La pêche bretonne, autrefois un pilier de l’économie et de l’identité régionale, fait aujourd'hui face à des défis sans précédent. Les ports emblématiques comme Le Guilvinec, Loctudy, Lorient, La Turballe, Douarnenez, Paimpol, Saint-Brieuc, ou Saint-Malo sont profondément ancrés dans la culture bretonne, comme nous le montre la littérature allant de Pêcheur d'Islande de Pierre Loti aux romans d'Henri Queffélec, sans oublier l’épopée des Penn Sardin. Aujourd’hui, ce patrimoine est menacé. Les conserveries sont fermées pour la plupart (il en reste trois à Dournenez alors qu'il y en a eu 23 à la grande époque de la pêche à la sardine) , et de plus en plus de magnifiques chalutiers partent à la casse. Ces ports subissent une baisse d’activité, une réduction de la flotte de pêche et des incertitudes croissantes. Cette crise est due à une combinaison de facteurs économiques, environnementaux et sociaux, affectant aussi bien les ressources halieutiques que la viabilité de la profession.
Les criées bretonnes, autrefois animées, enregistrent une baisse notable de leurs volumes d’activité. Au Guilvinec, par exemple, le trafic aurait chuté de 30 % en deux ans, selon ViralMag. Cette diminution reflète la raréfaction des ressources halieutiques, aggravée par une consommation mondiale en hausse, due à l’augmentation de la population. La surpêche mondiale et la pression croissante sur les stocks affectent directement la disponibilité des espèces locales, compliquant la gestion des ressources. Les thoniers bretons partent de plus en plus loin vers les côtes africaines. Les effets du Brexit, privant les pêcheurs bretons de zones de pêche britanniques, la flambée des prix du carburant, et la crise du logement sur le littoral, qui limite l’accès des jeunes marins-pêcheurs à des logements abordables, aggravent cette situation. De plus pour la deuxième année consécutive, le golfe de Gascogne sera fermé à la pêche du 22 janvier au 20 février 2025. Cette mesure, qui concerne les navires de plus de 8 mètres a pour objectif de protéger des captures les dauphins et autres cétacés. Même si une enveloppe de 50 millions servira à indemniser le manque d’activités des navires, comme le rapporte d'UDB dans un communqiué à « aucun moment pourtant il n’y a eu concertation avec les professionnels locaux, cette mesure établie par principe de précaution ne vient d’ailleurs pas pour cette année du Conseil d’État mais de la Commission Européenne ».
Le changement climatique exerce une pression sur les écosystèmes marins de la région. En Bretagne, le réchauffement des eaux perturbe les cycles de vie des espèces marines. Les poissons, crustacés et autres ressources halieutiques font face à des défis tels que la surchauffe des eaux, l'acidification des océans et l’asphyxie dans certaines zones côtières. L'acidification entraîne une diminution du calcaire, essentiel pour les coquillages et les crustacés. Si l’aquaculture et la mytiliculture répondent en partie à la demande croissante des consommateurs, ces pratiques peuvent aussi perturber l'écosystème local. Le réchauffement climatique modifie également la répartition des espèces. Les araignées de mer, autrefois abondantes sur la côte atlantique bretonne, tendent à disparaître avec la remontée des poulpes autrefois cantonnés au Portugal. Ils se nourissent pricipalement d'araignées femelles depourvues de pinces mais chargées de millierrs d'oeufs. Par ailleurs, entre Saint-Brieuc et le Cotentin, le nombre d’araignées de mer aurait quadruplé, entraînant une forte prédation sur les moules de bouchots. Ces changements perturbent l'équilibre des écosystèmes locaux, remettant en question les pratiques de pêche et les habitudes alimentaires régionales.
Pour ceux d'entre nous ayant passé les 60 ans, les souvenirs d’hippocampes, de crabes verts en abondance et de crevettes foisonnantes dans les flaques à marée basse semblent bien loin. Aujourd’hui, les pêcheurs à pied reviennent souvent bredouilles, surtout sur la côte atlantique. La diminution de la biodiversité marine est un enjeu majeur pour la pêche bretonne. La surpêche et la pollution, y compris les algues vertes, réduisent la diversité des espèces marines, fragilisant l’écosystème. Oui, il y a eu surpêche de certaines espèces comme la langouste bretonne ou langouste rouge qui à pratiquement disparue. La disparition de certaines espèces ou la prolifération d'autres bouleverse les chaînes alimentaires et modifie les habitats marins, entraînant des conséquences à long terme pour la filière. Efforts de modernisation malgré la crise.
La criée du Guilvinec est en rénovation avec la pose d'une nouvelle toîture et l'aménagement du belvédère devant s’achever en décembre 2024. Ils sont financés à hauteur de 4,4 millions d’euros, dont 50 % par l’État. Des rénovations sont également en cours à Audierne et Loctudy. Selon Ouest-France, un plan global de 100 millions d'euros sur 10 ans est prévu pour moderniser les ports de Cornouaille.
La survie de la pêche bretonne est en jeu, et avec elle, une part essentielle de l'économie et de l'identité maritime de la Bretagne. Les pêcheurs réclament des mesures pour alléger les coûts du carburant, renégocier l'accès à la Mer celtique, mieux encadrer les résidences secondaires sur le littoral et adapter les quotas de pêche aux spécificités locales. La préservation de cette filière essentielle à la Bretagne passe par des solutions durables, prenant en compte les réalités environnementales et économiques tout en respectant l’équilibre écologique. Il s'agit de préserver un mode de vie, une culture, et un héritage maritime unique, qui doivent être transmis aux générations futures.
■La préservation des ressources était déjà pensée et prise en compte par quelques patrons et pêcheurs Bretons eux-mêmes, par le choix d’alors, eux qui voulaient conserver le Filet Bleu et droit ! Mais en 1957 ils n’ont pas gagné !
Ensuite, la pêche bretonne, toute les pêches bretonnes ont été très mal défendues, voire pas du tout, politiquement inefficacement sûrement puisque sa descente aux enfers n’a pas été stoppée! Elle a subi, et a été a été utilisée par la CEE, notre belle Europe des marchands, comme la conserverie, comme variable d’ajustement, de monnaie d’échange dans les tractations menées lors de la rentrée de l’Espagne, du Portugal, de la Grande Bretagne, et de pays scandinave dans les années 70.
Cet été finissant là, Septembre 1957 devait me voir rejoindre l’École d’Apprentissage Maritime (EAM) à Audierne. En regardant les CRS placés à un mètre ou deux les uns des autres, tout le long des quais du port de Douarnenez, et séparant les Bigoudens des Douarnenistes qui s’injuriaient, s’arrosaient et se jetaient les lourdes caisses de criée en bois épais à la gueule ! Ces marins-pêcheurs à la vie pas facile, ces Bretons… j’ai commencé cet été-là mon chemin de compréhension vers le pays où j’étais né, à 14 ans!
Un peu plus d’une année plus tard, en Décembre 1958, je venais de boucler mon premier Tour du Monde comme mousse de 15 ans, sur un cargo de la Cie des Transports Océaniques. Voyage au travail qui n’était pas le dernier, loin de là ! Et je découvrais bien plus.
Ci-dessous,entre guillemets se sont une infime part des analyses et données transmises par Michel PHLIPPONNEAU, dans son livre DEBOUT BRETAGNE-1970 concernant aussi le CELIB. Sur la pêche, pages de 299 à 331 ! Il est regrettable que la plupart des Bretons, surtout militants, ne lisent pas, n’aient pas lu ce document.
« La pêche aux poissons saisonniers ne souffre pas seulement de l’irrégularité des arrivées de poissons migrateur, en particulier de la sardine. La concurrence des conserves étrangères est très vive. Les importations de conserves de thon, sardines, et maquereaux sont passées de 29000 tonnes à 40000 tonnes de 1959 à 1967. »
« Les conserveries de poissons qui employaient 15000 salariés dans 175 usines en 1945, en emploient 8000 en 1968 dans 80 usines dont 70 travaillent exclusivement le poisson » .
Dans la très grande majorité de ces ports de pêche très actifs à leurs niveaux, qui jalonnaient toutes les côtes de BRETAGNE de Pornic à St Malo, se sont vidés de ces activités économiques durant la seconde moitié du vingtième siècle de 1955 à 1970. Leur sort a été réglé !
Alors Philippe que reste t-il aujourd’hui: D’ un mode de vie, une culture, et un héritage maritime unique, qui doivent être transmis aux générations futures ??? Ce qu’il en reste ne ressemble plus à ce qu’il était, et ne sera plus! Pas davantage de ce que fût le travail dans les usines de conserves des années 60, combien de vivants qui l’ont connu en l’ayant exercé ??? De celui-là aussi j’en suis !...