Cette semaine, à l'Opéra de Rennes, on peut assister à une pièce qui n’a jamais été jouée dans notre capitale : Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz. Le compositeur, qui a été l’auteur d’opéras tragiques toute sa vie, a ressenti l’envie et le besoin de créer une pièce joyeuse, un « opéra-buffa ». Il a gardé son projet en tête pendant presque 30 ans et l’a écrit dans une période triste, après le décès de sa femme.
Il a cherché l’inspiration chez William Shakespeare dans « Beaucoup de bruit pour rien ».
Il a aussi écrit le livret et finalement l’opéra qui fut terminé en 1862.
L'œuvre est pleine de contrastes, mais le plus important est le romantisme et la construction des personnages, surtout celui de Béatrice.
La musique fait partie centrale du spectacle.
Dans la représentation d’aujourd’hui, c’était impossible de garder telle quelle l’histoire de Berlioz.
La mise en scène fut confiée à Pierre-Emmanuel Rousseau, qui a préparé aussi la scénographie et les costumes.
On se retrouve sur une plage sicilienne dans les années 80 à Messine.
Une puissante famille de mafieux célèbre un mariage. Des hommes sont venus après des règlements de comptes avec leurs rivaux. Parmi les invités on retrouve d’anciens amants, Béatrice et Bénédict. Il semble que ces deux-là sont faits l’un pour l’autre mais la vie commune et le mariage, ils ne l’imaginent même pas ! Ils se taquinent sans cesse.
Béatrice connait le destin des femmes de la mafia, qui sont souvent isolées, enfermées dans le cercle de « famiglia » Elle veut rester indépendante. Chez Berlioz, ce personnage était même avant-gardiste.
Dans cette héroïne, on retrouve une similitude avec le personnage de Michelle Pfeiffer dans « Married to the mob , où une femme de mafieux souhaite changer sa vie et couper les ponts avec l’organisation, mais cela s’avère plus compliqué que prévu...
Les costumes nous font voyager dans l’époque du disco avec des tailleurs d’époque aux couleurs ultra flashy.
Dans une scène, les choristes, femmes et hommes, portent des jupes couvertes de rubans très colorés.
Le rôle libre et caractériel de Béatrice était interprété par Marie-Adeline Henry.
Son magnifique soprano nous raconte avec puissance cette relation presque condamnée à cause de conditions impossibles.
Le personnage de Bénédict était joué par le ténor Phillipe Talbot.
La direction musicale était confiée à Sasha Goetzel, qui a dirigé l’Orchestre National de Bretagne.
Les musiciens étaient remarquables dans l'exécution des partitions de cette œuvre très originale et variée musicalement.
L’opéra est à voir absolument, ne serait-ce que pour sa rare présence sur les scènes françaises, mais aussi pour son ambiance joyeuse, et l’un des plus intéressants portraits de femme dans les livrets d’opéras...
Le spectacle, en deux actes chantés en français, surtitré.
Tarifs : de 4 à 63 euros
Durée : 2h30 entracte compris.
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