Boris Le Lay a fait des émules

Chronique publié le 27/10/24 19:24 dans Politique par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Le PNB présent lors de la manifestation pour la réunification le 12 octobre 2024. photo Youtube

Avertissement : Les liens vers les sites internet cités sont fournis ici, non à des fins de propagande, mais pour étayer les faits et les propos rapportés, tout en considérant les lecteurs suffisamment adultes pour décider eux-mêmes de l'intérêt des contenus mentionnés.

La liberté d'expression a gagné, mais l'anonymat a perdu

Si la liberté d'expression est au cœur des réseaux sociaux, ces plateformes facilitent aussi l’anonymat, permettant à des utilisateurs de créer des identités fictives et des comptes sous de faux noms. Cette facilité a mené à des manipulations et des campagnes de désinformation massives, amplifiées par la portée mondiale des réseaux.

J'ai moi-même signalé des faux comptes à Facebook, mais sans réaction de leur part. Ce manque de contrôle est l’une des faiblesses de ces plateformes. Pour Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, maximiser le nombre d’utilisateurs – et donc les revenus publicitaires – importe plus que l'authenticité des interactions ou des personnes. La prolifération de faux comptes, y compris d'origine étrangère lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, n’a pas posé de problème pour l’entreprise, tant que cela gonflait ses chiffres. Quant aux annonceurs, ils n’avaient aucun moyen de distinguer les vrais utilisateurs des faux.

Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter, prend une approche différente. Farouche défenseur de la liberté d'expression, il a annoncé vouloir réduire l’anonymat en rendant le service payant – même avec un tarif symbolique de 1 dollar par an – pour lier chaque compte à une carte de crédit identifiable. Cette initiative vise à préserver la liberté d’expression tout en réduisant l’anonymat, souvent lié aux campagnes de désinformation.

Les sites néo-nazis toujours présents

Boris Le Lay, Breton d’origine résidant au Japon, a été maintes fois condamné par la justice française pour diffamation, incitation à la haine raciale, injures publiques, et antisémitisme (voir notre article). Malgré cela, il reste présent en ligne, la suppression totale de ses contenus étant impossible en dehors de régimes autoritaires comme la Chine. Le Lay avait révélé son vrai nom en 2010 lors d'une tentative d'accréditation sur ABP, où les pseudonymes sont interdits. . Je suis contre l'anonymat depuis mon expérience avec les newsgroups, le premier réseau social, dans les années 1990.

Boris Le Lay voulait annoncer sur ABP son nouveau site web intitulé Breiz Atao. Breiz Atao fut l'organe du parti autonomiste et après 1931, l'organe du Parti National Breton. Une recherche faite par Fanny Chauffin avait alors mis en évidence un langage ordurier sur un autre site où il écrivait avec une violence inouïe, des propos antisémites dignes du 3e Reich.

Des écrivains comme Michel Treguer ou des élus comme Christian Guyonvarc'h et Mona Bras ont été les cibles de ses attaques. En 2011, il rappelait l’ascendance maternelle ukrainienne juive d’Alan Stivell dans une démarche antisémite. Son site Démocratie Participative propageait des discours rappelant les heures les plus sombres de l’histoire européenne. Suite à une attaque du hacker Symed18 en février 2022, le site démocratie participative n'existe plus. Le hacker ayant révélé sa ville de résidence dans la banlieue de Tokyo et d'autres informations confidentielles comme la liste des abonnés à sa newsletter, Boris Le Lay s'est fait beaucoup plus discret sur les réseaux. Il n'a rien posté depuis deux ans.

Plusieurs personnalités politiques et des collaborateurs d’ABP comme Christian Rogel et Fanny Chauffin, ainsi que moi-même, avions été pris pour cibles. Bien que je sois opposé aux idéologies jacobines, j’ai toujours condamné les violences politiques, y compris l’agression de Manuel Valls par un militant breton d'extrême droite en 2017. La violence n’a pas de place en démocratie. Ça m'a valu des propos haineux de Boris Le Lay.

Les efforts du ministère de la Justice : des résultats limités

Depuis 2016, le ministère de la Justice demande régulièrement aux réseaux sociaux de fermer les comptes de Boris Le Lay. Facebook a supprimé son compte en 2019, alors qu’il comptait 135 000 abonnés (voir notre article). En 2018, le ministère a également pris une mesure exceptionnelle en demandant aux fournisseurs d'accès de bloquer l’accès au site Breiz Atao (voir notre article). Google a retiré Breiz Atao de ses résultats de recherche, mais le site restait accessible via son URL directe breizatao.com.

Le site Démocratie participative a été retiré de Google France en 2020 . Aujourd'hui le site breizatao de Boris Le Lay n'existe plus mais un certain Claude Guillemain anime depuis avril 2024 un breizatao.bzh . Ce nouveau site n'a pas le zh dans Breizh ce qui signifie à nouveau une revendication symbolique du Breiz Atao d'avant guerre.

YouTube a également supprimé le compte de Le Lay en 2017 ( Le Monde, 2017 ). Cependant, des utilisateurs ont rechargé ses vidéos sur des plateformes comme Odysee, une plateforme de vidéos d’extrême droite. Sur cette plateforme on retrouve en particulier l'appel de Boris Le Lay pour recréer le Parti National Breton (PNB) ou des videos de Démocratie Participative sous le nom de Le Korrigan comme une appelant à un Djihad Aryen

Alan Le Cloarec, président du parti indépendantiste Douar ar Frankiz, a documenté ces résurgences dans son enquête sur le retour du Parti National Breton, publiée par NHU

La résurgence du Parti National Breton (PNB)

Le Parti national breton (en breton : Strollad Broadel Breizh) , abrégé en PNB, est un parti politique nationaliste breton qui a existé de 1931 à 1944 dont certains membres ou ex-membres ont collaboré avec les Nazis. Par contre, il est important de noter qu'à partir de 1943, la ligne politique du PNB est la neutralité. Le PNB n'a pas collaboré contrairement à ce qui a pu être écrit. Les éléments pro-allemands, engagés dans l'unité paramilitaire auxiliaire des Nazis, du nom de Bezenn Perrot, comme Célestin Lainé, seront même exclus. En mai 1944, Célestin Lainé lancera son propre Parti National Breton. A la Libération tous les PNB sont dissous . Le fichier des abonnés de la revue Breiz Atao ayant été saisi, les abonnés, collabos ou pas, seront arrêtés.

Le 12 octobre dernier, lors de la manifestation de Bretagne Réunie, une banderole du Parti National Breton a été aperçue en fin de cortège. Si des incidents violents ont été rapportés et analysés selon les appartenances politiques, les observateurs s’interrogent sur la nature de ce PNB ressuscité. Ce nouveau PNB dispose d'un site web, d’une page Facebook, d'un compte Odysee et d'un compte X. Son dirigeant, connu sous le nom Ar Marvailher ou Breizh ar Vroad serait, selon plusieurs sources, Erwan Pradier. Le programme de ce nouveau PNB comprend la construction d'un mur entre la Bretagne et la France, ou l'abolition de l'impôt sur le revenu. Parmi les joyeuses innovations proposées : des châtiments qui prévoient la pendaison dans le cas d'avortement.


Vos commentaires :
Brocélbreizh
Dimanche 22 décembre 2024
Merci pour cet article très enrichissant.

Alan-Erwan Coraud
Dimanche 22 décembre 2024
Bon article. Oui aucune complaisance pour ces ultras. Souvent les groupuscules extrémistes sont créés par le ministère de l'intérieur. En Allemagne 5 dirigeants d'un groupe néo-nazis étaient poursuivis par la justice pour apologie du nazisme et d'Hitler. Les poursuites ont été abandonnées... 4 des 5 dirigeants appartenaient au ministère de l'interieur !

Rafig Naoned
Dimanche 22 décembre 2024
A causse du PNB : le nationalisme est sali, lié encore une fois à l'extrême droite.

On peut être patriote et nationaliste breton avec son cœur et sa conscience d'être d'une terre et d'une culture spécifique, sans en vouloir aux "étrangers" ni faire une question de "pureté" génétique.

Être citoyen français et européen en revendiquant sa nationalité bretonne issue d'un héritage historiquement prouvé et documenté.

Infiltrations police : cela ne fait aucun doute que nous sommes surveillé et infiltré par des agents pro-français dans le sens jacobins, nationaliste = colonialiste, autoritaire, anti-diversité culturelle ...


jakez Lhéritier de Sant Nazer
Dimanche 22 décembre 2024
Cette technique d'infiltration est connue depuis toujours,
39/45,La guerre d'Algérie des deux côtés,le mouvement breton et des pseudos attentats.
Nous étions infiltrés et le sommes encore aujourd'hui.
Ne soyons pas naifs?
J'en connais à Saint Nazaire...et faisons attention.Mais que faire quand il s'agit de militants "retournés"
Dénoncer rapidement il le faut!
mais passons plutôt notre temps à nous coordonner et à monter des actions bretonnes ambitieuses .

AlanE. VALLÉE
Dimanche 22 décembre 2024
Considérons tristement qu'il ne s'agit ici que de la détestable contrepartie et conséquence de l'autisme profond de l'hexagonal jacobinisme.
AV

Hervé Brétuny
Dimanche 22 décembre 2024
l'existence de ce groupuscule permet d'afficher un chiffon rouge et empêche une droite bretonne d'émerger , ce qui fait que ce qui est acceptable est définipar ...l'UDB : un centre droit (parti breton) en plus mis de côté , ce qui fait qu'une part notable de l'électorat potentiel autonomiste est mis de coté depuis plus de 40 ans ...allez continuons avec nos 1% de vote autonomiste . kousk breiz izel .....

donc à qui profite le crime ?


Mona Braz
Dimanche 22 décembre 2024
Merci pour cette très bonne analyse et les commentaires eux aussi d'un bon niveau. En pareil cas, je me demande toujours "à qui profite le crime ?" Certainement pas au mouvement breton qui souffre encore de l'histoire des 66 membres de la Bezen Perrot (la légion SS Charlemagne à côté, c'est 7340 volontaires français...). Rappelons inlassablement l'identité des Bretons, identité celtique, plurielle et ouverte au monde. Souvenons nous que la Résistance en Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale se manifeste dès juin 1940, par les ralliements les plus précoces à la France libre, en réponse à l'appel du général de Gaulle. Les Bretons fourniront près de la moitié des effectifs de la France libre. Ce PNB nouveau est à l'image de ce qu'il représente : sectaire et groupusculaire. Hélas, il rend le travail encore plus difficile pour les partis autonomistes bretons. A qui profite le crime ??

Penn Kaled
Dimanche 22 décembre 2024
Votre analyse est bonne.

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