C'est une première, réalisée à la demande du comité de jumelage local, qui a demandé beaucoup plus de travail encore que la centaine de conférences antérieures. Pourquoi une histoire parallèle? Olivier Caillebot précise: «l'histoire comparative permet de mieux cerner l'originalité des deux territoires, des deux populations concernés. Et de cerner ce qui les unit comme ce qui les sépare».
Le Pays de Galles entre dans la première guerre mondiale de façon plus progressive que la Bretagne. Comme en Irlande, la conscription n'y est pas obligatoire. Il faut donc s'engager mais la pression sociale et politique est très forte et les jeunes gallois s'enrôlent en masse. Comme pour les Bretons, les ruraux sont en première ligne et vont connaître de lourdes pertes, notamment dans cette bataille de la Somme où les Britanniques ont perdu 420 000 hommes. 45 000 Gallois dont 10% des hommes galloisants meurent dans la guerre. Par contre, les mines de charbon et les aciéries tournent à plein régime et les salaires doublent. Les femmes sont appelées en masse à y travailler. Une fois la guerre finie, la crise de reconversion est terrible. Le marché européen se rétrécit. Les salaires chutent, jusqu'à 60% des mineurs sont au chômage. Le Pays de Galles industriel entre dans une longue crise qui se traduira par la fermeture de presque toutes les mines en 1985. De ce fait, le traumatisme de 1914-18 passe un peu au second plan, contrairement à la Bretagne qui en porte encore les séquelles. Les mouvements nationalistes naissent du traumatisme du dévouement jusqu'à la mort, non payé en retour par une reconnaissance des cultures et des langues galloise et bretonne. En 1917, meurent les grands poètes Hedd Wyn et Bleimor (Yann Ber Calloc'h), défenseurs de leurs langues celtiques si proches, et pour le second, plein d'espoir dans la générosité du pouvoir après la guerre.
Période après période, Avec Olivier Caillebot, nous ferons le parallèle entre les deux réalités, qui bien souvent se rejoignent et quelquefois divergent fortement. Contrairement aux Bretons, l'alcoolisation des Gallois n'a pas eu lieu du fait de la forte influence du protestantisme dissident plutôt puritain. Le pays de Galles a connu en fin de XXe siècle un renouveau plus tardif que celui de la Bretagne, centré sur la culture et la langue galloise, les nouvelles technologies, l'audiovisuel et la «Dévolution», une décentralisation véritable qui n'a toujours pas atteint la Bretagne.
L'histoire parallèle des deux peuples mérite d'être dite et montrée, comme Jakez Gaucher l'avait écrite pour l'ensemble des pays celtiques dès 1990. Cette conférence peut intéresser tous les membres des comités de jumelage et aussi toutes les personnes intéressées par les liens interceltiques, spécialement au moment où le Brexit menace ces liens.
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