Il est une certitude incontournable : ce n’est pas l’Education Nationale qui sauvera la langue c

Communiqué de presse publié le 26/02/21 2:33 dans Langues de Bretagne par pour

La récente remise en cause du Capes de Corse par le ministère de l’Education Nationale a provoqué une vive protestation des enseignants de langue corse. Elle est aussi un signal envoyé à nous tous qui voulons que la langue corse retrouve droit de cité sur notre île : s’en remettre à l’Éducation Nationale pour l’avenir de la langue corse, ce serait tout simplement renoncer.

Cette réforme du Certificat d’Aptitude au Professorat d’Enseignement en Second Degré pour la langue corse est très significative, puisqu’elle renverse l’ordre des coefficients pour noter les candidats au diplôme : désormais l’épreuve de français sera dotée d’un coefficient double de l’épreuve de langue corse, alors que jusqu’à présent c’était le contraire.

On comprend bien l’intention de ce renversement de valeurs : accompagner l’érosion des effectifs en lycée et collège, prémédité et obtenu lors de la réforme du baccalauréat du Ministre Jean Michel Blanquer, en prévoyant de reverser les enseignants de langue corse dans l’enseignement du français au fur et à mesure que l’Education Nationale aura fait diminuer puis disparaître les effectifs des élèves s’inscrivant en langue corse, en partant de la réforme du baccalauréat, en remontant progressivement ensuite au collège, puis au primaire.

Face à cette volonté bien ancrée du Ministère de l’Education Nationale, il faut développer impérativement une stratégie alternative qui assure aux jeunes corses un cursus scolaire qui leur donnera une véritable acquisition de la langue corse.

Car depuis la création de Scola Corsa dans les années 70, le profil linguistique de la Corse a beaucoup évolué. Il y a cinquante ans, la corsophonie naturelle était encore très largement répandue, presque totale chez les cinquante ans et plus, la génération des grands-parents de l’époque, largement répandue chez les 25 ans et plus, la génération des parents, encore bien présente parmi les natifs des années cinquante et soixante, la génération scolaire d’alors.

Un demi-siècle après, tout cela est bien fini. La corsophonie naturelle est désormais minoritaire chez les cinquante ans et plus, occasionnelle chez les vingt-cinq ans et plus, et exceptionnelle parmi la population scolaire. Faire ce constat n’est pas baisser les bras. Il s’agit simplement de regarder la réalité en face, et de prendre les décisions qui s’imposent pour redresser la situation.

Car, si on se projette d’ici à vingt ans, il est à prévoir que la ressource humaine ne sera plus ni assez nombreuse ni assez qualifiée pour faire vivre la langue corse, dans l’enseignement, mais aussi à travers la culture, les médias, la publicité et tant d’autres applications indispensables à sa présence au quotidien dans la société.

Mettre en place une filière d’enseignement parallèle à celle de l’Education Nationale n’est donc pas une affaire de préférence éducative, mais une question de nécessité politique d’urgence. C’est ce qu’ont compris et réalisé les militants basques avec Seaska, et bretons avec Diwan, dont la filière alternative associative est complète de la maternelle au lycée, permettant de faire entendre dans les cours de récréation des enfants s’exprimant en basque et en breton. Même s’ils sont minoritaires (quoique au Pays basque, la filière scolarise déjà plus de 10% des élèves), ces enfants seront le vivier de demain pour répondre aux besoins de toutes les professions qui seront indispensables pour poursuivre un projet politique de reconquête linguistique, fondement premier de la démarche nationaliste qui depuis un demi-siècle s’est développée en Corse, et que nous avons mission de poursuivre.

La dernière assemblée générale de Femu a Corsica, réunie en décembre 2019 dans l’amphi bondé de l’Université de Corse a adopté à une très large majorité un vœu pour que notre parti mette en œuvre un tel projet. En septembre dernier, malgré les contraintes de la pandémie, nous avons trouvé soutiens et conseils au Pays Basque pour lancer notre filière en Corse, à partir de classes maternelles, puis à évoluer progressivement à tous les niveaux de la scolarité jusqu’au baccalauréat. Basques et Bretons l’ont prouvé : un tel projet est possible dans le cadre institutionnel français, et il a pu être mené à bien malgré leur plus faible représentation des partis nationalistes dans les institutions territoriales.

Il faut avancer d’urgence en Corse dans cette même démarche. Nous avons la maîtrise des institutions territoriales, c’est une responsabilité qui nous incombe. Nous ne pouvons nous y dérober !

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Ce communiqué est paru sur Le blog de François Alfonsi


Vos commentaires :
Petillon p
Vendredi 22 novembre 2024
Malheureusement en Bretagne nous avons 50 ans d'avance sur vous pour une fois...

Le nombre de brittophones en Basse Bretagne est passé de 90% sur un million d'habitants avant 1914 à moins de 200 000 (chiffres très optimiste à mon avis) aujourd'hui sur l'ensemble du territoire ( près de 5 millions de breton)...

Quant à la pratique de la langue sur la cour de récréation, même à Diwan, c'est le rêve de beaucoup d'enseignants !

Ce qui manque aussi ce sont des médias de masse en langue bretonne. C'est derrière semaine la seule émission en breton de la chaîne publique «régionale» a été remplacée par des compétitions de ski ! Sport au combien populaire ici surtout depuis qu'il a neigé lors de la vague de froid de début février !


Naon-e-dad
Vendredi 22 novembre 2024
1.200.000 bretonnants au début du XX° siècle. Je crois que c 'est Morvan Lebesque qui cite ce chiffre.
D'accord avec vous sur le chiffre actuel, très probablement surestimé.

L'objectif que devrait envisager la région si l'on voulait être sérieux, se fixer un chiffre 100.000 nouveaux bretonnants (ou néo-bretonnants). L'objectif de 20.000 fixé il y a quelques années reste, disons, homéopathique.

Quant aux traductions bilingues, pourquoi ne sont-elles pas systématisées, par exemple dans les lieux publics, du quotidien? Par exemple, dans les grandes surfaces:
. pousser la porte / boutañ an nor
. tirer la porte / sachañ an nor,
etc.....

Pet a vrezhonegerien zo hirio? Ha warc'hoazh?


iffig
Vendredi 22 novembre 2024
Le pb ce n'est pas tant que cela l'enseignement mod Diwan : on sait la très faible mobilisation des lycéens Diwan à reprendre à leur compte le combat de leurs aînés. C'est un fait : sur les milliers de lycéens Diwan, combien sont militants ? 1 %. Il semble même que les deux autres filières amènent plus de militants.
Mais pour moi le pb n'est pas là premièrement. Il est dans les familles. Combien de familles bretonnantes ? Très très peu. Une centaine ? Se sont-elles rassemblées poour 'faire société', créer des liens entre elles ? Non. Voilà LE problème. Car comment voulez-vous que des enfants veuillent d'une langue qui n offre aucun lien social avec d'autres familles en breton. Combien de mariages entre anciens lycéens de Diwan ? Aucun.

Jiler
Vendredi 22 novembre 2024
Certains commentaires sont trop pessimistes.
Il y avait une majorité de jeunes à Brest pour la manifestation (réussie) en faveur de Diwan samedi dernier à Brest.
La langue bretonne est en difficulté, c'est vrai. Il va y avoir un sursaut... ou il n'y en aura pas!
En tout cas, au vu de la mobilisation - qui s'est faite en 4 jours- de Samedi, il semble que la réponse à Blanquer se mette en place.

penn kaled
Vendredi 22 novembre 2024
Le problème aussi c'est que les néo brittophones sont de plus en plus dispersés sur l'ensemble de la Bretagne .A la limite mieux aurait valu que la langue résiste sur un territoire plus restreint ,haute Cornouaille Trégor par exemple ,quitte ensuite à se redéployer par effet tâche d'huile .C'est le cas de l'Irlande dans le Gaeltacht ,cependant il y a là bas aussi une incompréhension entre les locuteurs natifs et néo .Quoique que l'on fasse la situation des langues minoritaires n'est pas facile face à la puissance des langues dominantes .Ce concept de défense de défense des langues minoritaires très louable en soi sur le plan humain ne résiste pas au darwinisme linguistique .Malgré tous les efforts des défenseurs de la langue , le breton ne survivra que s'il se trouvera à un moment donné sur un terreau favorable à sa prolifération .C'est ce qui est arrivé à l'anglais au moyen âge alors qu'il n'était qu'un dialecte saxon bâtardisé de franco normand ,il a trouvé comme par hasard , et non par volonté politique à l'origine , des terrains favorables à son expansion ,alors que le français était la langue officielle de la cour d'Angleterre .Dans ce sens la stratégie du renouveau de la la langue bretonne aurait du s'inspirer de l'exemple anglais au lieu de celle élitiste du français ,c'est à dire que l'on aurait du jamais rompre le contact avec les langages des natifs ,le mal est hélas fait ..

Killian Le Tréguer
Vendredi 22 novembre 2024
«Le nombre de brittophones en Basse Bretagne est passé de 90% sur un million d'habitants avant 1914 à moins de 200 000 (chiffres très optimiste à mon avis) aujourd'hui sur l'ensemble du territoire ( près de 5 millions de breton)...»

Peut-être faudrait-il arrêter de dire qu'il y a 5 millions de bretons.
Tous les chiffres donnés sont très optimistes. Et pour «faire corps», vivre en communauté, je suis désolé mais il faut être un minimum exigeant et fermés (d'autres diraient intégristes, mais il s'agit là d'une question de survie).
Le nombre de bretons se réduirait surement, mais le nombre de locuteurs bretons augmenterait et/ou n'aurait pas diminué aussi drastiquement (je laisse une ambiguité là car il y a des chances que ce soit trop tard, surtout si demain vos «bretons» se transforment en 10 millions de Ouestitis). Croyez-vous que l'hébreu aurait pu renaître sans une certaine intransigeance communautaire ?

Je rejoins sinon le poids essentiel des médias pour la survie d'une langue. Le déclin du breton c'est autant les lois de la République française que la diffusion d'une radio et d'une TV 100% francophone dans les années 30,40,50,60.
Il faut ABSOLUMENT une vraie chaine TV par exemple, où l'on ne parle QUE breton. Et financée par nos collectivités.


pcosquer
Vendredi 22 novembre 2024
penn kaled «Dans ce sens la stratégie du renouveau de la la langue bretonne aurait du s'inspirer de l'exemple anglais au lieu de celle élitiste du français ,c'est à dire que l'on aurait du jamais rompre le contact avec les langages des natifs, le mal est hélas fait ..» Pouvez-vous développer ?
Killian Le Tréguer. Quelle différence faites-vous entre la télévision et les lois de la république ?

iffig
Vendredi 22 novembre 2024
à Jiler
si vous voulez vraiment voir la vérité en face sur Diwan, lisez ceci Voir le site
D'autre part le fait qu'il n'y ait eu que 1500 personnes à la manif n'est pas terrible : ces enfants présents étaient pour la plupart embrigadés par leurs parents et profs et vu l'âge de Diwan et autres filières, le vivier est de plusieurs dizaines de milliers d'anciens élèves. Non, en vérité, et là c'est mon expérience personnelle ce n'est pas du pessimisme mais de la lucidité. Mon épouse et moi avons élevé nos 3 enfants en breton et scolarisés à Diwan lycée compris. Ils sont grands et mariés maintenant et ont tous bien abandonné la langue (sauf, c'est bizarre, au téléphone), et je pense avec le recul que c'est parce qu'il n'y avait pas dans notre réseau familial et amical d'autres familles ayant fait le même choix que nous. J'ai bien essayé d'en trouver, mais là où j'habite sur une communauté de communes où il y a maintenant plus de 500 enfants scolarisés dans le «bilingue», il n'y a pas 10 familles qui soient vraiment bretonnantes, parents et enfants, dans la vie quotidienne. C'est un simple constat. Le problème ce n'est pas le réseau d'enseignement (mes enfants auraient quand même parlé breton) ni la TV (personne ne la regarde plus), mais le réseau de familles vraiment bretonnantes qui n'existe pas. Et maintenant, oui, je pense que c'est cuit, mais ce n'est pas de ma faute.

Naon-e-dad
Vendredi 22 novembre 2024
Trugarez da Iffig evit al liamm war-zu al lec'hienn...www.treuzkas.net

Setu un testeni dedens-kenañ diwar desevel ur bugek e brezhoneg: Voir le site
Le site mentionné ci-dessus par Iffig présente un témoignage très intéressant (pennad e brezhoneg) sur la durée: quand un père développe l'art d'utiliser le breton en famille avec un enfant puis adolescent néo-bretonnant.

A conseiller à tous les parents concernés par le bilingue ou Diwan. Mat da lenn evit an holl dud a zo dezhe bugale skoliataet e brezhoneg.


Jiler
Vendredi 22 novembre 2024
Honneur aux Corses qui luttent depuis longtemps pour ne pas être dépossédés
Honneur aux Basques qui ont connu Franco
Honneur aux Occitans qui luttent sur un vaste territoire
Honneur aux Catalans dont les élus sont emprisonnés
Honneur aux Alsaciens dont le nom aurait pu disparaître
Honneur aux Bretons qui depuis notre souveraine Anne n'ont connu que persécutions sournoises
Honneur aux Gallois qui voient les riches Anglais de la City acheter trop de maisons
Honneur aux Irlandais qui ont connu la famine provoquée par l'occupation anglaise
Honneur aux Amérindiens qui ont connu le plus grand génocide de l'histoire (75 millions)
Les Amérindiens qui après avoir failli disparaître voient un renouveau de toutes leurs nations.
Le système oppresseur mis en place depuis 200 ans s'écroule. Personne ne sait vers quoi nous allons. Tenons bon. Rien ne sera plus comme avant.

Gourc'hemennoù deoc'h, Sparfell, evit ar galon ho peus diskouezhet kaout, hag ho peus 'tao en ho kreiz.


Rafig
Vendredi 22 novembre 2024
En lisant tous ces commentaires, un néophyte venu de Touraine (exemple) et s'installer en Bretagne depuis un ou deux ans serait parfaitement au courant de la situation de nos 2 langues traditionnelles.
En mettant en parallèle ce qu'il a l'habitude d’entendre à France Culture sur des minorités assimilés de forces comme les Tibétains ou les Ouïgours et qui lui procure de la tristesse ... il devrait y réfléchir sur les fondements de le France et surtout de la République dite démocratique ?

Léon-Paul Creton
Vendredi 22 novembre 2024
Si par « légitimisme » nous voulions réellement obtenir autonomies, réparations et reconnaissances, il aurait mieux valu en Bretagne créer une structure indépendante qui motive, convainque, oriente et forme aux plus hauts niveaux, des étudiants pour en faire des avocats et des juristes des plus pugnaces pour contrecarrer tous les projets destructeurs de l’état français envers les nations de France …sans états ! Les Amérindiens l’ont bien fait, et nous ne l’aurions pas pu ?

Porter au plus haut niveau aux plans, national, européen et international le combat juridique, organiser les procès contre les négations les droits humains des peuples de cet hexagone inhumain, et de nos droits de toujours.

Je pense profondément qu’avec trente avocats et juristes ou plus, de haut niveau et bretons, un super cabinet, avec autant de basques, alsaciens, flamands, savoyards, niçois, occitans, catalans (fr) au moins nous aurions parcouru un bon bout de chemin (pas difficile) depuis soixante années, au lieu de piétiner et seulement «espérer » apparemment sans illusions aucunes, au regard de l’implication et intérêt des Bretons. Un autre Combat des Trente?

Combien d’argent a accepté de perdre l’état français en contrôlant Diwan ? Ce qu’il a gagné est bénéfice net pour lui, sans aucun pour la Bretagne et les Bretons. Rien! Former des jeunes, trente Bretons inspirés pour et par le combat juridique concernant tous les aspects de « la question bretonne » passés, et de l’avenir ne nous aurait pas coûté très cher,et ô combien plus fructifiant. Ce combat-là, breton, bien plus visible et motivant pour les Bretons, ainsi étalé, exposé au Monde !

Mais non ! Le chemin choisi depuis soixante dix ans, est celui des soumis à des règles, à des lois qui les/nous desservent, les/nous asservissent et non remises en question vigoureusement depuis cent générations ! Autant dire que sans une remise en question forte, c’était totalement perdu d’avance.

Ce chemin des « respectueux », est une Via Appia pour les Bretons! Et ils ont aidé à la culture des « bois » utilisés.


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