D'Armorique en Amérique : hommage à Mary HIGGINS CLARK

Chronique publié le 1/02/20 14:28 dans Littérature par Isaline REMY pour Isaline REMY
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Mary Higgins Clark au salon du livre de NY 2017

Aux prochaines vacances, les volets du 16ème étage du 211 Central Park Sud à NY, « son pied à terre », ne s’ouvriront plus, Mary Higgins Clark ne regardera plus par sa fenêtre le magnifique écrin de verdure.

En 2017, j’étais passée devant son immeuble en me disant que j’irai bien lui rendre une petite visite, mais je savais qu’elle était au Book Expo America en dédicace. Le rendez-vous manqué d’une Bretonne à New York et un regret aussi.

L’écrivaine américaine est décédée à l’âge de 92 ans.

La «Reine du suspense», enchaînait les best-sellers après un début de carrière difficile. Retour sur un parcours étonnant :

Mary Higgins Clark était l’une des écrivaines les plus vendues au monde. Elle a écrit une cinquantaine de livres écoulés à quelque cent millions d’exemplaires, dont plus de 80 millions aux Etats-Unis, depuis son premier grand succès en 1975, la Maison du guet. Née à New York, dans le Bronx, le 24 décembre 1927, dans une famille modeste d’origine irlandaise, Mary Theresa Eleanor Higgins Clark dit avoir attrapé le virus de l’écriture à l’âge de 7 ans, les Irlandais étant souvent « des conteurs-nés ».

Des drames familiaux la convaincront que le pire peut toujours arriver et c’est ce moment où tout bascule qu’elle aime décrire dans ses livres. Une crise cardiaque emporte son père lorsqu’elle a 10 ans et sa mère, se retrouvant seule avec trois enfants, est contrainte de partager sa maison avec des locataires. Mary Higgins Clark devra travailler très jeune, comme standardiste dans un hôtel puis dactylo avant de se marier, à 20 ans, et de devenir hôtesse de l’air pour la Pan Am. Elle cessera de parcourir le monde pour élever ses enfants tout en continuant d’écrire, dans sa cuisine de 5 à 7 heures du matin, avant l’heure de l’école.

De dactylo à romancière

Mary Higgins Clark a 35 ans lorsque son mari meurt brusquement d’une crise cardiaque à l’âge de 44 ans, la laissant veuve avec cinq enfants à charge. Jeune fille, elle a déjà perdu son frère aîné mort brusquement d’une méningite puis son neveu de 15 mois, tombé d’une fenêtre.

Elle redevient dactylo mais rêve toujours de vivre de son écriture. Après des nouvelles, des feuilletons pour la radio, une biographie de George Washington, publiée mais sans succès, elle se lance dans le roman policier. La Maison du guet est un best-seller dès sa parution, en 1975, comme la Nuit du renard (1977) qui en fait une millionnaire, incitant son éditeur français, Albin Michel, à créer une collection Spécial Suspense.

Higgins Clark est alors enfin une romancière populaire reconnue mais, pour rattraper le temps perdu, elle s’inscrit à l’Université de Fordham, à New York, où elle obtient une licence en philosophie, son premier diplôme universitaire, à 50 ans. En 1987, lui revient l’honneur de présider le Mystery Writers of America et, l’année suivante, l’International Crime Congress, à New York.

En 2000, Mary Higgins Clark surprend en publiant Trois jours avant Noël, un polar cosigné avec sa fille Carol. Mère et fille en publieront quatre autres.

Nombre de ses romans policiers ont été adaptés pour la télévision ou le cinéma comme la Nuit du renard (A Stranger is Watching, Sean S. Cunningham, 1982), la Maison du guet (Where are The Children, Bruce Malmuth, 1986), Nous n’irons plus au bois (All around The Town, Paolo Barzman, 2002).

Dans ses mémoires, Entre hier et demain (2003), celle qui depuis 1996 est l’épouse de l’influent homme d’affaires John Conheeney, assure qu’elle écrira jusqu’à sa mort car si « gagner à la loterie, rend heureux un an, faire ce que l’on aime rend heureux toute une vie ».

Les écrivains bretons rendent hommage aujourd'hui à Mary Higgins Clark et se souviendront de son attachement à la littérature, et comme eux de sa passion pour l'écriture.


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