Après le Stade de France et la Breizh Parade sur les Champs Elysées, l'Interceltique 3C proposait samedi soir dans le chaudron du palais omnisports de Paris Bercy et sous la houlette de Jean-Pierre Pichard, le grand rendez-vous de la Saint Patrick. Grandiose et féérique.
Seul événement récurrent à Bercy, la Nuit de la Saint Patrick a su une nouvelle fois enflammer ses 15 000 spectateurs venus assister, pour la quatrième édition consécutive dans ce lieu, à la grand-messe des pays celtiques. En tout, ce sont plus de 150 artistes de Bretagne, du Pays de Galles d'Écosse et d'Irlande, jeunes talents mais aussi valeurs sûres, qui ont su dans le cadre d'une première partie débridée chauffer les cœurs et les esprits avant de proposer une prestation plus intimiste et apaisée en seconde partie.
Après une mise en bouche galloise, en compagnie du harpiste virtuose Robin Huw Bowen, ce fut au tour des Red Hot Chilli Pipers, de hausser le ton et de faire monter la pression. Passablement déjantés, les Écossais ont interprété une série de thèmes traditionnels revisités mais également des reprises à la cornemuse de rock endiablés, tel le célèbre « We Will Rock You » de Queen.
Côté Bretagne, les musiciens professionnels du bagad de Lann Bihoué ont su montrer une nouvelle facette de leur art n'hésitant pas à insuffler quelques accents jazzy à leur répertoire. Mais la grande surprise est également venue du bagad de Brieg et du cercle de Spezet dont le talent, l'impétuosité et la jeunesse, portent désormais la musique et la danse bretonnes à un niveau de qualité jamais égalé. Longtemps considéré comme un peu rebelle, Brieg, dont le pensoner Fabrice Humeau a été sacré Champion de Bretagne 2007, a eu dernièrement l'occasion de jouer avec les musiciens des Tambours du Bronx. Nul doute que cette expérience en acier trempé aura donné l'envie au bagad d'intégrer des percussions industrielles à son spectacle, tandis que certains membres de la formation arboraient samedi en concert des lunettes noires façon Blues Brothers !
Parmi les têtes d'affiches qui n'ont pas manqué de ponctuer ce rendez-vous incontournable de la musique celtique, il faut noter la présence très remarquée de la chanteuse bretonne Annie Ebrel, accompagnée du percussionniste iranien Bijan Chémirani, dont la voix puissante et ancrée a su transporter le public, pour un voyage onirique sur les sommets érodés des Monts d'Arrée.
Que dire aussi de David Pasquet Group qui autour de son talabarder de génie a fait pleurer ses instruments d'une sensibilité nouvelle, voyageant aux confins de la Bretagne et des déserts de l'Orient mystérieux.
Enfin Alan Stivell, la figure emblématique et incontestée du renouveau de la musique bretonne, réussissait à créer la synthèse entre les générations, projetant son tube de légende « Tri Martolod » (deux millions d'exemplaires vendus) vers le passé, le présent et surtout l'avenir. « J'attache une grande importance à la pérennisation de la musique celtique. Il est important que la Bretagne à travers sa culture se propage dans le futur » rappelait quelques jours avant le concert, le barde breton, grand précurseur et apôtre du cross over.
Comme à son habitude, la soirée devait se terminer à 2 heures du matin par un fest-noz géant à faire se réveiller les ancêtres. Prochain rendez-vous, le 17 mai, pour la Nuit Interceltique de Rennes au Stade de la Route de Lorient en compagnie de Carlos Nùñez et de Denez Prigent.
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