit plus que cela, plus qu'un cliché et un mobil home pour Parisiens fatigués épris d'une image de la Bretagne qui est déformée par les dépliants touristiques et des média complaisants qui oublient de parler de tout ce qui va mal en Bretagne et sur lequel il faut agir, et vite, alors, il faudra qu'ils se résignent à rester quelque chose de folklorique, de pas dangereux, de consensuel, quelque chose de touristique sur les chemins de l'Europe, une toute petite chose ...
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