Décès du poète et écrivain Alain Jégou
Communiqué de presse publié le 7/05/13 17:44 dans Nécrologie par Marie-Josée Christien pour Marie-Josée Christien
Récital d'Alain Jégou au Festival Interceltique de Lorient, 2011
La rédaction et l'équipe de la revue Spered Gouez ont l'immense tristesse d'apprendre le décès de notre ami Alain Jégou, le 6 mai, à l'âge de 64 ans. Il luttait avec un courage exemplaire contre le cancer depuis plusieurs années. Toutes nos pensées vont à la peine et à la douleur de son épouse Marie-Paule et de ses proches.
Alain, né en 1948 à Larmor-Plage dans le Morbihan, a été marin pêcheur à Lorient, tout en consacrant sa vie à la poésie et à l'écriture. Proche des poètes de la Beat Generation et des Amérindiens, il a publié une oeuvre importante consacrée par plusieurs prix.
Lauréat du Prix Xavier-Grall décerné par le festival de la Parole Poétique, il a aussi obtenu le Prix Henri-Quéffelec du festival Livre et Mer de Concarneau en 2008, le Prix de la Compagnie des Pêches au Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo pour son roman Ne laisse pas la mer t'avaler publié aux éditions des Ragosses (Apogée) et le prix Albatros de l'association Sail The World,Voiliers autour du Monde, en 2012.
Alain collaborait régulièrement à la revue Spered Gouez / l'esprit sauvage. Depuis 2005, il était responsable du dossier « Escale » où il proposait un entretien avec un poète d'ailleurs (Muepu Muamba, Slaheddine Haddad, Emile Hemmen, Charles Plymell, Padrip Choudhuri, Fritz Werf). Le prochain numéro (n°19, à paraître en octobre 2013) publiera le dossier sur la poète et plasticienne Mary Beach qu'il a réussi à préparer malgré la maladie et la souffrance.
La médiathèque de Quimperlé a réalisé en 2009 un blog, régulièrement mis à jour, sur Alain et son univers poétique : (voir le site)
Il nous reste son oeuvre, ses mots forts et vivifiants, qui se dressent contre la mort et l'oubli. L'ami nous manquera, nous manque déjà.
«Qu'est-ce qu'une vie
Sinon gagner du temps
Comme on souffle sur ses doigts
Pour les garder du froid
Quérir un peu de chaleur
Pour se préserver du pire
Et poursuivre vaille que vaille
L'ineffable combat»
Alain Jégou
Extrait de : Une meurtrière dans l'éternité suivi de Boucaille, éditions Gros Textes, 2012
PS : La Maison de la Poésie du Pays de Quimperlé, le Festival de la Parole Poétique, les éditions L'Autre Rive, les amis de la Maison de la Poésie en pays de Morlaix expriment leur tristesse et adressent leurs condoléances et leur sympathie à l'épouse d'Alain et aux siens.
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Vos commentaires :
Bruno SOURDIN
Dimanche 24 novembre 2024
Marin pêcheur lorientais et poète, Alain Jegou a embarqué pour son dernier voyage. Je viens d'apprendre la funeste nouvelle et je ressens une immense tristesse. Pour lui, la vie était un combat et il l'a mené jusqu'au bout. J'aimais sa fureur de vivre, son regard fraternel et libre et la volupté de son écriture. Il a écrit un livre magnifique, «Ikaria» (du nom de son bâteau). Certainement le plus formidable livre sur la mer qu'un poète contemporain ait écrit. Une voix sauvage et révoltée. Alain n'était pas seulement un bourlingueur de l'océan, c'était aussi un homme charmant qui avait le sens profond de l'amitié et c'était un grand poète. Il est allé rejoindre notre ami commun Claude Pélieu. Là où ils sont ils ont énormément de choses à se raconter et ça ne va pas être triste.
Ciao Alain. Un grand merci. Je t'ai beaucoup aimé.
Marilyse Leroux
Dimanche 24 novembre 2024
Je m'associe à la peine de tous et en premier à celle de sa famille. L'amitié qu'Alain Jégou, a su faire vivre autour de lui est, avec sa poésie, le plus beau gage de sa présence.
Marilyse Leroux
Dimanche 24 novembre 2024
Je m'associe à la peine de sa famille et de ses nombreux amis. L'amitié qu'Alain Jégou a su faire vivre autour de lui est, avec sa poésie, le meilleur gage de sa présence.
Marilyse Leroux
Marie-Josée Christien
Dimanche 24 novembre 2024
Précision : Les obsèques auront lieu vendredi 10 mai à 14H au centre funéraire Kerlétu à Lorient.
jean-paul Kermarrec
Dimanche 24 novembre 2024
chers amis
oui triste printemps.
quelques mots pour notre frère en poésie...
« debout sur la falaise je regarde la mer encore troublée par les jurons de mon frère poète
parti sur zone avec l'hameçon de ses mots tendres graissés comme les machines
et un filet d'angoisses pour le foutre des lames...
» la peau bouffée par le sel et la barbe du froid
je t'entends encore lever tes rêves dans les bancs du brouillard à bord de l'Ikaria
je t'entends brailler mon frère sur ton rafiot d'écume parmi le fuel et le fiel des houles débridées...
« Alain l'encre vive entre tes doigts brûlait saignait
tu faisais corps avec ce corps de mère déchirée qui raidissait sous toi
sous les crocs de la solitude et des foudres...
»
debout sur la falaise je t'épie encore mon frère de rage et de tendresse
tandis que tangue dans ma tête un bateau ivre de papier...
«j'avais peur pour toi que cette montagne d'eau t'avale
ronde et mystérieuse comme la courbe épanouie du ventre de la femme...
j'avais peur que le poète se taise
que la parole se brise dans les bourrasques du malheur et les sombres remous du large...
»aujourd'hui c'est ce putain de crabe de merde qui vient pourrir tes casiers
et trouer ta carcasse d'ange
un trou énorme dans la langue indocile de tes écrits...
«mais tu seras toujours là mon frère
irradiant plus que jamais en poésie
dans la danse du monde et le jusant de la vie...» Toute notre sympathie à son épouse et à ses proches
de la part des amis de la Maison de la Poésie du Pays de Morlaix.
Jean-Paul Kermarrec
Fritz et Rosa Werf
Dimanche 24 novembre 2024
J'éprouve une tristesse désespérée comme si j'avais perdu un frère; je l'ai tellement aimé, son âme fraternelle et sa poésie unique. Je regrette de tout coeur que mon état de santé ne me permet de me déplacer pour assister à ses obsèques, mais mes pensées seront parmi les siens et ses amis.
Fritz WERF, poète et éditeur (Allemagne)
patrice perron
Dimanche 24 novembre 2024
Alain Jégou est un poète de vive parole, ouvert sur le monde et les autres cultures.
Il a su donner une identité à son écriture, forte de son expérience de la mer.
Sa poésie possède cete force intérieure liée à la rigueur de sa vie professionnelle.
L'homme charnel s'en va mais pas ses écrits.
Patrice PERRON
Bruno Geneste
Dimanche 24 novembre 2024
Les poètes meurent, mais le poème demeure, l'oeuvre d'Alain continuera de nous habiter longtemps, au delà du silence, de toute éternité.
Bruno Geneste
Louis Bertholom
Dimanche 24 novembre 2024
Alain était mon grand frère en poésie. Comme lui je partageais une passion pour la beat generation et le peumple amérindien. Une pensée profonde pour son épouse Marie-Paule et ses proches. Alain était avant tout un homme d'une grande sincérité, humble et généreux. Il ne donnait pas dans la demie mesure, son verbe ardent restera une des voix de Bretagne les plus authentiques, les plus fortes. Il a su s'ouvrir au monde. Si tu vois Ti-Jean, Claude et mary, je ne doute pas que vous allez en vider quelques unes et brailler comme «des chiens fous dans les prairies bleues». Bye mon vieux pote.
Louis Bertholom
sylvie Le Moël
Dimanche 24 novembre 2024
Je m'associe à votre terrible douleur et vous présente mes sincères condoléances. Je compatis d'autant plus que je suis aussi en deuil de mon amie d'enfance Nathalie, partie le 3 mai. Courage! Toutes mes pensées vous accompagnent
Lucien Wasselin
Dimanche 24 novembre 2024
On finit par croire que les poètes sont immortels... Mais la réalité finit toujours par nous rattraper.
J’ai lu quelques livres d’Alain Jégou, je me souviens en particulier de « Totems d’ailleurs »....
Et ce poème (que j’extrais de Totems d’ailleurs) :
nostalgie bleue
l’inaccessible de soi
qui craque après la grève
la mouille encore
fictive de jusant
charrie ton corps-galet
m’a toujours semblé à son image.... Un galet dans la paume de Guillevic...
Isabelle Moign
Dimanche 24 novembre 2024
Alain au delà de son oeuvre était un homme généreux. Il reste pour moi un bel âme en cohérence avec tout ce qu'il a écrit. et çà c'est important
KENAVO ALAIN
Eve Lerner
Dimanche 24 novembre 2024
Alain Jégou, i.m.
Alain Jégou, poète de ventre
verbe haut, verbe dru
verve véloce et gloutonne
monte l’écriture à cru
et se livre sans retenue
le plus souvent au pluriel
à la complaisance du vif
Echappé du flux-fouillis, traversé
par l’hubris d’un volcan d’abîme
sacrifie volontiers à la triade
femme-cigarette-vodka
une manière de repos du marin
dont la démesure est d’abord
venue de la mer
La houle agite ses lignes, les creuse
les propulse en des envols incontrôlés
où la tempête, sa violence
la corruption des eaux
cèdent parfois le pas
aux riffs de jazz et de saxo
Miles, Chet Baker ou Frank Zappa
Bousculeur de syntaxe
il nous verbe dans l’indécence des mots
écrit ce qui mortelle l’errance
et frêle de l’étrave
lorsque les yeux lui crisent à l’improviste
ou que les femmes le rimellent
sous les projos new look
Comme une voile qu’éclope un ciel de mire
il cingle vers les corps
un discours d’onde sur les lèvres
comme ceux-là qui jouissamment
font reculer la mort
Eve Lerner, extrait de Voix d’ici, Journal de Bretagne
Pierre Maubé
Dimanche 24 novembre 2024
Eau amère, jusant. Alain avait le verbe dru, le visage raviné, le regard direct. Il n'est plus. Restent ses mots, le ressac des mots, l'écume entêtante des mots, comme les cris d'oiseaux de mer, le soir.
Roland Nadaus
Dimanche 24 novembre 2024
J'ai le mal de mer, le mal de frère.
Jacqueline Saint-Jean
Dimanche 24 novembre 2024
Je partage la tristesse de tous ceux qui l'ont connu,aimé... Gardons de lui le plus vivant, le plus ardent, sa voix, ses mots, son chemin d'écriture, relisons ses livres, portons ses poèmes ... Jacqueline Saint-Jean
Colette Wittorski
Dimanche 24 novembre 2024
Sincèrement désolée du décès de votre ami, le poète Alain Jégou, je vais lire et relire son oeuvre. Pour moi la meilleure façon de m'associer à vous, de rendre hommage à ce poète et de l'aider à survivre.
Colette
Ariane Mathieu
Dimanche 24 novembre 2024
Pécheur des mots justes, Alain restera le Poète des flots. Je garde un souvenir très gai et chaleureux d'un week-end passé dans la maison de Ploemeur avec mon compagnon Paul Quéré (qui s'en est allé aussi, en 1994) et nos filles. J'embrasse affectueusement sa femme, et partage la peine de tous ses amis. Ariane
joel CRABUS
Dimanche 24 novembre 2024
Ce putain de «crabe» emporte nos plus beaux talents!
Le «Carcinus Maevas»,le crabe enragé,celui qui m'a fait vivre,n'est rien à coté de ce «cancer»,pieuvre tentaculaire des abysses insondables qui vous entraine inexorablement au fond du trou...
CRABUS LO 727353
Toutes ma compassion à Marie Paule et à toute sa famille.
joel CRABUS
Dimanche 24 novembre 2024
L'IMMARCESSIBLE
En ce froid 6mai
Tu es parti,capitaine au long cours,
Et moi ,seul, je reste à quai
Avec mon émotion d'aucun secours
Quinze ans,souvent à couple,bord à bord,toujours au turbin,
On se serrait pas la louche
Mais par un beau matin
Tu m'as remis en douce
Un de tes foutus bouquins
Dans mon coeur ça a fait mouche ...
Sydney Simonneau
Dimanche 24 novembre 2024
Alain, je te découvre alors que tu viens de t'en aller .......
Ta poésie me touche, dès les premiers mots ....
Elle est vivante .
Elle aussi fera toujours battre le c½ur de la Bretagne
Christine Delcourt
Dimanche 24 novembre 2024
Pour Alain Jégou
Elle battait à tes tempes, la mer, et son c½ur cognait à tes reins. Tes mots âpres creusaient à tes lèvres gercées des abysses de sel et le varech s'épandait, gluant, en ton ventre d'écume.
La mousse des bières n'aura plus le goût amer des tempêtes et les filles du port voilent d'embruns leurs seins de sirène.
Bon vent à toi, marin ! L'Ikaria peut désormais sombrer corps et biens : c'est lié l'un à l'autre que vous coulerez vos nuits d'aventures et vos rêves païens.
Marie-Josée Christien
Dimanche 24 novembre 2024
Bruno Sourdin vient de créer le blog
«Syncopes» où il publie son entretien avec Alain Jégou :
Voir le site A lire absolument.
Ginger Killian Eades
Dimanche 24 novembre 2024
My deepest sympathies to Alain's family. One of the last emails I received from him revealed to me just how selfless he was- he was always thinking of others. I sent a letter to cheer him up- his final reply below.
«Chère Ginger,
Ta longue lettre m'a fait énormément plaisir. Ne te fais pas de soucis pour moi, je vais bien à présent. Mes douleurs se sont estompées depuis que j'ai fait la radiothérapie. C'est très réconfortant mentalement et confortable physiquement. Le médecin m'a posé la chambre à cathéter la semaine dernière. Il a dû fouiller longuement dans mes chairs avant de trouver une veine. C'était douloureux bien qu'il ait fait une anesthésie locale. Il devait refaire des piqûres régulièrement. Ca devait durer seulement une demi heure, mais ça a réellement duré une heure et demi. Pas très agréable, tout ça, mais bon, c'est du passé. Je dois commencer la chimiothérapie après demain. Pas très agréable non plus...
J'espère que tu vas bien et ne souffre pas trop, toi aussi. Dis-moi.
Ca me fait plaisir que tu aies aimé le poème sur les murs de l'infâmie et de la honte. C'est un texte que je lis toujours lorsque je fais une intervention en public. Les murs finissent toujours par tomber, fort heureusement, mais ils mettent souvent beaucoup de temps pour tomber et causent beaucoup de morts et de désespoir.
D' autre murs sont en train de tomber actuellement, ceux des dictatures et de la tyrannie dans les pays arabes. C'est un évènement hors du commun ! Jamais on aurait pu imaginer celà il y a seulement quelques mois. C'est magnifique ! J'espère que ces peuples vont parvenir à instaurer une vraie démocratie dans leurs pays, pour ne plus vivre dans la peur, la misère et la douleur.
Merci pour les très belles photos et les collages.
Je t'embrasse bien amicalement.
Alain.»
I am grateful to have been a friend of Alain's. I know he will be missed by many people.