Bretons encore un effort pour être mondiaux

Conference debat publié le 2/05/08 9:54 dans Economie par Philippe Chain pour Philippe Chain
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Bretons encore un effort pour être mondiaux !

Cela aurait pu être le résumé de la très belle intervention, incisive et précise, de François Nicolas Sourdat, délégué général de l'Agence Économique de Bretagne, lors de son intervention du 29 avril à la Maison de la Bretagne.

Venant à l'invitation de Paris breton, présenter la toute nouvelle agence, ses objectifs, son fonctionnement, François Nicolas Sourdat a également brossé une analyse de l'économie de la Bretagne et de la situation de ses entreprises.

Devant un auditoire attentif, et passionné, M. Sourdat a présenté son parcours professionnel, inscrit dans l'action des collectivités et de plusieurs régions. Après l'association des régions françaises, le Centre et la Basse Normandie il arrive en 2001 en Bretagne pour succéder à Jacques Kergoat. Là il assure la responsabilité de l'analyse prospective, de l'élaboration du schéma régional de développement économique , puis nommé Directeur général adjoint, il s'attache à la politique des pays, la réforme budgétaire, les travaux de l'Agenda 21, et ceux de l'espace côtier, avant de se voir confier le destin de l'Agence Economique en 2007.

Une agence d'une évidente nécessité :

Cette agence voulue par Jean Yves Le Drian et la nouvelle direction de la région Bretagne, a été conçue selon le mode de fonctionnement breton ayant déjà fait ses preuves lors du CELIB.

La présidence en est assurée par Jean Yves Le Drian, en tant que Président de la région, et la structure réunit plus de 90 membres dont les représentants d'autres structures comme Bretagne International ou Bretagne Innovation, les chambres consulaires sont également parties prenantes. Plusieurs collèges d'environ trente personnes se consacrent à des thèmes distincts. Le rythme de réunion de l'agence est d'une fois par mois permettant ainsi de coller à l'actualité.

En tant que tel l'agence compte 5 chargés de mission, intervenant dans le cadre de groupes projets destinés à susciter la coordination et la concertation. Il ne s'agit donc pas d'une tutelle mais d'une organisation de la réflexion pour déterminer des stratégies économiques concertées.

L'agence est donc avant tout un outil économique au service du développement des entreprises de Bretagne, dont le champ d'action se situe dans l'analyse et la stratégie. Pour la réalisation des actions elle s'appuie sur Bretagne innovation et Bretagne International, et sur les dispositions du schéma de développement.

La création de l'Agence a naturellement suscité le retrait de la région Bretagne de Ouest Atlantique dont d'une part l'action n'était plus adaptée, et d'autre part ne parvenait pas à assurer la Bretagne de la notoriété dont elle a besoin.

Une image et une organisation de soutien au développement à reconstruire

M. Sourdat a mentionné le déficit de notoriété européenne et internationale de la Bretagne, connue pour ses côtes et son tourisme, mais peu ou pas du tout associée aux nouvelles technologies de communication ou à l'automobile ou encore à la défense autant de points forts de la Bretagne avec les industries agroalimentaires..

S'agissant de la situation actuelle de la Bretagne, une première analyse renvoie a des signaux positifs, une immigration de l'ordre de 25 000 personnes par an dont de nombreux actifs, un taux de chômage légèrement inférieur à la moyenne nationale, une économie résidentielle en forte croissance, induisant une croissance supérieure aux autres régions, des créations d'entreprises plus nombreuses qu'ailleurs, des taux de survie de ces entreprises également supérieurs.

L'apparence pourrait conduire à une satisfaction benoîte du constat de la poursuite de la réussite d'un modèle breton de développement. Les travaux impulsés par Yves Morvan puis Alain Even sur la notion de développement résidentiel rendant envisageable une économie fondée sur la base d'une riviera bretonne.

Mais ce modèle de développement n'est pas celui choisi. Une approche dynamique considérant que les fondamentaux de l'économie électronique, défense, automobile, tourisme, agroalimentaire doivent s'adapter à la mondialisation et aux nouvelles formes de compétition internationale, pour survivre et prospérer, lui a été préféré. D'ou l'accent mis sur l'innovation, les pôles de compétitivité, la création de filières et autres clusters. D'ou également le rapprochement avec des centres de recherche extérieurs à la région administrative.

Un débat animé

En réponse aux questions qui ont fusé, François Nicolas Sourdat a rappelé les contraintes auxquelles étaient confrontées les régions en matière d'initiatives économiques ; décentralisation inachevée, caractère aléatoire des transferts de l'Etat, contexte complexe des différentes initiatives prises par les institutions et responsables économiques avec les risques de confusion.

Sur la question de la dimension de la région, M Sourdat a souligné que la ligne retenue était d'abord pour le conseil régional de travailler sur l'espace de la région administrative, en développant toutefois des actions communes avec d'autres collectivités et singulièrement la Loire Atlantique. Le champ de coopération européennes et internationales est également de mise.

Sur les rapports avec les autres organismes, consulaires ou institutionnels, le climat est qualifié de bon, voir excellent lorsqu'il s'agit de développer des projets, l'agence n'ayant pas une vocation de tutelle.

La conclusion demeure qu'il reste un important effort à fournir pour s'adapter à la mondialisation, François Nicolas Sourdat constate en effet que, si les responsables économiques apparaissent confiant pour l'avenir des entreprises bretonnes dans l'absolu, ils expriment néanmoins de grandes craintes pour leur capacité à s'inscrire dans une complétion mondiale où il ne suffit pas d'être bon, mais où il faut être le meilleur, et que cela se sache…

C'est à ces questions que doit s'atteler l'agence économique pour permettre aux entreprises de disposer des innovations, d'une capacité de recherche et de soutien à leur développement en terme de marché, et d'inscrire la Bretagne non seulement comme une belle région, mais aussi comme une région disposant de spécialisations de pointe.

Les participants auront retenu la volonté des acteurs économiques de travailler ensemble, et celle de la région d'avancer dans son implication économique, et ce en dépit de moyens encore limités. Ils auront relevé également les risques qui pèsent sur les fondamentaux de la Bretagne, et les changements de cap et d'allure a engager. Ils ont enfin souligné la faiblesse des ressources financières disponibles pour mener ces actions.

Au terme de cet entretien-débat particulièrement dense sur 2h30, chacun a pu poursuivre le débat lors du traditionnel pot convivial, ou, Paris Breton a chaleureusement remercié François Nicolas Sourdat pour son intervention et lui a donné rendez vous pour son colloque à l'automne 2008.

Ces entretiens débats dont le rythme sera dorénavant mensuel permettront d'accueillir Jean Ollivro le 28 Mai à la maison de la Bretagne de 18 à 20 heures sur le thème :

Quelle Bretagne en 2030 ?

Paris Breton www.parisbreton.org contact(AT)parisbreton.org


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