Catalogne, Ecosse, Irlande, Flandre, Euskadi, Galice, Corse : tous différents mais unis par l’Eur

Chronique publié le 29/09/21 9:19 dans Europe par pour
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L’écart est grand entre les 7,5 millions d’habitants de la Catalogne et les 350.000 habitants de la Corse, en passant par les 1,8 million d’habitants d’Irlande du Nord, les 2,7 millions de Galiciens, les 3 millions de Basques et de Gallois, les 5,5 millions d’Ecossais et les 6,5 millions de Flamands. Et, au-delà de ces différences démographiques et économiques, il y a des réalités politiques fondamentalement diverses. Mais c’est dans un même cadre européen que chacun de ces peuples pourra faire évoluer sa situation et aller vers son émancipation.

C’est le sens de la création du « self-determination caucus » au sein du Parlement Européen, et de son prolongement au sein du Comité Européen des Régions. Il regroupe d’ores et déjà les députés nationalistes basques, catalans, irlandais, galicien et corse. Cette démarche associe aussi les Flamands, et est ouverte aux Ecossais et aux Gallois même si, Brexit oblige, ils ont perdu leurs députés européens.

La journée parlementaire de l’ALE à Bastia a largement abordé l’avenir de ces peuples en Europe, notamment lors de la réunion ouverte qui a été tenue au Mantinum en présence d’Oriol Junqueras et Gilles Simeoni. Les responsables de Femu a Corsica avaient été rejoints par des délégations du PNC et de Core in Fronte pour assister à l’événement.

La tribune regroupait plusieurs membres de l’Assemblée plénière de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, le député catalan Jordi Solé et deux membres, flamand (Karl Vanlouwe) et corse (Nanette Maupertuis), du Comité des Régions, qui, comme le Parlement Européen, en est partie prenante.

Notre « self-determination caucus » s’est fixé comme premier objectif de faire entendre la voix des peuples sans Etats dans le cadre de cette Conférence qui s’est ouverte en mai dernier, et dont les réunions vont se succéder pendant plusieurs mois.

La situation de la Catalogne est emblématique, où la crise politique continue qui secoue l’Europe entière comme on l’a vu ce week-end en Italie avec l’arrestation/libération de Carles Puigdemont, poursuivi par la justice espagnole, mais protégé par les décisions de la Cour de Justice de l’Union Européenne qui juge sévèrement les sentences liberticides prononcées par l’Etat espagnol contre les responsables démocratiquement élus de la Catalogne, au nom de sa « souveraineté », au mépris des revendications exprimées par le peuple catalan.

L’autre actualité pressante de l’Union Européenne se déroule en Ecosse où l’indépendance du pays est à l’ordre du jour pour qu’il puisse rejoindre l’Union Européenne qu’il a quitté contre son gré par l’effet du Brexit décidé par une majorité de Britanniques mais refusé par une très large majorité des Ecossais.

Au Pays Basque ou en Corse, l’actualité est moins pressante, mais la totale « surdité » de l’Etat français comme de l’Etat espagnol face aux résultats démocratiques des élections qui donnent deux-tiers des voix aux mouvements nationalistes finira par poser, le jour venu, le même type de problème fondamental : Basques et Corses sont-ils des peuples européens ? Ont-ils le droit de décider de leur destin ? De quel droit un Etat pourrait-il imposer un statu quo institutionnel et refuser toute négociation comme c’est le cas actuellement ?

Le « self-determination caucus » propose qu’un « mécanisme européen de clarté démocratique » soit mis en vigueur qui, sans se substituer à ceux qui doivent négocier, veille à ce que les conditions d’un dialogue puissent exister, dans la clarté et la transparence, avec l’entremise d’une médiation européenne qui garantisse que la voix démocratique des peuples sans Etats soit entendue et leurs intérêts pris en compte face à la logique constitutionnelle des Etats-membres.

Cette démarche permettra de poser les jalons d’une solution politique aux problèmes posés avec acuité en Catalogne et en Ecosse, mais qui le sont aussi, de façon latente, à travers des majorités politiques fortes et confirmées par des scrutins successifs sur une longue période, en Corse et au Pays Basque. Ailleurs, comme en Flandre, l’évolution de la situation actuelle semble inéluctable, ainsi que celle de l’Irlande du Nord. Sans l’investissement d’une médiation européenne, le risque est grand de situations conflictuelles dont les effets ne pourront être maîtrisés.

Pour y faire face, l’Europe devra se donner les moyens de secouer le carcan des Etats issus de la Seconde Guerre mondiale, il y a quatre-vingts ans. Tel est le message du « self-determination caucus ».


Vos commentaires :
Robert posnic
Vendredi 22 novembre 2024
Et la Bretagne ?

Killian Le Tréguer
Vendredi 22 novembre 2024
La situation des flamands est bien différente de celle des autres. Même si l'on peut toujours discuter tel ou tel chiffre (notamment l'évolution démographique de la Belgique avec de nouveaux ressortissants issus de l'Afrique francophone), ils constituent bien la majorité de la Belgique.
Ce se sont d'ailleurs les wallons qui au sortir de la seconde guerre Mondiale, ont favorisé le fédéralisme politique car bien conscient du fait d'être minoritaire, les flamands à l'époque étaient beaucoup plus dans des revendications linguistiques.

Sinon vous faites référence à l'Irlande du Nord, mais à ma connaissance l'Irlande du Nord n'envoie plus de députés européens à Bruxelles et les mouvements indépendantistes y sont quasi inexistants. C'est un duel entre catholiques pro-UE et protestants pro-brexit et Royaume-Uni, sans que l'on puisse dire d'ailleurs clairement qui est la minorité de la majorité.


penn kaled
Vendredi 22 novembre 2024
Il n'empêche que actuellement ,je précise cela n'a pas toujours été le cas ,le puissance européenne la plus tolérante vis à vis des minorités nationales est l'Angleterre ,pays qui vient de quitter l'union européenne ,Sur le plan stratégique ,malgré l'Ecosse et le problème irlandais ,Londres serait un interlocuteur plus souple que Bruxelles dominé par les états nations les plus arrogants et méprisants vis à vis des minorités nationales .Sur ces bases à terme, un véritable fédéralisme européen pourrait être mis en oeuvre ,l'Angleterre se rendant compte de la stupidité de son rêve de global Britain d'un autre âge et revenant à sa réalité européenne ,les futures mesures pour lutter contre le dérèglement climatique devenant pénalisantes pour les transports et voyages de longues distances .Sous réserve aussi que le gouvernement anglais ne devient pas à nouveau un tolérant vis à vis des nations celtiques .

Rafig
Vendredi 22 novembre 2024
Super ! mais qui va représenter la Bretagne ?
Sûrement pas les élus de la région bretagne qui sortent du PS ou de droite française.
Le Parlement en exercice du MAB ?
Perso je suis dispo.


Sérieusement, l'union des «petites» est la base pour obliger l'Europe de États nations et des peuples prédateurs à enfin nous considérer et renforcer la démocratie !
Bonne chance

Christiane Moro Louville
Vendredi 22 novembre 2024
Je vis en Catalogne depuis plus de 60 ans. Je connais très bien le problème catalan. L' Espagne a toujours réprimé violemment la Catalogne depuis des siècles. Elle a essayé d' éliminer toute son histoire, ses coutumes et sa langue! Elle n' y a pas réussi entièrement mais le mal est fait! Tous les jours il y a des attaques et des procès sans autre chose qu'un désir de vengeance rempli souvent de haine malgré le gouvernement progressif ( soit- disant) de Pedró Sanchez. Un nombre important de catalans d' origine et beaucoup d'adoption demandent un reférendum pacté avec le gouvernement central qui refuse catégoriquement malgré les 10 ans de lutte du peuple catalan! L'Europe, à mon avís, devrait intervenir, au contraire elle va contribuer à éliminer une histoire millénaire! Il y a un ras le bol du traitement injuste infligé à un peuple qui veut à tout prix pour une question identitaire se libérer de la domination coloniale d'un état qui n' accepte pas les différences.
Merci de me lire

Bonned ruz
Vendredi 22 novembre 2024
Mr ALFONSI, pouvez-vous donner votre point de vu sur la Bretagne. Un avis extérieur est souhaitable et serait tout à fait intéressant à découvrir. Pour l'heure, il semble évident que la Bretagne n'est partenaire de rien et donc potentiellement inopérante...ou pire inexistante comme nation sans état... n'y avait il pas, pourtant, des Bretons à la création de la FUEN? Que pensez-vous de tout cela?

Emilie Le Berre
Vendredi 22 novembre 2024
«Et la Bretagne ?» s'interroge t-on.
Pourquoi s'encombreraient-ils d'un tel boulet ?

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