Aux élections 2010 de la Communauté autonome de Catalogne (qu'on appelle la Généralité), Convergence et Union ( CiU - centre droit) avait manqué de peu la majorité, mais avait trouvé un appui dans deux partis de gauche (Gauche républicaine de Catalogne et Initiative pour la Catalogne - Les Verts), afin de gouverner.(voir notre article)
Pour les élections catalanes anticipées du 25 novembre prochain, les sondages, plutôt peu nombreux, semblent indiquer que CiU pourrait atteindre de justesse la majorité et que deux autres partis pourraient l'appuyer dans la marche vers l'indépendance.
La Gauche républicaine de Catalogne (ERC), parti catalaniste, annonce qu'il accepterait de gouverner avec CiU, s'il s'agit d'aller vers l'indépendance, mais, ne le ferait pas, si le statut reste fédéral.
La tendance indiquerait que c'est le Parti socialiste de Catalogne qui perdrait des sièges en faveur des partis pour l'indépendance, tandis que le Parti polulaire de Catalogne (droite centraliste) resterait stable, donc très minoritaire.
Pourtant, l'aspiration à l'indépendance n'apparaît que légèrement majoritaire et il y aurait environ 30% d'indécis.
Il y a de grosses différences d'ambiance dans les zones rurales et les petites villes où le drapeau indépendantiste (*) est déployé partout et certaines parties de Barcelone où vivent beaucoup d'Espagnols non-originaires de la Généralité.
Le gouvernement de Madrid n'a rien fait pour empêcher que certains Catalans non-indépendantistes finissent par apporter leur voix aux partis soutenant l'indépendance.
Son refus de réexaminer la proportion d'impôts conservés au niveau central, alors que la Navarre et les Pays basques ont un régime beaucoup plus favorable a certainement pesé, ainsi que sa campagne contre le nouveau statut de la Catalogne, approuvé dans ce pays et rejeté par le Tribunal constitutionnel.
La campagne s'est durcie avec l'allégation par le quotidien de Madrid El Mundo (droite) que la police serait sur la trace de comptes en Suisse détenus par Artur Mas, le Président de la Généralité et Oriol Pujol, lfils de 'ancien président, illustrant une prétendue corruption du gouvernement catalan.
Le procureur de Catalogne aurait décidé de poursuivre le journal pour calomnies, mais, le fait que l'ex-colonel Tejero, qui avait fait une tentative de coup d'Etat en 1981, se soit invité au débat, a mis de l'huile sur le feu en faisant craindre une pulsion centraliste digne du franquisme pour contrer personnellement les dirigeants indépendantistes catalans.
Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, a été obligé, au milieu de négociations ardues à Bruxelles, de démentir la contre-attaque de Mas, qui l'accuse de n'être pas étranger à la dénonciation.
Le président du groupe pharmaceutique Grifols a indiqué qu'il fermerait son siège barcelonais en cas d'indépendance, mais, ne le transférerait pas en Espagne, où il estime que le climat n'est pas plus favorable, pour aller peut-être à Gibraltar.
Il reste, cependant deux questions en suspens si l'option indépendantiste est validée par les électeurs : la Constitution espagnole ne prévoit pas de recours au référendum et, seule une loi organique, pourrait le permettre et, comme déjà indiqué précédemment sur ABP se poserait la question de l'attitude de l'Union européenne.
* Le drapeau étoilé de Catalogne a été créé en 1928, à l'imitation, semble-t-il de celui de Cuba, qui s'était émancipé de l'Espagne en 1898..
Distinct du drapeau officiel de la Généralité, il est, ces jours-ci, arboré partout.
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