Carlos Núñez présente à Nantes “ Brasil somos nós ” à la recherche de son arrière grand-p

Reportage publié le 26/03/12 1:17 dans Cultures par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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Carlos Núñez disponible pour le public et ses fans est ici en présence de madame Pilar Martínez-Vasseur – directrice du Festival du cinéma espagnol de Nantes — après la projection de son film au cinéma Katorza le 18 mars 2012.
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Madame Pilar Martínez-Vasseur a appelé Carlos Núñez ! (Capture d'écran vidéo 1).
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Carlos Núñez et Pilar Martínez-Vasseur. (Capture d'écran vidéo 1).
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Carlos Núñez fait pour le public du Katorza un mini-concert de flûte à bec.
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Carlos Núñez disponible pour discuter avec le public après la projection de Brasil somos nós.
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Les dames sont fières de se faire prendre en photo avec Carlos Núñez qui accepte toujours très gentiment.
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Brasil somos nós / Nous sommes le Brésil, du jeune cinéaste catalan Robert Bellsolà.


Ce documentaire, projeté à Nantes dans le cadre du Festival du cinéma espagnol (1), nous conte la recherche que Carlos Núñez, musicien galicien connu internationalement, entreprit à propos de son arrière grand-père, José María Núñez, qui avait émigré de Galice au Brésil en 1904 et disparut ensuite, soi-disant assassiné par un autre musicien. Carlos se laisse absorber par un pays incroyable, où la musique conserve encore de façon surprenante la vieille culture portugo-galicienne et rapporte bien plus que les traces de son aïeul : la certitude qu'ont beaucoup de Brésiliens d'être d'origine galicienne.

Le documentaire nous montre également les coulisses de l'enregistrement de l’album «Alborada do Brasil» (2009), un des plus récents disques de cet interprète charismatique à la carrière exceptionnelle.

La recherche et le film ont nécessité plusieurs voyages de l’équipe au Brésil pendant trois ans alors que le projet au départ était pour un an, rappellera Carlos. La musique additionnelle du documentaire a été composée par le jeune frère de Carlos : Xurxo Núñez qui est des voyages et que l'on voit dans le film (2).

Introduction sur scène par Pilar Martínez-Vasseur

Dans cette grande salle presque pleine du cinéma Katorza de Nantes, Pilar Martínez-Vasseur (1) rappelle brièvement au public que Carlos Núñez était déjà venu ici il y a 8 ans pour parler d'un film espagnol dont il avait composé une partie de la musique. « En partant il avait laissé une enveloppe au Festival. Nous croyions que c'était juste un petit mot... Elle contenait le projet du film présenté ce soir ! J'appelle Car-los Nú-ñez ! !».

Présentation du film et mini-concert de Carlos Núñez

Carlos Núñez revient enthousiaste au Festival du Cinéma espagnol de Nantes pour le rendez-vous qu'il avait espéré il y a huit ans, avec une oeuvre aboutie. Appelé par Pilar, il arrive en trombe sur scène, l'embrasse, attrape le micro : « Après 8 ans !... » « … ces pays prisonniers des images touristiques, “todos flamenco” pour l'Espagne, la samba au Brésil... Du Brésil, on a voulu montrer autre chose. C'est un film fait avec le coeur, notre intuition, avec peu de moyens, la caméra sur l'épaule... Le Brésil c'est un pays très grand, formé de plusieurs pays, un peu comme l'est l'Espagne. Quelque chose de nous a voyagé là-bas : nous Galiciens, quand on arrive au Brésil on a l'impression d'être chez nous...» (vidéo 1).

Devant le public, dont le député-maire de Nantes et madame Ayrault, il a rappelé que des textes anciens font mention du premier navire arrivant au Brésil : La nave breton, dit-il en espagnol comme écrit sur les vieux textes. Il venait de Nantes... avec des esclaves – « s'il a regretté bien sûr le type de chargement, il était très fier de dire que c'étaient des Bretons de Nantes qui étaient dans les premiers marins au Brésil », commenta un spectateur à ce sujet à la sortie.

Puis ce fut la surprise « una sorpresa ? Sí ! ». On lui apporte sa flûte à bec et Carlos joue. Il a ravi le public qui applaudira (video 2).

Place au film

Un film riche, touchant, enthousiaste, chaleureux, plein d'amour, plein de mouvement, plein de joie et de bonheurs au cours des multiples rencontres que fit Carlos, débordant de musiques et d'images superbes (couchers de soleil en mer, fêtes colorées). Le « peu de moyens » – Carlos Núñez s'en serait presque excusé dans sa présentation du film au public – a dû donner au film cette fraîcheur, cette spontanéité qui émeuvent et ont sans doute rendu le montage plus acrobatique, avec parfois, en transitions, d'étourdissantes superpositions d'images.

Oui, un film impossible à résumer tant il y a de séquences ! Toutefois, essayons : Carlos et son équipe rencontrent beaucoup de personnes qui égrènent leurs souvenirs réels ou ouï-dires... même une ancienne amie de son arrière grand-mère, mais surtout un historien brésilien de la musique traditionnelle, José Ramos Tinhorão, qui fait beaucoup de recherches pour lui et les lui explique en portugais, Carlos lui répond en galicien. Ils se comprennent. Ces deux langues voisines par le territoire en Ibérie, le sont aussi en elles-mêmes. Nous verrons M. Tinhorão à plusieurs reprises dans le film présentant, au cours des trois ans, l’avancée de ses recherches.

L’équipe rencontre de nombreux musiciens qui ont des souvenirs d’un Núñes – avec une S finale – qui aurait fait partie de fanfares aussi. Il a eu des problèmes et aurait été assassiné par un musicien jaloux... Carlos joue flûte et gaïta avec eux. Ils connaissent les mêmes airs. La musique fait partie de leurs racines, elle a voyagé avec leurs ancêtre immigrés. La plupart des Brésiliens se souviennent qu’ils sont d’origine galicienne.

Archives, états-civils, bibliothèques, bibliothèques nationale et universitaires où parfois Carlos donne des entretiens devant les étudiants - pour ne pas dire conférences – sont fouillés de fond en comble pendant trois ans par toutes les personnes qui ont coopéré sur place à cette recherche. Des 78 tours avec son nom encore déchiffrable sur l'étiquette centrale, sont extraits de collections et écoutés ; des manuscrits de partitions avec signatures sont examinés par un graphologue, on lui trouve même un portrait. Carlos est amusé par le fait qu'il semble avoir plus de cheveux que lui, mais un expert, un autre encore, parle de photo retouchée !...

Des séquences nous montrent Carlos jouant de la gaïta avec un orchestre militaire, dans un bar, ou pour des personnes âgées alitées dans un hôpital. Il y a alors des larmes dans des yeux... Mais ceci est filmé très pudiquement et ne choque pas. Les spectateurs font vraiment ce voyage avec lui. Cette caméra sur l’épaule, non, il ne faut pas la regretter, Carlos, elle a rapproché le public de vos interlocuteurs et de vous.


La brume s'estomperait-elle enfin ? Le suspens qui règne pendant tout le film, peu à peu s'éloigne. Tout converge vers la certitude que ces traces sont bien celles de son arrière grand-père, musicien et compositeur, comme lui... L'affaire du Z devenu S dans Núñes n'est plus une énigme. Mais où aura-t-il été enterré ?...

Nous sommes soulagés et heureux pour Carlos. À la fin du film, au moins deux minutes d'applaudissements très nourris ! Et, au milieu de la salle, le salut ému de Carlos, à n'en pas douter enchanté de cet accueil comme il l'avait été la veille en concert au Zénith à Saint-Herblain (voir notre article).


La tentation de mettre ici un post-(ante)-scriptum est grande pour donner une idée de l’esprit de tournage du film : la dernière image du film, qui est la première de la bande-annonce (lien ci-dessous). Le soir, Carlos en gros plan joue de la flûte, accroupi sur le sable de la plage. Recul de la caméra : un “crabe de terre” haut sur pattes, est sorti de son trou dans le sable. L’heure où l’enchantement ? Grand éclat de rire !

La carrière du film

Ce film, qui n’est ni un documentaire classique ni un long métrage, ne passera donc pas dans des grandes salles, ne sera pas distribué par les grands distributeurs. Mais heureusement, il y a d’autres circuits pour le montrer, comme le Festival de Lorient l’été dernier, le Festival à Nantes en ce moment et les instituts, comme l’Instituto Cervantes à Paris, qui, avec la participation du Consorcio Audiovisual de Galicia de Santiago de Compostela, a reçu ET Carlos Núñez ET le film le 14 mars dernier ! (voir le site) Ou encore au Festival international de documentaires de Tui au Brésil (voir le site) en tant que documentaire musical (voir le site) (générique complet).

Ourense Film Festival 2012, le OUFF : (voir le site) du festival de Ourense en Galice qui le programmera le 18 octobre 2012. Site en galicien, espagnol et anglais et biographie de Roberto Bellsolà.

On peut envisager aussi le circuit par les comités de jumelage entre Bretagne et Galice...

Le contact pour le film est : Keltia Produccións : (voir le site)


(1) Festival du cinéma espagnol de Nantes : créé par madame Pilar Martínez-Vasseur qui le dirige. C’est le festival qui monte : 24.000 spectateurs payants en 2011, la 21 e édition.

(2) En version originale galicien, portugais, espagnol, sous-titres français, 2010, 70 minutes. Avec Carlos Núñez, Carlinhos Brown, Paddy Moloney (The Chieftains), Nélida Piñón, Ariano Suassuna... et... José Ramos Tinhorão – chercheur et historien de la musique populaire brésilienne – (voir le site) de sa page sur wikipédia en portugais.

(voir le site) de Carlos Núñez et : (voir le site) de la « bande-annonce du film », soit des extraits pour 5’ 20”.



Maryvonne Cadiou


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