De l'unité et du centralisme français

Communiqué de presse publié le 21/06/15 18:45 dans Politique par comité de rédaction pour comité de rédaction

Omniprésents il y a quelques mois, les appels à « l'unité » française et à la solidarité nationale s'effilochent. Face à la barbarie, les gens se sont levés pour « faire corps », affirmer une terre de tolérance et de partage, en appeler à l'égalité et la fraternité républicaine. Les Bretons se sont mobilisés de façon exceptionnelle et bien plus que dans d'autres régions. Les gens aspirent effectivement à une République tolérante, unie, solidaire et à un projet les rassemblant. Or, 63 % des Français les plus riches vivent à Paris et ont vu leurs revenus augmenter de 40 % en 5 ans. Sur la seule année 2014, l'argent distribué aux actionnaires des entreprises du « CAC 40 » a augmenté de 30 % pour un total de … 56 milliards d'Euros ! Alors que l'essentiel de la population a connu une année difficile (baisse du pouvoir d'achat, essor du chômage, etc.), quasiment personne n'a commenté ce chiffre invraisemblable avec la présence d'entreprises qui ont toutes leur siège social à Paris. Parallèlement, « la grande affaire du quinquennat » (la régionalisation) devient une farce avec d'un côté des régions niées (la Bretagne, l'Alsace) et de l'autre des ensembles artificiels dessinés sur un coin de table. « Que tout change pour que rien ne change ». Le bazar institutionnel se perpétue et la République « indivisible » semble rétive à toute forme de modernisation. Les inégalités et fractures territoriales ne cessent de croître. Le projet de métro du « Grand Paris » est estimé à 29 milliards d'Euros et dès cette année 2 milliards ont été attribués à Alstom pour la seule construction des rames. A titre de comparaison, le budget annuel de la Bretagne administrée est de 1,5 milliard ! Présenté comme utile « pour les populations défavorisées », le tracé du projet unit en fait La Défense, le Bourget, Roissy, Orly… Cette vision centralisatrice est reconduite à l'échelle des régions avec une prime inédite aux grandes métropoles qui vont fortement augmenter leur pouvoir financier. A l'inverse, la « France périphérique » évoquée par C. Guilluy, les zones rurales, certaines banlieues… apparaissent largement oubliées et génèrent un vote contestataire pour le moins inquiétant.

Comment construire l'unité alors que l'on ne cesse dans les territoires de produire des fractures ? Le discours sur l'unité est indispensable. Encore faut-il qu'il se concrétise dans les actes par des décisions répartissant mieux les richesses, limitant les inégalités territoriales et sociales. Or, la stratégie de Paris reste de diviser pour mieux régner. L'Etat saupoudre les budgets et orchestre la rivalité des territoires. A l'instar de ce qui se fait en Suisse où chaque territoire est pris en compte, l'enjeu est aujourd'hui pourtant de libérer les projets en créant de vraies forces régionales, d'établir ensuite l'indispensable pouvoir régalien pour limiter les écarts. On en est si loin. Le vrai problème de la France en 2015 reste un et indivisible : il résulte des excès du centralisme parisien. De fait, le vrai débat sur l'égalité territoriale n'est jamais mis sur la table. La vraie fracture entre « girondins » et « jacobins » n'est jamais exprimée. Déboussolés et éc½urés, les citoyens s'en remettent alors aux extrêmes, voire penchent pour une idéologie ultranationaliste. Coupable de ne pas mettre l'avenir de la France sur la table, Paris -pour conserver son pouvoir- joue avec le feu. Les « Républicains » indivisibles risquent d'être débordés par les forces de territoires et populations à l'abandon qui, n'y comprenant plus rien, s'orientent vers des partis encore plus nationalistes puisque aucune alternative n'est proposée. L'oubli d'une France girondine avançant de manière collective pour valoriser les diversités régionales et locales est un drame. Mais, pour maintenir leur pouvoir, les élites en place semblent prêtes à jouer la carte éventuelle du chaos.

Le Comité de Rédaction de construirelabretagne.org

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Vos commentaires :
Lucien Le Mahre
Mardi 26 novembre 2024
Très intéressant, quoique, soit dit amicalement, la présentation de cet article dense eût gagné à être plus aérée !

Vous avez raison d'insister, à l'aide de faits et de chiffres précis, sur le fait que le centralisme, s'il bénéficie à certaines catégories concentrées au sommet de la pyramide, marginalise parallèlement les régions périphériques, portant atteinte à la fameuse «égalité républicaine» dont les discours sont d'autant plus remplis qu'elle continue à déserter le terrain.

Le clivage jacobinisme/fédéralisme est en effet d'une importance capitale pour le niveau de vie et les emplois, alors qu'il n'apparait pas tel à la plupart des gens.

Il est vrai que l'hypocrisie républicaine a fait son oeuvre, en dissimulant son jacobinisme foncier sous l'empilement des structures décentralisées en trompe-l'oeil car dépourvues de pouvoir réel. C'est le fameux millefeuille français qui, lui aussi, n'est nourricier que pour certains alors qu'il est un fardeau pour les autres.

C'est sans nul doute sur ces réalités économiques pénalisantes pour nous, car découlant d'une organisation politique aberrante, que l'on peut espérer orienter l'intérêt des Bretons vers la prise en main de leur destin incluant l'établissement d'une équité territoriale.

Le volet culturel avec la défense des langues (éléments de notre identité à préserver absolument bien entendu), n'ameutera pas les foules, on le sait d'expérience, alors que la défense du bifteck est d'un intérêt universel. Etayée par des arguments et des perspectives réalistes, elle éveillera forcément l'intérêt d'un public divers pas forcément sensible aux arguments patrimoniaux ou historiques.

C'est donc par là qu'il faut appâter le poisson.

A supposer que nous ayons une formation politique suffisamment représentative de nos intérêts collectifs pour qui voter.


Yann le Bleiz
Mardi 26 novembre 2024
La protection de l'oligarchie et de ses revenues en concentrant le pouvoir à Paris! Ben OUI!

Hollande disait que son «ennemi était la finance»....
Ce slogan a été repris très naïvement par les Bretons et les Français!

Naïvement car s'il existe un Duc de Nottingham qui prend l'argent aux pauvres pour le donner aux riches, c'est bien l'Etat français avec son centralisme!

Et Hollande n'est pas Robin des Bois, lui qui a tant d'amis spécialistes des îles Caïmans ou des comptes bancaires à Singapour! Hollande est au contraire le gardien zélé du système tout comme Walls ou Sarkozy qui veut remettre le couvert!

Lucien le Mahé à raison, la défense du bifteck est un intérêt universel...!

Les Ecossais, Gallois et Catalans ont depuis longtemps intégré le «give me my money back!»

Nos amis ont la notion de ce que l'Etat central doit reverser comme budget au gouvernement local pour lui permettre de fonctionner normalement selon les souhaits démocratiques des habitants!

Les Bretons eux en sont encore à penser que c'est Paris et son oligarchie qui nous nourri de leur générosité!

Voir Macron, le Ministre de l'Economie, qui est venu en Bretagne avec dans la main un pitoyable 700 000 Euro pour nous dire ce que l'Etat avait décidé...

Ces 700 000¤ sont une faible part de l'argent pris aux Bretons que l'on nous redistribue chichement!

Nous sommes en retard dans la manière de penser!

Nous sommes en retard, car nous n'avons pas les chiffres en tête, et ce ne sont pas les élus actuels encarté PS et UMP qui nous les fourniront!


M.Prigent
Mardi 26 novembre 2024
«Les Bretons eux en sont encore à penser que c'est Paris et son oligarchie qui nous nourri de leur générosité!»
Comme elle est vraie cette assertion de Yann !
Et comme elle est inscrite comme un postulat dans le subconscient des bretons qui, gràce à la vigilance de «notre» éducation nationale, ne connaissent rien de leur propre histoire.
Qu'importe que même seule, la B4 soit une des premières région agricole et maritime d'Europe.
Qu'importe que son commerce extérieur soit toujours largement positif, la Bretagne dans l'esprit de nos compatriotes bretons fût un pays pauvre et arrièré que l'Etat providence dans sa mission civilisatrice sauva du sous développement.
Il faut dire que la stratégie de nos maîtres parisiens au fil des siècles fut très efficace.
Après l'annexion du pays en 1532, la ruine de son commerce textile et maritime sous Louis XIV, la suppression de ses derniers droits politiques en 1789, ses nombreux «morts pour la France», la pauvre Bretagne exsangue et surpeuplée a vu comme un cadeau du ciel les postes de fonctionnaires au statut avantageux proposés par la République pour ceux qui voulaient bien la servir, et les bretons plutôt bons élèves s'y sont précipités.
La fonction publique est l'arme imparable de la République pour s'aliéner les forces vives des provinces, comment en vouloir à un système, fût-il colonialiste qui offre de telles perspectives de carrière individuelle.
Que pèse l'intérèt collectif et le développement autonome de la Bretagne devant les égoïsmes particuliers.
J'ai toujours en mémoire les réactions spontanées de (bons) collègues prof à la lecture de nombreux articles que je publiais à Nantes Forum d'OF et que certains affichaient en salle des profs.
Un prof d'histoire-Géo: «La Bretagne ne peut pas être indépendante»...Pas le temps de réagir, genre «Et pourquoi alors le Danemark, les Pays Baltes, la Slovénie...», il était déjà loin.
Un collègue, prof de génie civil: «La France a sorti la Bretagne de la misère.»...???? Point final...Heu...Trop tard, il parlait déjà d'autre chose.
Le Chef des Travaux, que j'ai vu tordu de rire parce qu'il s'était mis dans la tête que je parlais breton...En fait, je le connais très peu.
Bref, tous ces «bons collègues» élevés au sein de Marianne ne connaissaient rien à l'Histoire de Bretagne et ...ne manifestaient pas l'intention de la connaître.
Pourtant, l'UDB, plutôt malmenée par l'Emsav en ce moment n'a pas ménagé ses efforts depuis 50 ans pour informer le citoyen sur la réalité bretonne.
Je me souviens de ses affiches très explicites, au design angoissant style guerre 39-45.
Sur l'une, on voyait une jeune fille en partance pour travailler à Paris sur le quai d'une gare.
Sur une autre, figurait l'hydre tentaculaire parisien enserrant le reste de la France.
D'autre parlait de Bretagne Colonie, de Bécassine, d'une Bretagne entretenant la danseuse de Paris...
Tous ces messages clairs et percutant ne semblent pas avoir interpellé les bretons, surtout les anciens qui il est vrai ont connu «Les 30 glorieuses».
Aux jeunes de reprendre le flambeau pour «Pouvoir vivre travailler et décider au Pays».

Lucien Le Mahre
Mardi 26 novembre 2024
J'ai déjà eu l'occasion de le rappeler ici et ailleurs, mais si nous manquons d'ambition en nous contentant d'un chèque Région de 1,5 M magnanimement octroyé d'en haut comme un billet à un nécessiteux, par un Pouvoir Central qui perçoit l'essentiel de nos impôts (alors que pour le Pays de Galles de même population le budget atteint je crois de l'ordre de 40M ou plus) d'autres comme le Pays Basque Espagnol par exemple, ont inversé depuis longtemps ce rapport de maître à valet.

C'et le gouvernement autonome qui perçoit la totalité des impôts sur son territoire dont il règle évidemment tous les frais, en octroyant un pourcentage de l'ordre de 10% au Gouvernement de Madrid en règlement de ses frais régaliens et probablement de solidarité pour les régions plus faibles.

Je ne suis pas spécialiste, d'autres seront plus précis que moi, mais c'est le principe qui est à retenir : il inverse le rapport de suzerain à vassal entre Pouvoir Central et Région. C'est à mon avis capital et je ne suis pourtant qu'un paisible fédéraliste et non un «dangereux indépendantiste» au couteau entre les dents !

Seulement voilà, même si l'Euzkadi est à nos frontières, le procédé est tellement loin de nos réalités, peut-être de nos mentalités, que je suis à chaque fois surpris qu'il tombe en général à plat à chaque évocation, ou qu'après une courte hésitation dubitative, on se replie avec soulagement en terrain connu dans le schéma de dépendance classique, où il est de bon ton,de réclamer à grands cris qu'On nous alloue d'urgence quelques clopinettes supplémentaires...

Je citerai enfin rapidement pour mémoire le volet indissociable de cette réflexion qu'est notre situation de Bretagne-croupion privée d'une L.A qui représente certes un seul département mais une population et une économie de 30% supplémentaires à B4, lesquelles profitent à la région illégitime voisine, contribuant ainsi à faire végéter notre développement breton général.


konan Lasceaux
Mardi 26 novembre 2024
@ M.Prigent
«Un collègue, prof de génie civil: »La France a sorti la Bretagne de la misère.«...???? Point final...Heu...Trop tard, il parlait déjà d'autre chose. »
On peut rappeler qu'avant 1789 :
La Bretagne versait 22 Millions au Roi de France. (derniers comptes réalisés par René-Jean De Botherel, dernier Procureur-général Syndic)
puis v'la la fabuleuse révolution...
et là la Bretagne versait 62 millions à la France, selon un rapport de l'institut de France.

Bretagne, quelle fabuleuse poule aux oeufs d'or

d'ailleurs Louis XIV ne s'y était pas trompé lui qui s'en cesse en réclamait toujours plus de ces avares et riches Bretons.(cela représentait 1/4 du budget du Royaume, si mes souvenirs sont bont)

aujourd'hui elle rapporte moins mais ce qu'elle envoie pour financer le Grand Paris et sa Banlieue est toujours important. ce manque à gagner nous fait défaut et nous maintient à rester des mendiants de nos bons princes Parisiens, faute à nos z'élus «Bretons».


Momo
Mardi 26 novembre 2024
Encore et toujours l'illusion d'une poignée de fédéralistes qui pensent pouvoir réformer la France depuis leur Finistère. Soyons sérieux : ni les Catalans ni les Ecossais, pas plus que les Flamands ne se soucient de l'avenir de la structure centrale. Ils se battent pour leurs intérêts nationaux.

Naïveté politique, une énième fois. Pas de salut en dehors du séparatisme assumé.


Yann le Bleiz
Mardi 26 novembre 2024
J'avais calculé que par habitant le budget d' un lander est 6 fois le budget breton, 16 fois pour le pays de Galles, Basque et Catalogne, 18 fois pour l'Ecosse.

22 millions d'impôt qui passe à 62 millions comme bien fait de la Révolution devraient être également connu de tous!

Mais il faut le constater même dans le milieu militant c'est ignorance totale à la grande différence des militants des pays cités.

Il m'est arrivé de discuter avec des militants pour l'enseignement de l'école en Breton qui demandait à l'État Français le même budget que l'école française et qui ont ouvert des grands yeux quand j'ai affirmé que l'État français n'a PAS à payer pour l'enseignement en Breton ni d'ailleurs pour l'enseignement en Bretagne, c'est à la Bretagne de financer et pour cela elle doit récupérer la gestion de l'impôt prévu a cet effet. Si j'avais dit que les petits hommes verts voulaient inscrivent leurs enfants à l'école je pense que le message aurait été mieux compris.

Oui, nous sommes vraiment en retard.


konan Lasceaux
Mardi 26 novembre 2024
@ Yann le Bleiz
OUi la bretagne versait 3 fois plus après la révolution de : «22 millions d'impôt qui passe à 62 millions comme bien fait de la Révolution devraient être également connu de tous!

Mais il faut le constater même dans le milieu militant c'est ignorance totale à la grande différence des militants des pays cités. »

Les militants ne sont pas vraiment en cause sauf ceux qui ont fait des études d'Histoire, historiens et diplômés et ont eut un diplôme de « fainéants » car il suffisait de lire ce qui a été écrit plutôt que de recopier, tels des ânes, les mêmes Sornettes (de Joël ou de Noël ? ) et autres âneries françaises.

Certains sont même devenus Ministres ou conseillers et continuent à sortir des âneries, pour plaire à leurs bon Maîtres, et toucher leur chèque de fin de mois, il y en a trois au gouvernement qui ont fait d'Histoire (française), c'est dire la valeur du diplôme !


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