Monsieur le Premier Ministre,
Depuis deux ans, des responsables associatifs et politiques catalans sont en détention préventive, ou en exil en Suisse, ou en Belgique, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, qu’aucun de ces deux pays n’a d’ailleurs souhaité appliquer.
Hier matin, neuf personnes ont été condamnées à des peines allant de 9 à 13 ans de prison.
Quel crime sordide peut-on leur reprocher pour subir une telle sentence ?
Les deux responsables associatifs n’ont fait qu’organiser des manifestations pacifiques. Les sept élus ont quant à eux organisé un référendum. De fait, ils ont simplement mis en application ce pourquoi ils avaient été élus par la population catalane.
Monsieur le Premier Ministre, cette décision est parfaitement incompréhensible à plusieurs points :
La France sait parfois trouver les moyens de l’apaisement et de la solution négociée, comme ce fut le cas avec Michel Rocard en Nouvelle-Calédonie.
Monsieur le Premier Ministre, comment compter-vous user de votre capacité de persuasion pour aider à la résolution de la crise catalane, qui se trouve à nos portes.
Ce communiqué est paru sur Le blog de paul Molac
■Les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique de partisans de l’indépendance de la Catalogne ont fait l’objet de restrictions disproportionnées. Des dizaines de personnes ont été poursuivies en justice pour « apologie du terrorisme » et « humiliation des victimes » sur les réseaux sociaux. Des responsables de l’application des lois ont eu recours à une force excessive contre des manifestants qui protestaient pacifiquement contre une décision de la Haute Cour de justice de Catalogne empêchant la tenue du référendum sur l’indépendance de la région. L’Espagne n’a pas accueilli autant de demandeurs d’asile qu’elle s’était engagée à le faire au titre du programme de relocalisation de l’UE. Elle n’a pas non plus tenu ses engagements en termes de réfugiés réinstallés. Cette année encore, des milliers de personnes ont été expulsées de chez elles. Les autorités ont continué de clore des enquêtes sur des crimes de droit international commis pendant la guerre d’Espagne et sous le régime de Franco.
En savoir plus : L'Espagne dans le rapport annuel d'Amnesty International 2017-2018