C'est dans un salon de l'hôtel Aquilon que se sont retrouvés ce samedi les Bretons du Monde de l'Asie du Sud-Est en compagnie de Bretons de Saint-Nazaire, dont des membres du CREDIB (1), venus en voisins sympathisants, d'autres de Rennes ou encore de Paris, comme le président des Bretons de Paris Jean-Simon Mahé. 35 à 40 personnes ont répondu à l'invitation de Jean Cévaër, grand organisateur de la journée. Les exposés du matin ont été riches, accompagnés le plus souvent de diaporamas et vidéos.
L'après-midi a été consacré à la visite dans la base sous-marine de Saint-Nazaire de Escal'Atlantic, une très belle reconstitution d'un paquebot de la grande époque. Une réception à la mairie – où tous n'avaient pas pu rester – a conclu la journée. Éric Provost, maire-adjoint chargé du développement, de l'attractivité et du rayonnement de la Ville, a accueilli les Bretons du Monde en offrant un vin d'honneur.
— Louis-Paul Heussaff
Breton de l'Île de Sein né à Ploaré en Douarnenez, il est président de Bretons du Monde depuis un an. Il vient en Bretagne et à Paris trois fois par an pour son travail et pour voir une partie de sa famille. Il a ouvert la séance en racontant ce qui l'a incité à entreprendre une carrière internationale.
Engagé à 16 ans dans la Marine nationale, il a fait un tour du monde sur la Jeanne d'Arc. C'est ce qui l'a ouvert au monde. Il déclare que la Marine nationale a contribué à donner le goût de l'aventure et des voyages à de nombreux Bretons en les familiarisant avec les pays étrangers. Cela a été son cas.
Sur la « Jeanne », il a croisé Bernard Giraudeau, non encore connu ; ils sont devenus de très bons amis. Paul-Louis Heusaff a eu l'occasion de participer au tournage de l'un de ses films. « J'aurais dû être à ses obsèques, je regrette de ne pas avoir pu y assister ».
Avant d'en venir à sa carrière professionnelle, il raconte comment il a rencontré sa femme, une Philippine qui faisait partie d'une troupe internationale de ballets philippins. Ils n'aurait jamais dû se rencontrer, elle en Australie, lui en Chine... mais, s'étant croisés plusieurs fois, c'est en Égypte qu'ils se sont finalement déclarés. Ils sont venus habiter dans son pays à elle où il a fondé SOS Assistance : «Supply Oil Service».
— Michel Leray
Breton originaire de Messac, ou Messac-Guipry, en Ille-et-Vilaine, né en Australie d'un père diplomate. Il est Conseil en développement international et management interculturel. Il a représenté Bretagne International à Taïwan pendant trois ans. Il a « fait » 10 ans de finances et de capital risque au groupe Suez. Son job actuel est d'aider les entreprises bretonnes à leur développement international – à Taïwan – notamment sur des échanges de technologies, dont beaucoup dans la valorisation des déchets végétaux. Voir le nom des entreprises en page 4 de son PDF.
En France il avait appris le chinois. En 1987. à 30 ans environ, il était parti à Taïwan pour 5 ans, dans l'idée de créer une entreprise et « a renouvelé le bail 4 fois ».
Maintenant il fait du 50/50 entre Taïwan et la Bretagne (Redon) suite à un partenariat mis en place entre deux universités : l'École Supérieure de Logistique Industrielle (ESLI) de Redon (Ille-et-Vilaine) et une faculté de logistique à Taïwan. Il s'occupe des étudiants français qui vont à Taïwan pour un an – 6 mois d'études et 6 mois de stages en entreprises sur place – et aussi de l'accueil et du suivi des étudiants taïwanais qui viennent en Bretagne. Échange de 5 par an dans chaque sens. En plus de leurs connaissances techniques en logistique ces étudiants acquièrent l'esprit d'échanges et d'actions pour faire prospérer leurs pays.
Bilan résultats : les entreprises françaises ont un besoin évident de compétences et de facilités sur l'Asie et inversement. La connaissance des deux cultures est un atout indispensable. Mais les formalités d'embauche créent parfois des difficultés... de part et d'autre... (voir le site) de Euro-Pacific, Designing Competitive Strategies for Europe & Asia.
— Éric Pianezza-Lepage
De Plonevez-Porzay, membre du bureau de Bretons du Monde, il présente les associations bretonnes dans le sud-est asiatique, dont celles de Chine et celle du Vietnam. Le site de Bretons du Monde offre après inscription, la possibilité de contacter les Bretons du Monde entier inscrits, sans connaître leur adresse de courriel. Un avantage inestimable pour tous.
Les Bretons de Pékin, ZhongBreizh organisent un fest noz par an ; pour le dernier ils étaient 750, Bretons et Chinois. Ils font des expositions sur la Bretagne avec photos. Ils ont un site Internet. Il y a quelques pôles bretons associés. « Sur le site de Bretons du Monde nous avons 46 inscrits sur toute la Chine, dont 12 à Pékin.
Le pôle de Shanghaï, Kershanghaï est le plus important », avec 100 membres. Pierre-Yves Conan a fondé l'association des amis de la Bretagne à Shanghaï qui a plus tard été en sommeil, jusqu'à son réveil en 2008 à l'initiative de deux femmes. Ils font venir des cercles celtiques bretons, donnent des cours de langue bretonne, projettent des DVD sur la culture bretonne. Philippe a créé une crêperie...
Les Bretons du Vietnam ont pour président Michel Guillaume et pour vice-président Jakez Le Foll. Ils sont bretonnants et préconisent l'usage de la langue chaque fois que possible. Le secrétaire de l'association est un Vietnamien. Ils sont forts de 70 membres. Ils établissent de nombreux liens pour la promotion de la Bretagne, avec un fort engagement culturel et économique. Ils projettent des diaporamas sur l'histoire bretonne. La Saint Yves est depuis deux ou trois ans l'occasion de mettre en valeur des entreprises bretonnes installées au Vietnam. Ils font preuve d'un grand dynamisme et réussissent la synergie économie / culture, ce qui est le but actuel recherché par tous les Bretons du Monde.
— Louis-Paul Heussaff
Il présente les réalisations de Jacques Brannelec, son ami breton des Philippines, le premier au monde pour la production d'huîtres perlières à nacre dorée. Leur prix va de 25 dollars à 5.000 euros la perle...
À l'aide de DVD nous visitons les fermes d'huîtres perlières et le travail d'élevage et de récolte, les ateliers de fabrication des bijoux, nous assistons à un défilé de mannequins philippines plus ravissantes les unes que les autres parées de multiples perles. C'est l'émerveillement dans l'assistance.
Louis-Paul Heussaff ne nous a pas caché qu'il est très fier de son copain, un Breton de Saint-Pol-de-Léon.
Il nous raconte aussi les débuts de Jacques Brannelec dans l'élevage d'huîtres perlières. C'était à Tahiti, le royaume de la perle noire. Il réussissait si bien qu'il a été considéré comme concurrent dérangeant et a été expulsé. Puis il s'installa aux Philippines.
— Henri Lécuyer
Il est un des fondateurs d'OBE (l'ancien nom de Bretons du Monde) et c'est à ce titre que Jean Cévaër l'a remercié d'être présent.
Il n'est pas intervenu en public mais le repas a été propice à quelques échanges entre ABP et cet homme discret aux multiples actions fondatrices...
Ancien administrateur (branche paiement et contrôle) du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) qui subventionnait les infrastructures des régions déclarées en dessous du revenu communautaire par habitant, Henri Lécuyer a beaucoup voyagé et parle plusieurs langues. Il a aidé la Bretagne dès 1975 dans le cadre du FEDER. Il partage sa vie entre Rennes et Bruxelles, où il a de la famille.
Lors d'une réunion de Convention à Brest, Henri Lécuyer étant délégué de Bruxelles, ce sont des Bretons de Brest qui lui ont suggéré au début des années 70 cette idée d'union des Bretons à travers le monde...
Avec Claude Sterckx, un Belge ami de la Bretagne, de son histoire, de sa langue, il a fondé le Comité International pour la Défense de la Langue Bretonne (ICDBL), à l'origine une association de non-Bretons qui diffusent dans leur pays des informations venant de Bruxelles, organisme fondateur central. Des USA nous connaissons la revue en anglais Bro Nevez du docteur Loïs Kuter – décorée du collier de l'hermine.
Henri Lécuyer a remis au cours de la matinée un dossier de ses souvenirs à Paul-Louis Heussaff, pour servir à sa biographie, a-t-il précisé. Au cours du repas, cet homme modeste donna une feuille du double de son dossier à ABP. « Vous lirez ça plus tard ». Avec stupéfaction je découvris son appartenance au 2e Bureau Section Rhin et Danube, couvert par le nom de « Bureau de transit de Berlin des Forces françaises d'Allemagne ». Et sa participation à une opération secrète à Berlin en 1949 qui permit l'arrestation d'anciens SS vendeurs de drogue.
— Amin Mamode, habitant Couëron près de Nantes, né à Madagascar de parents originaires de l'Inde, a assisté à la réunion. Au cours du rdéjeuner, la conversation vient sur la réunification de la Bretagne et sur l'association Bretagne Réunie « Je suis pour [la réunification] » déclare-t-il à ABP, précisant qu'il ne connaissait pas l'association, mais qu'il va la contacter...
Lors du repas quelqu'un a remarqué : « Comme c'est agréable de constater que la sympathie naît spontanément entre Bretons et amis de la Bretagne, même si nous ne nous connaissions pas... », ce à quoi ABP souscrit complètement, l'ayant déjà noté en d'autres circonstances.
La réception à la mairie a donné lieu à des discours chaleureux. Jean Cévaër a remercié les présents, redéfinissant les Bretons au sens large, il ne s'agit pas de « pedigree » mais de l'idée que l'on a de son identité, du rayonnement que l'on peut y apporter ainsi que de l'ouverture à la culture de l'autre. Il rappelle que le matin nous avons vu des Vietnamiens jouer des instruments de musique bretons...
Paul-Louis Heussaff enchaîne « De Douarnenez, Saint-Nazaire nous paraissait être au bout du monde. La seule fois où je suis venu à Saint-Nazaire c'était pour le lancement du France... Je m'attendais aujourd'hui à voir un Gwenn ha Du au fronton de la mairie, mais non... ». Puis discours de Éric Provost, adjoint chargé du rayonnement de Saint-Nazaire.
Un militant de la ville remarqua à voix basse : « Saint-Nazaire rayonnerait beaucoup mieux si enfin elle s'affirmait bretonne... ». Quant au cocktail, on remarqua aussi que le cidre était de la Mayenne... « Devant le drapeau des Pays de Loire par la fenêtre, ça fait quand même un peu provoc' » continua ce militant énervé, prenant ABP à témoin. « Vous le direz, hein ? ».
(1) CREDIB : Centre de Recherche, d'Étude et de Diffusion de l'Identité Bretonne - Saint-Nazaire.
PLUS, dernière minute : Louis-Paul Heussaff sera interviewé par Yannick Urrien sur Radio Kernews de Saint-Nazaire mardi 27 juillet à 8 h 30 et 19 h. Pour l'écouter sur le net (voir le site)
Maryvonne Cadiou
La réception à l'Hôtel de ville a aussi été un signe d'ouverture. Dans une ville point trop ouverte à la culture bretonne, nous avons montré que, ouverts aux cultures du Monde, nous, nous l'étions, avec parmi nous un Indien, un Laotien, une Malgache et une Philippine.