A force de faire attention à ce que je mange, j'ai fini par devenir super sensible aux pesticides, fungicides et autres produits chimiques pulvérisés sur les légumes et les fruits. Mon corps est devenu un instrument scientifique. Je suis un détecteur de pesticide vivant. Pas besoin de faire des analyses coûteuses ! Normalement je n'achète pas de légumes hors-saison et le plus souvent, si je peux payer, du bio, mais bon je produis moi-même pas mal de mes légumes dans mon jardin mais pas en février, même dans la serre. . .
Moment de faiblesse, j'ai acheté samedi dernier des courgettes bio dans une grande surface et j'ai été malade. Ma salade avait aussi un avocat et d'autres trucs. Donc à la première consommation, je n'étais pas certain du légume coupable. Le lendemain, je fais cuire juste une autre des courgettes, coupée en tranche mais lavée et avec la peau, car normalement on peut manger la peau des légumes et fruits bio non ? Je prépare ça avec du riz et quelques noix de Saint-Jacques fraîches. Un régal.
Juste après ce déjeuner, je suis de nouveau malade, à courir aux WC ! Donc c'est certain le coupable est la courgette. Je regarde l'étiquette et, bien sûr, elles viennent d'Espagne, plus particulièrement de l'Andalousie, oui de ces serres qui emploient régulièrement des immigrés marocains sans permis de travail, ou même de séjour, ou des Roumains ou autres ressortissants de l'Europe de l'Est (1) qui travaillent le plus souvent au noir. L'étiquette a une certification européenne bio. Mon oeil ! Au même moment, j'entends sur RTL qu'en Espagne, on peut traiter des légumes bio, déjà certifiés donc, après la récolte, pour une meilleure conservation. Oui un légume produit bio n'est pas forcement transporté, ni stocké bio. Et pourtant, le produit a un label AB certifié bio et pour ce produit, une marque de distributeur du nom de Guillem Bio (qui étrangement est quasiment inconnue sur google alors que sa consonance pourrait faire croire que c'est breton car proche de Guilherm ! mais le distributeur n'est pas du tout breton en fait).
Chaque année un million 800 mille poids lourds transportent des marchandises espagnoles vers le nord de l’Europe. Chaque voyage libère 2 tonnes de dioxydes de carbone dans l’atmosphère (source Radio Télévision Suisse (voir le site) ) . Faites le calcul... L'exportation espagnole vers le Nord de l'Europe produit 3 600 000 tonnes de dioxydes de carbone par an.
Ma conclusion ? Ne rien acheter qui vient d'Espagne surtout hors saison, bio ou pas. De plus les produits viennent surtout de l'Andalousie, pas de la Catalogne. Vu l'attitude anti démocratique de Madrid à l'égard de la Catalogne, le dumping social existant en Andalousie, le non respect des critères «bio», l'empreinte carbone des camions, la crise agricole en Bretagne, il est politiquement «incorrect» d'acheter des produits agricoles venant d'Espagne. Boycottez !
J'ai retourné la dernière courgette au supermarché, me suis fait rembourser mais pas avant d'avoir eu une discussion avec le directeur qui doutait et déclara que «de toutes façons c'était la centrale d'achats qui décidait, pas lui». Je lui ai alors proposé de manger la courgette pour son dîner et de constater par lui-même. Il n'a pas dit non. A la question de «pourquoi vendre des courgettes en février ?» il a répondu que «toute la concurrence le faisait donc ils étaient obligés de le faire». En deux mots, il est obligé de vendre de la merde car les autres le font. C'est donc aux consommateurs, à vous, de revenir au bon sens et d'acheter du local, du breton, de favoriser les circuits courts et de soutenir nos agriculteurs.
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