Au grand dam des partis politiques jacobins, Front National en tête, la nomination comme garde des Sceaux de cette grande figure politique de la Guyanne constitue indéniablement la plus grande surprise de la présentation du tout nouveau gouvernement français .
L'ancienne étudiante en sociologie et ethnologie afro-américaine de la Sorbonne, devenue économiste de métier, est demeurée depuis le commencement de sa vie politique fidèle à son militantisme autonomiste.
Fondatrice, en 1993, du parti « Walwari », ayant obtenu 17% des suffrages aux élections régionales de 2004 et dont le sénateur de Guyanne et maire de Kourou Jean-Etienne Antoinette est membre, cette femme énergique et déterminée est aujourd'hui plus connue du grand public pour son caractère aussi entier qu'indépendant que pour ses deux doctorats où pour ses origines particulèrement modestes.
Christine Taubira, native de Cayenne, s'est particulièrement investie dans le développement économique local, en particulier dans le domaine agricole . Conseillère régionale, ex-parlementaire européenne et actuellement au terme de son quatrième mandat de députée de Guyanne, elle se déclara en faveur de la candidature d'Arnaud Montebourg au cours de la primaire du Parti Socialiste français . Toujours membre aujourd'hui du comité exécutif de Walwari, « l'éventail » en amérindien, elle a par ailleurs fortement soutenu le «oui» au cours du référendum guyanais de 2010 sur le passage à un statut d'autonomie.
Ayant apporté en début d'année son soutien au chef Raoni (voir le site) qui lutte, au Brésil voisin, contre le projet de barrage de Belo Monte, c'est surtout pour la loi à laquelle est attaché son nom que la ministre Taubira se fera connaître des générations futures . En effet, c'est bien l'enfant de la Guyanne qui est à l'origine du texte, tout à fait historique, voté le 10 mai 2001 par les parlementaires français, et qui reconnaît désormais comme crime contre l'humanité la traite négrière à laquelle furent impitoyablement livrés plus de dix millions de noirs africains dès le 17ème siècle .
Cette nomination, à une si importante fonction ministerielle, d'une personnalité politique autonomiste aussi enracinée et engagée semble être sans précédent, et, par ailleurs, particulièrement surprenante au sein d'un gouvernement dirigé par Jean-Marc Ayrault.
■«Christiane Taubira déclare sans ambages qu'il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les «jeunes Arabes» «ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes».
L'Express du 4 mai 2006
La loi Taubira du 10 mai 2001 qualifie la seule traite négrière de »crime contre l'humanité«...les millions de chrétiens razziés par les Barbaresques, les Turcs et Arabo-musulmans passent par pertes et profits. Aussi, l'esclavage toujours présent en Afrique (Niger, Soudan) et dans la Péninsule arabe (Arabie Séoudite, Yemen, EAU...) n'a jamais fait l'objet d'aucune condamnation par Mme Taubira.
Lors de l'arrivée des Français à Alger en 1830, 15 000 esclaves chrétiens furent libérés...
Dans le même article de l'Express d'où est tirée cette citation on lit :
»Un des meilleurs spécialistes actuels des traites négrières, Olivier Pétré-Grenouilleau, a été attaqué en justice au nom de la loi Taubira. Parce qu'il rappelait que la quasi-totalité des esclaves africains avaient été razziés non par des Blancs, mais par des négriers africains et que le commerce des esclaves était une routine sur le continent noir bien avant l'arrivée des négriers européens. Il lui était aussi reproché de réfuter l'application du terme de «génocide» aux traites négrières, contredisant ainsi le parallèle implicite entre l'esclavage et l'extermination des juifs qu'évoque l'exposé des motifs de la loi Taubira.
L'affaire Pétré-Grenouilleau a d'autant plus inquiété les historiens que la loi de 2001 précise dans son article 2 que «les programmes de recherche en histoire» devront accorder «la place conséquente qu'ils méritent» à la traite négrière et à l'esclavage, dont l'interprétation judiciaire risque de se limiter à la définition partielle que ladite loi donne. Et Christiane Taubira ne les a pas rassurés en déclarant que constituerait pour elle un «vrai problème» le fait qu'Olivier Pétré- Grenouilleau, professeur d'université, «payé par l'Education nationale sur fonds publics», continue d'enseigner ses «thèses» aux étudiants«
L'histoire scientifique devient une »thèse" personnelle quand elle ne cadre pas avec la doxa de Taubira
LES traites négrières constituent un ensemble historique distinct : traite intra-africaine, traite orientale, traite occidentale. Au total, plus de 40 millions de victimes sur plusieurs siècles ...
Mme Taubira, née en Guyanne «française», députée de la république du même nom, n'avait pas vocation à faire voter autre chose qu'un texte de loi qui ne la concerne directement .
Le sujet ici n'est pas la concurrence victimaire, mais la personnalité haute en couleur de cette femme .
Bien cordialement