« Vivre, décider, travailler en Bretagne ». Tout le monde connaît ce credo des Bonnets Rouges (voir le site)
Pour les Bretons, le dernier mot était clair : la Bretagne, c'est la Bretagne. La Bretagne = la Bretagne réunifiée !!!
Pour les Français, il nécessite cette définition préalable que l'on retrouve dans la plus importante des onze revendications majeures exposées. Des vidéos sont visibles ici : (voir notre article).
Devant une foule conquise, Gwenn-ha-du solidement fixés sur des hampes, le collectif des Bonnets Rouges a ouvert ses premiers États Généraux. D'autres articles sur ABP précisent ou préciseront le contenu de cette journée (voir notre article).
Des méthodes informatiques et statistiques sophistiquées ont été utilisées pour analyser les quelque 15.000 doléances, les regrouper et rédiger ces revendications (2). « Il s'agit d'une méthode exactement à l'inverse de celle employée par l'État jacobin dans son pacte soi-disant d'avenir, en imposant de Paris sa vision » précise Thierry Merret, plus anti-énarchiste et anti-jacobin que jamais. Il le peut, quand on voit le résultat de cette méthode qui redore le blason du mot participatif.
Le lecteur se reportera aux pièces jointes (PDF) ci-dessous pour découvrir cette méthode dite des nuages de mots, avec les graphiques parlants très détaillés. Il lira aussi les onze revendications majeures, et leur déclinaison.
Voici la plate-forme des onze propositions
- Maintenir la gratuité des routes en Bretagne et supprimer définitive de l'écotaxe ;
- Libérer les énergies et soutenir l'emploi par l'allègement des charges et des contraintes administratives ;
- En finir avec le dumping social et les distorsions de concurrence en Europe ;
- Relocaliser les décisions et les pouvoirs économiques en Bretagne ;
- Développer des infrastructures et des modes alternatifs de transport avec un rééquilibrage Ouest/Est ;
- Appropriation par les Bretons de la filière énergie et développement des énergies renouvelables ;
- Relocaliser la finance ;
- Officialiser la langue et la culture bretonnes ;
- Renforcer l'expérimentation, le dialogue, la transparence et le vivre ensemble en Bretagne ;
- Doter la Bretagne de ses propres média audiovisuels et numériques ;
- Une Bretagne forte à 5 départements avec relocalisation des décisions politiques.
Dans le public très fourni (plus de 4.000 personnes dans la salle complète et sous l'écran géant dressé dehors), seulement une soixantaine de membres des différents comités de Loire-Atlantique est présente.
« Morlaix, c'est loin !!! » Certains ne sont pas venus, craignant que la question de la réunification ne soit pas un souci majeur. Nous avions assisté à un débat dans la semaine entre deux militants chacun expliquant ses arguments pour y être ou pas.
L'un des protagonistes - appelons-le Denez - expliquait qu'il fallait être présent, éventuellement interpeller les intervenants et la foule sur la nécessité de mettre cette revendication. En effet, que voudrait dire « Vivre, décider et travailler en Bretagne » si l'on ne précise pas ce qu'est notre Pays ?
Précaution inutile : Amélie Barrely, porte-parole du comité du Pays de Nantes s'est beaucoup investie en amont pour porter ce message, et l'analyse des doléances montre bien que la Réunification est un préalable à toute politique d'un développement économique, social et environnemental qui sera durable et utile pour la Bretagne, et par ricochet, pour l'Europe et pour la France.
Après un rappel émouvant de l'histoire du mouvement, de ses heures les plus heureuses comme les plus tristes, après un listage précis des portiques démontés ou brûlés, les revendications (voir ci-dessus) ont été énoncées l'une après l'autre, avec quelques commentaires. Les deux les plus ovationnées sont sans conteste : en premier Une Bretagne forte à 5 départements avec relocalisation des décisions politiques qui a soulevé une très longue standing ovation.
Il faut dire que les porte-parole - Corinne Nicole (syndicaliste ouvrière à Tilly-Sabco), Christian Troadec (maire DVG de Carhaix), Thierry Merret (légumier dans le Haut-Léon, FDSEA29) accompagné de Jean-Pierre Le Mat, patron de Décision Alpha, CGPME22)- ont bien ménagé le suspense, amenant cette dernière revendication comme la principale. Une autre revendication a reçu un écho extrêmement favorable : « Officialiser la langue et la culture bretonnes ».
Certaine presse ou certains gouvernants font mine de s'interroger sur la pérennité de ce mouvement qu'il qualifie d'hétéroclite.
Régner en divisant est votre logique, Messieurs, et vous essayez de briser ce mouvement en le qualifiant d'hétéroclite, disant par là que ne peuvent travailler ensemble syndicalistes ouvriers, patronaux, agricoles.
Tous sont des besogneux, Messieurs, et surtout, ils ont en commun quelque-chose qui vous échappe, un ciment qui a montré sa solidité tout au long de l'Histoire, et qui se nourrit et se forge avec et grâce à elle. Cette force s'appelle la Bretagne, Messieurs.
Les ouvriers de l'agro-alimentaire ont besoin des patrons, d'agriculteurs, de marins, de transporteurs. Les schémas binaires parisiens ne marchent pas ici, Messieurs.
Ah ! Oui, c'est plus confortable pour vous, des gentils patrons contre des méchants syndicalistes, ou des gentils syndicalistes contre des méchants patrons, des gentils bobos contre des méchants agriculteurs, ou réciproquement, selon la couleur politique nationale de celui qui parle.
C'est simple pour vous, la vie ainsi. C'est blanc ou noir. Mais ici, Messieurs, ce n'est pas blanc OU noir, c'est blanc ET noir, des couleurs de notre drapeau breton, le Gwenn-ha-du (voir le site)
La Bretagne est Bretagne depuis [[Nominoe]], Nantes est capitale de la Bretagne depuis [[Alain Barbetorte]] (respectivement IXe et Xe siècle). La Bretagne a sauvegardé son intégrité durant plus de 1.100 ans !!!
Sous une ovation rare, les Bonnets Rouges invitent tous les participants à se joindre à la manifestation organisée par Bretagne Réunie (voir le site) et 44=Breizh (voir le site) le 19 avril dans les rues de Nantes.
Cette manifestation est annoncée comme joyeuse et festive. L'organisation sera rigoureuse, afin d'éviter des provocations, pouvant venir aussi bien d'un côté que de l'autre. Nous savons donc qu'il y aura au moins 4.000 manifestants : les présents de Morlaix. En effet, l'ensemble des Bretons est pour la réunification, les sondages réalisés dans les 5 coins de la Bretagne le montrent, ainsi que les v½ux votés par les différentes collectivités concernées.
Mais cette réunification ne doit pas être obtenue par un référendum qui serait l'arme ultime anti-démocratique. La solution proposée par les Jacobins serait en effet un référendum dans chacun des départements concernés. Or cette réunification va contre la volonté de l'actuel président du Conseil régional des Pays-de-Loire (région hétéroclite), et celui-ci dispose d'outils de propagande développés. Elle va aussi contre la volonté de ceux (celui ?) qui se verraient (verrait ?) à la tête d'un Grand-Ouest ne signifiant rien. Il serait donc mécaniquement impossible d'obtenir la majorité des votants avec en plus la moitié des inscrits dans chacun des départements concernés (1). L'amputation du département 44 (appelé alors Loire-Inférieure) est issue d'un décret signé par Pétain en juin 1941. Celui-ci doit-être abrogé par un autre décret, pas par les urnes !
Une fois la Bretagne rendue à 5 départements, l'acte 2 de la Décentralisation, en discussion au Parlement au prochain printemps, doit intégrer le droit à la différenciation. Une décentralisation liée au mot généralisation, c'est un [[oxymore]] !!! Plaquer le même modèle partout est bien un schéma de pensée jacobin.
Messieurs les gouvernants nationaux, regardez ce qui se passe dans tous les pays d'Europe, chez nos voisins et partenaires : l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Espagne pour se limiter aux plus proches. Ne croyez-vous pas que votre jacobinisme est un phénomène unique, objet de curiosité pour ne pas dire de moqueries !!!
Le souhait est-ce créer pour celles qui le veulent, la Bretagne (à cinq) en ce qui nous concerne, une collectivité unique. Et ne dites pas « suppression des départements » afin d'effrayer le public. Dites « fusion des Conseils généraux et régional ». Hop, une couche administrative en moins, de la paperasse en moins, et de l'efficacité en plus.
Quatre points précisent ce qu'entendent les Bonnets Rouges dans leur proposition n° 11 concernant la gouvernance de cette Bretagne réunifiée et ses principales compétences :
- Un parlement breton avec pouvoir législatif, à l'image de ce qui existe ailleurs (Länders allemands, Écosse, Catalogne, etc.) ;
- La dévolution progressive du pouvoir réglementaire en commençant par la fiscalité de proximité, l'action économique, les attributions linguistiques et l'enseignement ;
- Une autonomie de la Sécurité Sociale en Bretagne, comme cela existe en Alsace ;
- Régionalisation de la collecte des taxes et des impôts.
Les orateurs notent qu'en cette année 2014 la Bretagne entière célèbre le 500e anniversaire de la disparition de la Duchesse Anne (1477-1514) (voir le site)
Un point commun avec la Duchesse est à noter, l'Insoumission. La Duchesse fit tout pour sauvegarder l'entièreté et l'intégrité de la Bretagne. Son contrat de mariage avec Louis XII était très clair. Mais il fut bafoué par François 1er, et par tous les gouvernants successifs, qu'ils fussent royaux ou républicains.
Cet adage bien connu s'est vérifié mais, les Bonnets Rouges étant des gens pressés, ceux-ci n'ont pas attendu la fin de la journée pour lancer la première gavotte. Durant l'entracte, [[Les Frères Morvan]] y sont allés de leur kan ha diskan, et la gavotte est partie.
Les États généraux se sont clos par un fest deiz, animé par le groupe Startijenn (voir le site)
L'auteur de ces lignes s'en est alors retourné en Bretagne du Sud, vers Nantes (Naoned, e Breizh, evel just).
(1) voir l'échec du référendum en Alsace pour un Conseil unique, malgré une grande majorité de « Oui » (voir le site)
(2) Jean-Pierre le Mat s'investit beauoup dans les Bonnets Rouges. Il fut l'auteur d'un discours très remarqué à Carhaix (voir notre article), lors de la grande manifestation du 30 novembre.
Ingénieur de formation, président de la CGPME des Côtes d'Armor, il a piloté les travaux d'analyse des 15.000 doléances, quant à la méthodologie, www.contreculture.org/Stockage. Ces travaux ont été réalisés grâce à d'éminents chercheurs internationaux.
Les Cahiers de doléances sont toujours ouverts !!! On peut continuer à les renseigner ici : (voir le site)
■Et nous qui ne sommes rien de cela (chômeurs, fonctionnaires, employés de bureau ou de commerce, enseignants, retraités,ados ...etc) mais qui pouvons être issus de ces catégories ou en être objectivement solidaires, nous les «simples citoyens» (Ch.T.) aimeraient aussi être nommés au moins quelquefois puisque nous sommes là sous le bonnet... Attention à ne pas nous diviser, même involontairement. Lâret eo bet.