C'est avec une grande tristesse que j'apprends par la revue numérique Texture que le poète critique Lucien Wasselin est décédé le 3 février à Plérin où il vivait depuis quelques années. Né en 1945 dans le Nord où il a vécu la quasi totalité de sa vie, il s'était installé dans les Côtes d'Armor pour se rapprocher de sa fille après avoir été atteint d'une forme sévère de la maladie de Parkinson.
Lucien Wasselin était poète, essayiste et critique, traduit en allemand par Rüdiger Fischer. Il a participé à quelques numéros de la revue Spered Gouez / l'esprit sauvage, en particulier par un billet d'humeur du n° 22. Grand lecteur, il portait - qualité rare - une généreuse attention aux écrits des autres et leur consacrait des articles dans les nombreuses revues auxquelles il collaborait. Ces périodiques étaient variés et ne se limitaient pas aux habituelles revues de poésie. Militant de la poésie, il ne cultivait pas l'entre-soi. Il collaborait ainsi à la «Tribune de la région minière» où, suivant régulièrement mon actualité éditoriale, il avait publié des articles sur certains de mes livres. Citons aussi les revues Texture, Décharge, Recours au poème. Spécialiste de Louis Aragon, il lui avait consacré de nombreux articles et des études. Il était membre du comité de rédaction de la revue de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet. Il s'intéressait aussi à la chanson et aux musiques nouvelles, ainsi qu'aux arts. Il consacra des articles à J.G Gwezenneg et collabora avec Kijno.
Parmi ses livres, je retiens particulièrement ceux auxquels j'ai consacré des articles :
Balises, avec la reproduction de 12 peintures de Kijno, Éditions du Littéraire, 2014.
Poésie-Réalité, Rhubarbe, 2012.
Stèles lichens, Editinter, 2012.
Obscurément le cri, (bilingue français-allemand), Verlag Im Wald, 2011.
Mes pensées vont à son épouse, à sa fille, à sa famille et à ses proches et amis.
Un poème repris sur Recours au poème
saint donatien
24 mai 1871 Semaine sanglante
les morts sont coupables
on ne sait jamais qui se cache dans un cercueil
passage Tivoli à Paris
l’armée versaillaise arrose de balles
un corbillard qui mène au cimetière
un habitant du quartier mort dans son lit
les chevaux s’enfuient tirant au diable
le convoi funèbre les fers résonnent
rue d’Amsterdam un croque-mort tombe
il passera de vie à trépas dans la nuit
l’ankou et le kapital ricanent
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