Lors des récentes élections municipales, il est apparu qu'un nombre plus important de Bretonnes et de Bretons ont apporté leurs voix au Front National français. Serait-ce la fin de l'exception bretonne, tant vantée, qui laissait jusqu'à présent le peuple breton à l'abri de l'idéologie nationaliste française ? Et, conséquemment, serait-ce la disparition prochaine de ce peuple qui, lors de son rattachement à la France, a perdu son indépendance et bientôt sa langue et sa culture au profit de la langue et de la culture française? Le Parti Breton oeuvre pour qu'elles puissent être conservées ou retrouvées.
En un mot, les Bretons vont-ils finir par devenir des Français comme les autres ? C'est-à-dire des nationalistes français comme il en existe dans la majorité des partis politiques français qu'ils soient dits «de gauche» ou dits «de droite»; les plus virulents de ces nationalistes se trouvant aux deux extrémités du spectre politique, au Front National (de droite) et au Front (national) de Gauche. Ces deux formations ultranationalistes sont les héritières de la tradition chauvine et jacobine de la révolution de 1789.
Car, le FN n'est pas une anomalie (Marc Crapez dans MARIANNE). C'est un vrai parti Français! Vu dans la durée, ce parti endosse une fonction tribunicienne, jadis dévolue au républicanisme, puis au bonapartisme, au boulangisme, au communisme, au vichysme, au communisme et au gaullisme, mouvements qui chantaient tous l'épopée française. Le Front National chante à nouveau l'épopée d'une République Française et de ses valeurs. A quelques nuances près, ce couplet des valeurs républicaines est repris aussi bien par la gauche et que par la droite françaises. S'il en est des louables, il est aussi des valeurs exécrables comme le colonialisme (aujourd'hui, le néo-colonialisme en Afrique) et le racisme.
Le vote FN, s'il est en Bretagne conforme à la tradition française, est alors l'expression d'une contamination de la Bretagne par cette idéologie arrogante issue du siècle des «Lumières». A force de se convaincre que « Paris est la plus belle ville au monde», que la langue Française est la plus belle langue, que «la cuisine Française est la meilleure au monde», que le «vin Français est le meilleur au monde», que «le pain Français est le meilleur au monde», que « les Champs Elysées sont la plus belle avenue au monde», les Français ont tendance à se sur-estimer systématiquement. Et, en bons jacobins, à sur-estimer la «ville-lumière»!
Le Parti Breton considère que cela rend urgent, avant que disparaisse toute trace de bretonnitude, l'obtention d'une véritable autonomie politique permettant à la Bretagne de se détacher de cette regrettable épopée et aux Bretons et aux Bretonnes de rejeter cette dangereuse idéologie.
Yves François Le Coadic
Membre du Conseil National du Parti Breton
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