De la guerre à la paix : l'héritage de la lutte armée de l'IRA

Communiqué de presse publié le 10/10/15 16:14 dans International par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Agnès Maillot, spécialiste des questions sur le conflit anglo-irlandais, de l'université de Dublin, était l'invitée du groupe Ermine au CRBC de Rennes

Trente années de guerre qui ont entraîné la mort de 3337 personnes dont un tiers de civils : comment les résumer ?

L'histoire de l'IRA peut se diviser en trois parties : l'offensive avec de très jeunes recrues exaltées, très nombreuses (1970/1976), puis la longue guerre, une guerre d'usure, avec la présence de 22 000 soldats anglais pour 1 500 000 habitants en Irlande du Nord qui entraîne de nombreux événements de toutes sortes.

En 1977, le chef de l'IRA est arrêté avec le «green book», qui donne les grandes lignes de la lutte de l'armée clandestine.

L'IRA se restructure, hiérarchisée et en nombre limité de membres. Elle cible certaines opérations, moins nombreuses. Mais les services secrets infiltrés menacent l'existence de l'IRA.

La troisième phase est celle de la politisation, la mort de Bobby Sands et des dix grévistes de la faim entraînant alors un mouvement de masse dans la population irlandaise.

C'est alors la stratégie paradoxale du fusil (IRA) et du bulletin de vote (Sinn Féin). Thatcher tient même tête aux unionistes.

Le Sinn Féin est alors très à la mode avec une stratégie très efficace en terme de communication, et se présente comme le défenseur de la paix en Irlande.

À partir de 1997, le désarmement est progressif car les membres du Sinn Féin désirent rejoindre le gouvernement. En 2005, le braquage d'une banque (35 millions d'euros, le plus gros braquage jamais effectué) est sans doute le fait de l'IRA, et aurait eu pour but de payer les retraites des membres d' l'IRA.

La libération de 447 prisonniers en 2000 lors du processus de paix a eu des effets paradoxaux : pas de jugement, pas d'éthique, des prisonniers en cavale qui sont de fait amnistiés...

Les anciens prisonniers se recyclent dans le «tourisme noir» qui montre les lieux génocidaires et les sites (prisons, lieux des attentats).

Le bloc H de Dublin va peut-être devenir un lieu de mémoire nationale. Mais de nombreuses affaires ne facilitent pas le processus de paix et le retour au calme : les disparus retrouvés enterrés près de plages, Gerry Adams peint sur les murs en négociateur pour la paix en Irlande tout en étant impliqué dans une affaire d'inceste familial... La mère de famille tuée par l'IRA parce qu'elle secourait un soldat brittanique blessé, ou le père tabassé à mort... Les bavures se poursuivent.

Mais le Sinn Féin, continue sa route et sa stratégie de communication, adoptant des positions d'alternative à l'austérité, avec Gerry Adams posant pour le mariage homosexuel dans le dernier référendum avec un travesti très populaire.

L'apaisement risque d'être long, et les commissions se succèdent sans l'efficacité qu'ont pu avoir dans d'autres pays les commissions de «réconciliation».


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