Claude Besson et Gilles Servat ont chanté Georges Brassens à Lézardrieux

Reportage publié le 5/03/11 20:27 dans Cultures par Gérard Simon pour Gérard Simon
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Lézardrieux, le samedi 26 février 2011 :

Claude Besson et Gilles Servat chantent Georges Brassens.

Il y a 30 ans, Georges Brassens nous quittait.

Deux chanteurs bretons, de grand talent, Gilles Servat et Claude Besson, lui ont rendu hommage, le 26 février 2011, à la salle des fêtes de Lezardrieux, en Bretagne. La Bise qui soufflait ce jour-là, sur cette pittoresque ville des Côtes d'Armor lovée au bord de l'Estuaire du Trieux, était un vent de poésie. L'endroit choisi n'était pas dû au hasard ; si Brassens n'évoquait pas, particulièrement, la Bretagne dans ses chansons, c'est ici, dans sa maison, au bord du Trieux, qu'il venait chercher l'inspiration, chaque été, durant lequel de nombreux poèmes y ont vu le jour.

Dans la salle des fêtes qui porte son nom, plus de 250 personnes ont pris place autour des tables dressées, pour cet événement. Après un convivial dîner, la veillée musicale tant attendue débute en compagnie de Claude Besson qui va, en premier, solenniser, à sa manière, le répertoire du « faiseur de 'petites chansons' » trop tôt disparu. En fond de scène, un magnifique portrait, en patchwork, traduit la présence de l'incontournable inspirateur. Claude puisera, plus particulièrement, son mémento parmi des textes abordant les sentiments amoureux. L'artiste nous touchera avec ses interprétations très personnalisées et ses arrangements musicaux subtils ne trahissant jamais les créations de l'illustre auteur des « Bancs publics ». Nous découvrirons ainsi, en sa compagnie, une partie plus méconnue, du grand public, de l'œuvre de Brassens qui sut, mieux que personne, croquer les travers de la société et l'imperfection des êtres, mais su, aussi, chanter l'humanisme de quelques uns.

Dès les premières mesures et paroles de « Comme une sœur », Bessonnous narre l'impossible passion d'un presque miséreux pour une jeune fille issue de la bourgeoisie. Et pourtant, elle ressemblait à sa poupée, alors comment ne pas en tomber amoureux ? Si nous pouvons rire des déconvenues des orgueilleux « Philistins », ne sourions plus au seul nom de « Bécassine », un champ de blé prenait racine sous sa coiffe et les yeux pervenches de la belle enivrait les seigneurs de tout le voisinage qui rêvaient d'accrocher l'une de ses mèches dorées à leur blason.

« Â présent nous allons écouter ce que je considère être la plus belle chanson d'amour ». Quelle est troublante la voix de l'artiste avec son léger vibrato dans l'émouvante « Non demande en mariage » et à « A l'ombre du cœur de ma mie ». Puis, il s'éloignera, lentement, du micro en sifflant, un chant de rossignol s'échappe de sa gorge. Son jeu à la guitare est aérien, la salle est sous le charme. Claude enchaîne avec l'un des titres de ses albums, « Chanson à Jean-Marie Coltès », dédié au chanteur Alsacien qui eut le privilège de rencontrer le versificateur de la langue française. Retour vers les chansons impertinentes du Maître : « Des histoires de faussaires », de «Testament » ou « D'oiseaux de passage », qui nous parlent de filles de petite vertu, car ce n'est pas tous les jours qu'elles rigolent, ou bien de la passion d'une princesse éconduite par le croque-note dont elle s'était éprise et pour cause puisqu'elle n'avait que 13 ans et lui trente. La politique n'est point absente avec « Mourir pour des idées » d'accord…mais de mort lente. Belle doctrine à laquelle la plupart d'entre nous, sans doute, adhère, mais malgré tout, la brûlante actualité nous prouve que c'est toujours par la violence que les individus acquièrent une certaine démocratie. Claude achèvera son récital avec une remarquable adaptation du poème d'Antoine Pol, mis en musique par Brassens : « Les Passantes » et deux compositions personnelles où l'on constate que le chanteur de Kérouze sait, lui aussi, gracieusement taquiner la rime dans : « Les deux arbres à chanson », que sont, pour lui, Brel et Brassens, et « la chanson de nos veillées ».

Après un court entracte, Gilles Servatmonte, à son tour, sur la scène. Avec sa voix chaude, grave et sa truculence ordinaire, l'auteur de la « Blanche hermine » poursuit ce bel hommage rendu à l'homme à la pipe avec « Le gorille ». Puis il interprète des textes dénonçant les éternels maux de ce monde et la misère humaine : « Pauvre Martin », « Le fossoyeur », la trahison avec « P… de toi » mais aussi le repentir d'une meurtrière dans « Assassinat » chanté a Cappella. Il méduse les spectateurs car il s'agit d'une véritable performance vocale. Parmi les paroles connues, de presque tous, comme « Je me suis fait tout petit », « Le parapluie », « Oncle Archibald » ou le magnifique poème de François Villon « Ballade des dames du temps jadis » que Brassens affectionnait particulièrement, Gilles nous fait redécouvrir des textes plus confidentiels tels que « Le mauvais sujet repenti », « Le mécréant ». Le compositeur Breton égrène son concert avec l'attendrissante « Marche nuptiale ». Le timbre de sa voix est profond. Le chanteur atteint notre âme dans cet hymne dédié à l'amour l'emportant, ainsi, sur l'adversité. Un humaniste et fameux message !

« Nous étions contemplés par le monde futile

qui n'avait jamais vu de noce de ce style….

Par les homm's décriée, par les dieux contrariée,

La noce continue et Viv'la mariée ! »

Brassens dépeignait, sans indulgence la collectivité mais il savait, mieux que quiconque, l'aborder avec humour. Pour sa part, Gilles Servat n'en manque pas. Il nous le prouve, une nouvelle fois, ce soir, avec cette version virulente du « Roi des cons » qu'il a spécialement actualisée en y ajoutant quelques couplets tonitruants liés au contexte politique du moment. Il nous offre, également, l'une de ses pertinentes chansons : « Le nain charmant ».

L'ambiance est à son comble lorsque nos deux artistes interprètent, ensemble, « Les copains d'abord » repris, en chœur, par tout le public. Après avoir remercié les spectateurs présents et leur « maître », en s'inclinant devant le portrait de tissu, ils quittent la scène sous des gerbes d' applaudissements d'une assistance conquise par la prestation et le réel talent de ces deux grandes voix de la Bretagne qui, bien que préparant actuellement chacun de leur côté, leur futur album, ont répondu présent à cette invitation et rendu possible cette soirée placée sous le signe de la décontraction et de la bonne humeur. Félicitons-les d'avoir bien voulu partager un peu de leur temps avec nous, « amis de Georges ». L'esprit de Brassens était bien présent à Lézardrieux, petit coin de paradis où il aimait se ressourcer.

Texte : Anny Maurussane et Évelyne Pernel - Photos : Anny Maurussane.


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