Après le « Grand Débat » rien ne sera plus comme avant, promettait il y a quelques jours Sibeth N’Diaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement. L’on s’attendait donc à ce qu’Emmanuel Macron profite de la conférence de presse qui s’est tenue hier pour faire des annonces révolutionnaires. Il n’en a finalement rien été : la montagne a accouché d’une souris. Les annonces ont été globalement floues et le calendrier imprécis. Pour des mesures concrètes, il faudra revenir plus tard et attendre les propositions du Gouvernement.
En matière d’organisation institutionnelle, Emmanuel Macron n’a fait que répéter ce que l’on savait déjà. La diminution du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle pour l’élection des députés sont déjà dans les tuyaux de la réforme constitutionnelle amorcée cet été mais suspendue, depuis, pour cause d’affaire Benalla .
La « respiration démocratique » revendiquée à juste titre par les Gilets Jaunes est morte étouffée. Les citoyens resteront extérieurs au processus législatif. Le RIC ne verra pas le jour. Quant à la participation des citoyens aux décisions locales, elle existe déjà dans le Code Général des Collectivités Locales. Une fois encore, Emmanuel Macron enfonce des portes ouvertes !
Le processus de recentralisation amorcé avec Nicolas Sarkozy puis François Hollande ira de bon train. Avec la relance de la déconcentration, l’État va renforcer son autorité sur les territoires. La spécialisation des compétences entre les différentes collectivités territoriales, annoncée hier, condamne l’action publique à la partialisation et à la segmentation : c’est un échec assuré. La simplification du millefeuille administratif adossée à un renforcement de l’autonomie politique et fiscale de collectivités territoriales cohérentes aurait été la voie à suivre pour plus d’efficacité et de démocratie.
Avec cette conférence de presse le président Macron enracine durablement son action dans la continuité de ses prédécesseurs alors que les défis à relever, notamment pour le climat ou la démocratie territoriale, sont majeurs. Prenons garde que dans ce clair-obscur où le vieux monde ne cesse de mourir des monstres surgissent ici aussi…
Gustave Alirol, président de Région et Peuples Solidaires
Ce communiqué est paru sur RPS
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