Habitants du littoral ou des îles du Golfe du Morbihan, tout est résumé sur les photos en pièce jointe quant aux véritables desseins de la politique de spéculation immobilière dont nous sommes victimes : la privatisation du littoral, l'attitude de l'Etat, l'appui des élus locaux à un système néfaste pour notre économie.
Elles ont été prises le samedi 8 novembre à Arradon, dans un seul endroit, Kergwenn près du lieu-dit Moréac. On y voit :
- une maison de caractère, anciennement bâtie sur le littoral et le permis de démolition placardé sur une porte ;
- en arrière plan, un mur rehaussé obstruant tout chemin littoral bordant une grande propriété (la décision non concertée de ce riche propriétaire récemment installé avait fait couler de l'encre) ;
- une résidence secondaire aux volets fermés à l'arrière de la bâtisse vouée à la démolition. Son jardin descendra apparemment jusqu'à la plage, sans chemin littoral ;
- un îlot privatisé constitué d'une tour-belvédère sur les rochers, en plein milieu de la plage. Ce petit espace privé n'est pas menacé de démolition par la loi “littoral” ;
- des détails qui en disent long : un exemple des vis fixées par des chevilles apposées à la perceuse dans les rochers autour de ces propriétés. Une preuve que certains peuvent faire ce que bon leur semble sur ce bord de mer...
Une semaine plus tard, probablement des riverains respectueux du patrimoine ont lancé un ultime SOS à la peinture sur le site. La réaction de la préfecture ne s'est pas fait attendre, comme le mettent en évidence deux clichés dans la pièce jointe. Ces photographies par téléphone mobile nous ont été aimablement envoyées par des passants alors que le site était bouclé et sous haute surveillance de la gendarmerie qui effectuait des rondes aux abords du chantier de démolition.
Vous ne rêvez pas, l'Etat dégage la vue des résidents secondaires, d'ailleurs absents au moment de la démolition du bâtiment ancien, et soutient l'accaparement du domaine public au profit d'un petit nombre de privilégiés. Ôtez ces arbres et ces maisons que nous ne saurions voir... et tant qu'à faire, dégageons la Bretagne de ses autochtones !
La politique française est très claire
La politique française est très claire, il n'y a qu'à se promener sur notre littoral pour en comprendre les objectifs :
- faire monter le prix de l'immobilier en installant de nouveaux arrivants, souvent franciliens, plus aisés que les Bretons. Les Bretons n'ont d'autres choix que le chômage ou l'exode lorsque la Bretagne doit subir de plein fouet le centralisme français, l'absence de pouvoir breton donc de décisions pour l'emploi, notamment dans le choix de développement de nos marchés ;
- protéger les résidences secondaires et accélérer la construction de lotissements palliatifs en conséquence de la flambée encouragée de l'immobilier ;
- faire un social business au profit de banques et d'élus : les factures de loyer du premier bailleur social de Vannes sont à régler directement auprès d'une banque ;
- détruire définitivement un environnement auquel nous sommes attachés, qu'il soit naturel ou historique, par le bétonnage, la démolition et l'absence d'un aménagement du territoire réfléchi. Rappelons en outre qu'en matière de conservation du patrimoine historique, l'essentiel du budget français ne profite qu'à l'Île-de-France ;
- casser des solidarités culturelles, humaines et anciennes par des déplacements massifs de population ne pouvant plus habiter près de leur lieu de travail ;
- briser les repères culturels et physiques que sont les écarts entre les villes et les villages ;
- sacrifier les derniers pans d'une économie diversifiée et vivante pour le tout-tourisme, l'emploi précaire, et la spéculation immobilière.
Nous sommes donc victimes de la spoliation des terres, de casse sociale, de la destruction du tissu économique et du saccage de l'environnement planifiés par des intérêts privés et politiques. Cette politique conduit à l'aliénation du peuple breton puis à un remplacement de population.
Des solutions pour conserver le droit de vivre au pays
Nous assistons à la spoliation des terres bretonnes par de nouveaux occupants plus aisés et parfois proches du pouvoir ou des dirigeants des grandes administrations dans lesquelles on entend même parler de clientélisme. Nous pouvons parler sans complexe d'un remplacement de population programmé. Dans ce contexte, même les retraités bretons plus modestes n'ont plus leur place.
Nous ne pouvons fuir plus encore un territoire vendu au plus offrant. De même, les propriétaires bretons ne doivent plus subir la loi de spéculateurs lointains, imposant une conception de la propriété aussi coûteuse qu'étrangère à notre culture : via des syndics de copropriétaires, on voit apparaître des barrières, des murs, des bornes escamotables, et autres paravents sécuritaires privatisant en vérité des quartiers entiers et parfois des accès à des espaces publics.
Des solutions s'offrent à nous :
- la création d'un vrai établissement public foncier constitué par le recouvrement des dotations bretonnes versées jusqu'alors au profit de Paris ;
- l'adoption par l'Assemblée bretonne d'un statut de résident permanent pour limiter la multiplication des résidences secondaires : il n'est pas admissible que des gens puissent se payer un territoire à distance ;
- le regroupement de petits investisseurs désirant être résidents ou professionnels par l'achat groupé de projets immobiliers ou fonciers (terres agricoles, installation d'entreprises ou acquisition de programmes immobiliers pour de simples projets de vie).
Plus largement, l'avenir de notre territoire dépend de notre volonté de prendre en main notre destin, de valoriser nos nombreux atouts. Agir, décider, travailler et vivre au pays, regarder vers la façade atlantique d'un côté, et s'ouvrir sur l'Europe de l'autre, voilà notre seule voie à suivre.
Pour Notre Chance, l'Indépendance,
Bertrand Deléon (élections départementales 2015).
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