EPR, un concepteur de la 3e génération déclare : « J'ai sans doute commis des erreurs monumentales »
- Depuis le déclenchement des grèves à répétition dans l'entreprise d'Etat EDF, les doutes et les inquiétudes remontent enfin à la surface et au grand jour. Les journalistes indépendants de Médiapart ont menés une enquête approfondie sur l'entreprise de production d'électricité d'origine nucléaire.
Au gré des articles publiés depuis quelques jours, chacun d'entre eux remet un peu plus en lumière les innombrables contradictions et incohérences que l'entreprise a mit en place depuis la privatisation du marché de l'électricité et de la financiarisation de ce secteur énergétique hautement stratégique s'il en est.
- Les salariés employés de ce groupe industriel, confrontés dans leur quotidien à s'entendre et de travailler avec des personnels extérieurs, la plus part du temps peu formés et dont les missions d'intérimaires sont éparpillées sur tout le territoire au gré des besoins de l'EDF !
Ce management d'entreprise cotée en bourse, et a défaut de produire des profits mirobolants, aura tout de même réussit à faire exploser en plein vol le consensus qui existait entre la CGT Energie et la direction de l'EDF. Un divorce radical et idéologique qui a amené l'entreprise à prendre dernièrement des dispositions disciplinaires à l'encontre des grévistes de la base et plus tout à fait d'accord avec leur hiérarchie syndicale. (Voir aussi notre article sur ABP; Arrets maladie à l'EDF ...)
- Ce malaise grandissant atteint un tel point, que les langues commencent sérieusement à se délier et venant cette fois ci de la part de cadres responsables de l'EDF qui commencent à douter de la stratégie du groupe concernant le développement du nucléaire français et de l'EPR en particulier.
L'aveuglement des dirigeants de l'EDF et du gouvernement (entre autres des socialistes et communistes pro-nucléaires) qui considèrent encore aujourd'hui cette industrie comme étant la chance providentielle pour la France, la culture du secret aidant et imposée depuis plus de trois générations dans cet « Etat dans l'Etat », fait dire en secret à certains de ces cadres concepteurs de l'EPR, quelques vérités cruelles a entendre pour les promoteurs du tout nucléaire à la française.
Des propos sidérant qui laisse présager un cataclysme économique à venir sans pour cela oublier les risques d'accidents majeurs liés à ces stratégies suicidaires en management.
Des paroles que nous nous sommes permis de reproduire pour vous les faire partager.
- Extrait de Médiapart :
[…//…certains responsables commencent à douter. « Nous avons construit ce réacteur sur des critères de compromis, en additionnant les contraintes et les réglementations françaises et allemandes. Il est vieux, gros et ultrasophistiqué » confie un cadre, qui s'interroge sur son fonctionnement futur. « Cette affaire est une tragédie. J'ai moi-même pris des décisions sur le développement de l'EPR et j'ai sans doute commis des erreurs monumentales » a confié récemment un dirigeant directement lié au dossier à un autre responsable.
Mais personne n'ose rompre ce secret, si lourd de conséquences, en dehors du groupe. …//…]
- Un autre extrait :
[ …//… « Personne n'en est conscient. Mais le nucléaire nous fait courir un péril mortel. EDF risque l'effondrement, en se plaçant sous le double impératif de défi technologique et de la conquête internationale. Il faut repenser la politique nucléaire, et élargir le débat. En tout cas, il y a une chose de sûre : il faudra choisir entre l' EPR et la Bourse. Les deux sont inconciliables» assure un haut cadre du groupe. …//…]
En dehors des problèmes spécifiques et internes à l'entreprise, les consommateurs eux ne seront pas non plus oubliés dans cette « tragédie ». En effet l'argument majeur et qui avait dominé la propagande du tout nucléaire dans les années 70 à 80 et pour le faire admettre de force et sans débat aux contribuables consommateurs, va d'ici peu de temps volé lui aussi en éclat.
Car de cette électricité promise et peu chère à l'origine il n'en restera rien d'ici peu de temps, en effet ce rêve utopiste du nucléaire pas chère, est en total opposition des perspectives et des tarifs à venir qui sont annoncés par les journaux tel que Les Echos et confirmé ici aussi dans l'article de Médiapart.
- Extrait :
[ …// … Au début des années 2000, lorsque EDF voulait promouvoir le lancement du réacteur de troisième génération, le groupe public chiffrait le seuil de rentabilité à 29 euros le MW/h. De révision en révision, le calcul est passé à 35 euros, puis 40, aujourd'hui il est à 46 euros le MW/h. Mais certains pensent que l'addition pourrait encore monter. …//…]
« Les Echos » a quant à lui estimé ce seuil de rentabilité à 52 euros Le MW/h en 2012. Soit une inflation du seuil de rentabilité de près de + 80 % en moins de dix ans !
- EDF, c'est aujourd'hui un parc nucléaire vieillissant et de plus en plus dangereux au vue des multiples et graves déconvenues de cet industriel atomique, c'est plus de 30 milliards de dette et d'une dégringolade en valeur boursière entamée bien avant le crash boursier de septembre 2008, c'est aussi un manque cruel de financement pour les futurs démantèlements ….
- Euro tunnel et Airbus confondus n'arriveront certainement pas à rivaliser en scandale et en gabegie de finances ce cataclysme environnemental, financier et moral qui nous a été concocté par les pro-nucléaires de tous bords confondus.
Seront-ils un jour à l'amende ?
Patrig K. pour Klapez
PS : pas de vidéo cette fois, interdit de filmer nous ont-ils dit ! (gag)
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