C'est bien sûr la rentrée des classes… avec son cortège de réformes annoncées et de moyens bien réduits… surtout pour les collèges qui reçoivent le plus d'élèves en difficulté. La mode semble être à l'arrivée massive des AVS, ceux qui aident les élèves par exemple dyslexiques, autistes, mais ces AVS sont mal payés, et très très très peu formés. Puis-je annoncer de bonnes nouvelles ? Peut-être un peu d'espoir ? Dans la réforme des collèges, un EPI (enseignement pratique interdisciplinaire) concerne les langues et cultures régionales et donc les enseignants en Bretagne pourront choisir… peut-être… d'enseigner l'histoire de la Bretagne. Mais il y a ce peut-être. Autre bonne nouvelle, un nouvel inspecteur d'histoire vient d'être nommé dans l'Académie de Rennes et il est le fils d'un ancien responsable de l'Institut Culturel de Bretagne. Peut-être peut-on espérer plus d'attention pour l'enseignement de l'histoire de la Bretagne ? Mais il y a encore ce peut-être.
C'est bien sûr aussi la rentrée politique et dans trois mois… et oui déjà… on vote pour désigner les Conseils régionaux qui malgré leurs faiblesses financières vont avoir de plus en plus d'attributions surtout dans les domaines de la culture et de l'Education. Il est clair que l'Etat cherche à ne conserver que les pouvoirs régaliens, justice, finances, police, se détachant de plus en plus aussi du social et de l'économie. Oh bien sûr, ce n'est pas pour de suite. Mais les Instances européennes font pression car elles n'aiment pas le centralisme, même si elles font elle-mêmes du centralisme.
Pour ces élections, on nous parle encore et toujours de partis politiques, mais on sent bien la désaffection, que même les membres de ces partis n'y croient plus. Il est loin le temps où on était corps et âme dévoués à son parti, aux partis chrétiens, au parti communiste ou à la SFIO. Aujourd'hui les débats ne sont plus entre les partis mais entre progressistes et conservateurs. J'ai été très surpris d'entendre un important élu régional PS dire, en parlant de l'avenir de la Bretagne, que dans son parti il y avait maintenant des progressistes et des conservateurs. C'est très certainement le cas dans d'autres partis mais aussi dans de nombreuses associations. Peut-être est-ce un problème générationnel ? Peut-être est-ce un changement profond, une véritable Révolution culturelle ? Il est clair qu'aujourd'hui le numérique, l'Internet, la diffusion immédiate et mondiale de l'information, l'accès libre et ultra-rapide à l'information changent toutes les donnes. Il suffit de chercher sur internet pour dénicher l'information qui manque. Les gens n'ont plus envie de faire de long et coûteux déplacements pour assister aux réunions. Il faut un intérêt local, immédiat et considérable pour pouvoir mobiliser… bref il faut du spectacle. Ce n'est pas tout à fait un problème d'âge… c'est un problème entre ceux qui trouvent que c'est très bien comme c'est maintenant, qu'il faut que rien ne change car tout va pour le mieux et ceux qui veulent avancer, que cela aille mieux…
Et en Bretagne, cela ne semble pas aller vraiment bien. La situation paraît ressembler étrangement aux années 1950 : difficultés économiques, sociales, politiques…. Et départ en masse de dizaines de milliers de Bretons et de Bretonnes vers les grandes villes et surtout vers Paris. J'ai entendu la semaine dernière un jeune ancien élève de l'Ecole Sciences Po de Rennes dire que sur les 200 élèves de sa promo, un quart était parti travailler à l'étranger, beaucoup, vraiment beaucoup à Paris et qu'à sa connaissance seulement 5 étaient restés en Bretagne. Dans les années 50, un groupe de Bretons avait créé le CELIB, ce groupe de réflexion et de pression qui avait obtenu beaucoup pour la Bretagne, électrification, les 4 voies bretonnes (et cela ne vient pas d'Anne de Bretagne), port, etc… Un des derniers du CELIB, Claude Champaud vient de publier un livre, le nouveau défi armoricain, afin de mobiliser de nouveaux les bonnes volontés pour redynamiser la Bretagne et surtout ses habitants. Certains ont alerté déjà, mais n'ont pas été entendus, à peine écoutés, souvent dénigrés, voire écartés sans ménagement.
On peut se demander si certains n'ont pas intérêt à ce que rien ne change, voire pire à la détérioration du climat en Bretagne, climat politique, économique et social. La Bretagne et les Bretons semblent gênés. Et on préfère parler de repli identitaire et de Bonnets rouges que de trouver des solutions à la détresse des Bretons. Le pire est qu' on recouvre beaucoup vraiment beaucoup de Bretons et de Bretonnes qui sont des dirigeants importants. C'est oublier d'où ils viennent et surtout c'est oublier que les Bretons représentent le pivot de la République française. En ces temps de très grands changements où l'on voit de nouveau des dizaines de milliers d'hommes et de femmes en mouvement, il n'est guère judicieux de s'enfermer dans des schémas qui ont conduit aux désastres de la Seconde guerre mondiale, aux horreurs des totalitarismes étatiques du XXe siècle.
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