Défense de cracher par terre et d'insulter les Bretons
Plomelin/Ploveilh.- Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi
Nos hôtes d'un été brumeux, pluvieux ou ensoleillé (si, si, il fait beau en Bretagne… cinq ou six jours par an), se demandent peut-être pourquoi les Bretons ont l'épiderme chatouilleux. Les raisons pour lesquelles ils s'en prennent parfois aux Hexagonaux et même à certains de leurs compatriotes, à l'occasion à la terre entière. Pourquoi ils ont traités de ploucs, mécontents congénitaux. Les raisons pour lesquelles ils défendent de façon aussi acharnée leur terre, leur mer, leur culture, leurs langues, leurs sites et leurs monuments, leurs « particularismes », leur « communautarisme », leurs « valeurs », comme on dit aujourd'hui.
Les lecteurs de l'ABP ont eu une première réponse dans une précédente chronique (25/02/2012). Au XVIIe siècle et par la suite, de Mirabeau à Victor Hugo, les coups leur sont tombés sur le dos. Comme à Gravelotte, sur celui des forces françaises, en août 1870.
Et c'était loin d'être fini.
Vous en voulez la preuve ?
« Pas un mot de breton en classe ni en cour de récréation »
Lisez Gustave Flaubert (« Par les champs et par les grèves », 1847).
« L'étranger, pour les Bretons, est toujours quelque chose d'extraordinaire, de vague, de miroitant dont ils voudraient bien se rendre compte. On l'admire, on le contemple, on lui demande l'heure pour voir sa belle montre, on le dévore du regard, d'un regard curieux, envieux, haineux peut-être, car il est riche, lui, bien riche, il habite Paris. »
Quelques années plus tard (1859), Eugène Manuel, dans « La France, livre de lecture pour toutes les écoles », y va de ce commentaire sur les bouseux, à destination de ceux qui savent lire : « Je ne parle pas des villes : la civilisation y a partout pénétré et c'est là que l'unité de notre pays est bien sensible ; mais dans certains villages du Morbihan, du Finistère et des Côtes-du-Nord, quelle différence ! »
Un certain Dosimont, inspecteur d'académie, n'y va pas non plus par quatre chemins en conseillant à ses troupes (d'enseignants) en 1897 : « Un principe qui ne saurait jamais fléchir : pas un mot de breton en classe ni en cours de récréation. »
Landerneau, comme chacun sait, est une ville très bruyante. Mais elle a un autre défaut majeur, si l'on en croit Onésime Reclus, géographe et auteur de « La France et ses colonies ». Il constate que la ville est aussi qualifiée de « célébrité comique qu'on oppose à Paris, la ville universelle, comme un exemple de la stupidité provinciale. » Les gens de la la cité de la lune apprécieront.
Emile Combes, le célèbre « petit père », successeur de Waldeck-Rousseau à la présidence du Conseil, monte à la tribune de la Chambre des députés en 1903 et ne fait pas dans la nuance : « Le breton se prête moins bien que le français à exprimer des idées nouvelles, ces vilaines et détestables idées républicaines dont la langue française est l'admirable messagère. »
Tous les défauts de la planète...
Vous l'ignoriez peut-être, mais le Bretons c'est… le Nègre de la France (sic). Du moins si l'on en croit Laurent Thailhade, écrivain et… poète (re-sic). On lit dans « Le peuple noir (1903): « Il n'est pas de meilleurs chrétiens que cette crapule de Bretagne ; il n'est pas de plus réfractaire à la civilisation. Idôlatre, fesse-Mathieu, lâche, sournois, alcoolique et patriote, le cagot armoricain ne mange pas, il se repaît, il ne boit pas, il se saoule (NB. Soit dit en passant, avec son ami Verlaine il ne devait pas boire que de l'eau) ; il ne se lave pas, il se frotte de graisse ; il ne raisonne pas, il prie et, porté par la prière, il tombe au premier degré de l'abjection. C'est le Nègre de la France, cher aux noirs ensoutanés, qui dépouillent à son bénéfice de véritables miséreux. »
N'en jetez plus.
Ce sera tout. Pour aujourd'hui.
Jean-Charles Perazzi
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