Les Bretons ont-ils de l'humour ? La question était posée dans une précédente chronique (12/11/11). Réponse affirmative, bien sûr. Sinon n'existeraient pas sur leur territoire, à l'est comme à l'ouest, tant d'humoristes de la parole et de l'écrit ; un public nombreux, avide de les entendre et de les lire.
Ils ont aussi souvent, les Bretons, un goût prononcé pour l'auto-dérision, l'une des formes les plus élevées de l'humour. Mais pas tous, semble-t-il.
La récente proposition (chronique du 8/07) d'utiliser, auprès de nos hôtes de l'été, les bretonnismes comme moyen de faire connaître les particularités, voire les bizarreries de notre langue à défendre et à promouvoir, comme toutes celles menacées de la planète, me vaut deux ou trois coups de bazhad. Justifiés ? C'est à voir…
Il va de soi qu'aucun défenseur de la langue des ancêtres n'osera présenter ces particularités comme une possibilité, parmi d'autres, de la sauver si elle est menacée de disparition. C'est justement le cas. Sur ce point, au moins, tout le monde est d'accord.
Par contre elles peuvent offrir, ces particularités, un atout non négligeable. Deux ou trois même.
1) En attirant l'attention, un certain intérêt et même une certaine sympathie pour une langue en faveur de laquelle une partie (trop modeste) de ceux qui la pratiquent encore, tentent, becs et ongles, dos au mur, de la sauver. Avec des résultats quand même loin d'être négligeables.
2) En provoquant chez nous des débats, des jeux intergénérationnels incitant les anciens à s'intéresser aux jeunes, de plus en plus nombreux, découvrant ou apprenant la langue. Parfois même en incitant ces mêmes anciens à faire l'effort de la réapprendre.
3) En éliminant les derniers complexes chez ceux que l'on a tenté d'empêcher de s'exprimer comme on le fait depuis très longtemps sur leur terre, en utilisant, en plus de cette langue, des mots, des tournures de phrases paraissant bizarres à certains. Et pour qui, cependant, les parisianismes ou les anglicismes seraient la norme !
Il existera toujours chez nous quelques pismiger, des glabousser pour dire que la partie est perdue. Pour tomber dans l'un de nos travers celtes: la critique systématique, la contestation, mais aussi le débat qui, lui, a son intérêt.
Il y aura aussi les défenseurs du repli sur soi, d'un « splendide isolement », considéré comme la condition essentielle de survie de notre culture et de notre langue. Et même… ceux qui continueront de penser qu'elles sont supérieures à toutes les autres. Comme si tous les peuples de la terre n'avaient pas à échanger leurs connaissances, leurs valeurs. Pour un enrichissement mutuel. Et sans perdre pour autant leur identité.
Apprendre en s'amusant, s'amuser en apprenant. Biskoazh kemend-all, du plaisir on a à le faire. Et du jabadao il y aura si l'on veut nous l'interdire !
Jean-Charles Perazzi
■Note sur «kompézer» : ce mot est utilisé par mon garagiste parce qu'il n'a pas d'équivalent en français = «rendre plat», «redonner l'aspect initial» à une carosserie. Ici le mot a été inventé à partir du breton kopezañ / applanir et est devenu un terme technique précis.
Où placeriez-vous cette réflexion entendue, au détour d'un stade de foot, lors d'une fin de partie de futebol .
Dans les francismes, les grècismes, les anglicismes... ou encore dans le breton ou bien le français?
Ofis ar brezhoneg a passé contrat avec la municipalité voilà quelques années ? La langue bretonne a eu, durant un temps, sa « très petite place » dans le bulletin municipal, la nouvelle équipe…de droite, l’a effacée du dit bulletin ! En dehors de mézigue sur ABP, je n’ai lu ni entendu de voix à Douarnenez, s’élever contre …cette rupture de contrat.
EH ! HO !!! Au Château Drian… Y a-t-il quelqu’un pour le faire respecter ?
Si je fais erreur reprenez-moi ! Il ne me semble pas que Diwan, ait une école dans cette ville où il y a encore 15000 « âmes », ou bien qu’il est seulement le projet d’en avoir…
Dans les écoles laïques, d’une certaine forme de république, l’on a prétendu donner des cours de breton à mes petits enfants ! Auprès d’eux je n’ai rien trouvé ! Pas plus de continuité, d’une année à l’autre. Là aussi je n’ai rien lu ! Rien entendu !
Le Breizho-galleg des Penn-Sardinn « a reflet fisionomi ar match, mat tre, mat re !... »
Evidon, evel just!
Stade quasi-terminal ? Oui ! cela convient.
Tant que j'y suis, voici quelques notes supplémentaires sur français de Basse Bretagne, relevé cette année dans l'établissement scolaire où je travaille :
- «Avoir du goût» à faire cours dans telle ou telle classe ;
- «celle-là c'est une pikez» plusieurs bretonnismes, trois : hounnezh ; le gallisicime «c'est» surempoyé en basse-bretagne ; pikez : = cette fille-là est intelligente et à surveiller, elle peut faire des coups par derrière, elle peut jouer des tours ;
- c'est un louzou = c'est une mauvaise herbe, à surveiller de près
- l'incontournable «j'ai envoyé mon livre avec moi» et autres variantes conjuguées = j'ai amené mon livre
- noté au pardon de Tro-Aon de L'Hopital camfrout (écriteau) : «C'est ici qu'il faut acheter les tickets» traduction littérale de «Amañ e ranker prenañ an tikiji»' pour «Les tickets sont en vente ici»
- «Faites attention avec vos mots de passe» «Taolit evezh gant ho kerioù-tremen» pour «faites attention à vos mots de passe»
-«il était près à le tuer» = Tost e oa d'e lazhañ= il était sur le point de le tuer"