Lors de son intervention à Rennes mercredi, Bernadette Malgorn, tête de liste de Ensemble pour la Bretagne s'est réclamée du gaullisme et de la démocratie chrétienne. Répondant à une attaque du président sortant elle a déclaré : «Je ne suis pas là pour mettre la Bretagne au pas, mais pour me mettre à son service».
Au nom des valeurs de «justice et de liberté», elle s'en est prise à la majorité socialiste du Conseil régional : «Nous vivons dans cette région depuis trop longtemps sous la domination d'une idéologie du XIXe siècle : le socialisme [...] qui a endormi, bureaucratisé la Bretagne, qui a étouffé les énergies, un socialisme édredon dans lequel se sont amortis les élans créateurs. Il est temps de se débarrasser de cette idéologie» a déclaré la candidate de l'UMP.
Pour un pacte de confiance
Bernadette Malgorn a dénoncé un Conseil régional, «qui colloque plus qu'il ne décide», et dont la politique «redistributrice» se contente de distribuer des subventions. Elle se propose de «libérer les énergies», de s'adapter aux besoins des Bretons et de décider démocratiquement sans excès bureaucratique. Elle veut «renouer avec l'audace et l'esprit de conquête» qui ont porté la Bretagne au fil des siècles. Pour cela, elle propose aux Bretons un pacte de confiance, y compris avec les agriculteurs, les partenaires sociaux, mais aussi avec les jeunes qu'elle veut faire entrer dans l'entreprise pour en comprendre la culture : la culture d'entreprendre (création du Breizh campus).
Philippe Argouarch
■Elle va «s'adapter aux besoins des Bretons» !
Et elle ne parle pas de la réunification de la Bretagne...
Je suis tout à fait étonné de voir comment madame F. Louarn peut encore croire à un changement de fusil d'épaule avec des partis qui sont sous le joug de Paris (et que ce soit le PS où l'UMP, c'est la même chose). C'est beau de dire que les socialistes bretons n'ont pas fait grand chose dans le domaine de la langue, dans celui de la réunification et autres... Et c'est vrai, naturellement. Mais avec l'UMP, qu'est-ce qui changera ? Et monsieur de Rohan n'avait-il pas eu le temps d'aller de l'avant ? Et le gouvernement Sarkozy, de l'UMP, qu'a-t-il fait pour le pays ? Rien, rien, rien... Nous avons attendu trop longtemps, ne trouvez-vous pas ? Nous avons attendu depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des petites choses sont arrivées, de temps en temps, très lentement... Le pays et la langue sont dans le même état cependant. Je ne veux plus croire qu'un changement viendra de partis français. Maintenant il faut voter pour une liste complètement indépendante, Ni ho savo Breizh : Nous te ferons Bretagne. Les Bretons veulent que ce soit leur pays qui décide, comme moi probablement.
Un autre exemple révélateur de l'immobilisme de notre classe politique en matière de démocratie locale nous est donné dans ce (discret) entrefilet paru dans OF du 10 mars 2010. Tout observateur, certes attentif vu la discrétion (pour ne pas dire omerta) des médias nationaux sur ses sujets, sait que depuis des décennies le Pays Basque français sous l'égide de l'association Batera, réclame la création d'un département basque.
Il se trouve que «122 communes sur les 129 que compte le Pays Basque» ont l'intention d'organiser une «consultation citoyenne» «pour ou contre la création d'une »collectivité territoriale« basque interessant »189 400 personnes soit 91,54% de la population.
Réaction immédiate du proconsul (pardon Préfet) des Pyrénées-Atlantique menaçant de sanctions disciplinaires les maires qui prendraient part à cette consultation.
J'espère qu'ils ne se «dégonfleront» pas.
Imaginez 122 maires destitués, voire jugés, peut-être mis en prison, remplacés par des «administrateurs coloniaux»...voilà qui «aurait de la gueule dans notre pays de Droits de l'Homme».
Bel exemple type de démocratie locale version République française.
Remarquez que l'Espagne pourtant bien plus «décentralisatrice» à aussi déclaré le projet de référendum sur l'autodétermination du Pays Basque envisagé par le PNV (battu par la coalition gauche/droite jacobino-espagnole) et les 2 consultations réalisées localement (oui à 92%) en Catalogne, constitutionnellment invalides.
Comme quoi, les «princes» des états-nations qui nous gouvernent,(«tyrans domestiques» envers leurs minorités nationales, souverainistes chauvins vis à vis de l'Europe), s'entendent comme larrons pour défendre leur précarré. La Bretagne s'est senti longtemps oubliée, puis méprisée, elle se sent maintenant humiliée.
De Gaulle a dit un jour: «Rien de tel que l'humiliation pour révolter un peuple».
C'est cet état d'esprit qui semble animer de plus en plus de bretons...Du moins je l'espère.