Totalement bouleversante, cette fiction – mais la réalité ne risque-t-elle pas de la rattraper ? – empreint d’un réalisme cruel, d’un tête-à-tête insoutenable, est LE roman à lire absolument avant les élections, et après. En Bretagne, et ailleurs.
Les Bretons présentent ce paradoxe d’être partagés. Ils sont résolument respectueux de l'obéissance, mais sont aussi capables – les seuls capables – de mobilisations gigantesques dès lors qu’ils prennent conscience qu’ils sont attaqués.
Les deux frères Kerveguen représentent cette dualité, l’un, soldat, représentant de l’ordre absolu, l’autre, fonctionnaire territorial désabusé, un brin dilettante, qui a ressorti son Bonnet Rouge.
Nous sommes en 2020, à deux doigts de la guerre civile.
Les lois sont de plus en plus nauséabondes, votées par un Gouvernement Le Pen issu d’une large majorité à l’Assemblée nationale, suite à une dissolution rendue inévitable deux ans plus tôt.
Dans son dernier ouvrage, «Les Frères Kerveguen» (1), Yvon Ollivier (2) arrive au sommet de son art. Dans un style des plus limpides, les mots s’enchaînent, et les idées et théories émises se succèdent les unes et les autres à un rythme haletant, les images se bousculent, la colère nous gagne. Et peut-être la gêne de n’avoir pas agi plus tôt.
Nous assistons impuissants à un dialogue imaginaire que ces deux frères n’ont jamais eu l’occasion d’avoir quand ils étaient jeunes, quand ils étaient unis, quand ils s’admiraient, mais se détestaient ou se jalousaient déjà. Dans le Léon de leur jeunesse, on ne parle pas, Monsieur. Mais ici, à Quimper, à deux doigts d’une issue dont on sent qu’elle est inéluctable, oui, l’auteur leur fait avoir ce dialogue extraordinaire à distance, l’un sous son Bonnet Rouge, derrière les barricades, l’autre du côté de la crosse d’un fusil ou sur son char.
Car effectivement, la guerre civile est là. La surenchère vers l’unicité de la République, « la France authentique » qui écrase toutes les diversités, oui, toutes les diversités, est à son comble. Seuls les Bretons n’avaient pas donné la majorité absolue à Marine Le Pen, lors de ces législatives. Et, attaqués, ils se révoltent.
Les Français, eux, se reconnaissaient dans des lois de plus en plus iniques, scélérates, qui assuraient leur confort de petit bourgeois (« faut bien que je paye mon appartement » fait dire Y. Ollivier à Agathe, que l’on eût pu croire proche de François. Et ces Français applaudissent quand on met des barbelés autour de certains quartiers, quand on fait des lois restreignant les libertés dont le seul but est d’interdire à l’Autre d’être. Ah oui, c’est facile. On vit à crédit pendant des décennies, la crise morale et financière devient insupportable (comprendre que l’on ne peut plus supporter), bref, on est dans le mur, il faut trouver une solution. Plutôt que de la chercher, on prend la plus simple. Le bouc-émissaire. On fait ainsi coup double. On donne à penser que le Gouvernement oeuvre pour la sortie de la crise, le bon peuple apprécie, puisque le coupable, la cause, est désigné, l’Autre, l’étranger, le Breton, et de l’autre côté, on va vers l’aboutissement complet de l’oeuvre inachevée de la Révolution, la suppression de l’altérité, la guerre contre les diversités.
« La logique de la France contre l'Autre, développée par Robespierre y tend naturellement. La France de l'unicité conduit naturellement à la France authentique de Marine Le Pen. Cette France authentique ne veut rien dire, c'est une folie criminelle et schizophrénique qui peut nous conduire au pire » nous dit Yvon Ollivier. Il est clair, aussi, quand il nous dira : « Le totalitarisme est inéluctable, dès lors que le Front National est au pouvoir ». Il n’hésite pas affirmer, « Oui, le Front National est d’extrême droite ».
La démonstration de Y.Ollivier est implacable, réalisée sous forme de ce dialogue ping-pong entre François et Paul. On n'en sort pas indemne. On comprend les mécanismes de la montée de la haine, et, heureusement, ceux de la montée de la Résistance. Seuls les Bonnets Rouges pouvaient se rebeller.
La volonté d’anéantir la Vallée des Saints, à Carnoët (3), les attaques contre les écoles Diwan (« La fin programmée des écoles Diwan par le pouvoir a précipité le déclenchement. Cette décision du ministre de l’Éducation Michel Onfray ») ont été les déclencheurs. Deux symboles qui font ciment du peuple breton sont attaqués par le pouvoir. On appréciera l’humour de l’auteur en mettant Onfray (4) à l’Éducation nationale – mais est-ce une fiction ?).
Non. Ce n’est pas possible. Les Bonnets rouges ressortent. En début d’ouvrage, ils occupent Quimper, et les deux frères sont face à face, un fusil braqué de l’un vers l’autre.
Et le sang coulera, c’est inéluctable.
Optimiste, oui, le roman l’est, dans la mesure où il montre que les hommes peuvent se lever. Mais à quel prix ? Que d’émotion, quand une cornemuse sort d'on ne sait d'où, et pousse son cri, à deux pas de la cathédrale Saint-Corentin épargnée. « Le peuple des Bonnets Rouges […] se retrouve debout ».
Cette oeuvre devrait être lue par tous les Bretons. Que de choses on comprend. C’est aussi la version la plus accessible à tous, la plus poignante, la plus aboutie de la réflexion d’Yvon Ollivier (voir ci-dessous sa bibliographie) sur le refus de la France de se regarder en face, le refus de la France de voir que la diversité est son socle, son ciment. Sur ce que sera la France, si on la laisse aller sur cette pente. Dans cette France, la Bretagne mourra. La France elle-même est vouée à disparaître, sauf si on relève la tête. Et en Bretagne, on sait faire. Notre arme, le Bonnet Rouge, notre carburant, le coeur.
Il devrait être lu aussi par tous les Français. Le choix fait des Gouvernements de lutter contre l’altérité, pour une unicité qui n’existe nulle part ailleurs, et ce glissement vers le totalitarisme qu’exercera l’extrême droite doivent être d’abord compris, puis combattus.
Si seuls les Bretons ont su entrer en guerre contre ce mouvement, alors…
...On est tous Bonnets Rouges.
Ci-dessous une interview exclusive de Yvon Ollivier.
Agence Bretagne Presse : Yvon Ollivier, deux frères, l’un avec un béret, deux étoiles, un général, commandant une brigade motorisée, Paul de son petit nom. L’autre, un bonnet rouge. Ce n’est pas un être parfait. François, ou Fañch, comme l’appelle Paul. Car, Paul est breton, bien que soldat au service du pouvoir central. Oui, ils sont frères. Bretons. Léonards. Tout les sépare, et ils se retrouvent ici, à Kemper. Face à face. Mais dans une situation de crise extrême.
- Yvon Ollivier : Oui, ils sont face à face. Mais ils ne dialoguent pas. Chacun, tour à tour, exprime son ressenti, sa vision des choses, ses souvenirs. Comment ils sont arrivés là. Leurs rancoeurs. Ces deux-là ne se sont jamais parlé. Dans le Léon, il y a beaucoup de choses que l'on n’exprime pas. Le roman est ce dialogue qu’ils n’ont jamais eu.
Tout les oppose, l’un a pris les armes, en lutte jusqu’au bout face au totalitarisme qui s’est progressivement installé en France, suite à l’arrivée de Marine Le Pen, l’autre, soldat respecté des autorités, qui a fait ses armes en Afrique, pourquoi pas en torturant. Il aime l’ordre, l’autorité. Quels que soient les ordres, il les exécutera, dès lors qu’ils viennent du pouvoir.
En fait, tout le long du livre, on voit que tout les oppose, mais qu’ils sont indissociables. Chacun vit de l’autre. L’autre les fait vivre.
Les Bretons ont toujours été partagés entre deux comportements, l’obéissance, à l’image de Duguesclin, la révolte, à l’image des Bonnets Rouges. Notre logique de l’honneur est basée sur ces deux comportements, antinomiques. Ces deux frères sont la métaphore de la Bretagne.
ABP : En un mot, comment et pourquoi les Bonnets Rouges sont-ils ressortis, pourquoi cette révolte qui semble devoir aller jusqu’au bout ?
- Y. O. : C’est l’histoire d’un glissement vers le totalitarisme. Inéluctable dès lors que le Front National est au pouvoir. Suite à une dissolution de l’Assemblée nationale en 2018, le Front National obtient une large majorité absolue. Marine Le Pen est nommée chef du Gouvernement. Et Marine Le Pen, c’est la France de l’unicité. C’est l’étouffement des cultures. C’est la guerre contre les diversités. Les lois que peu à peu elle fait voter ne peuvent avoir pour conséquence que le totalitarisme. On ne peut aller qu’au clash. A la guerre civile.
Dans mon roman, on y est arrivé. Les Bretons se sont révoltés. Dès aujourd’hui, ne propose-t-elle pas la suppression des régions ? Aucun Breton ne peut l’accepter.
Tous les gouvernements actuels ont contribué, chacun à leur manière, à ce lent glissement autoritaire, préparant le basculement totalitaire. Aujourd'hui, la Bretagne est prise au piège entre la France du mensonge et la France de la haine.
La France du mensonge c'est-celle des métropoles et du pouvoir - qui promet beaucoup en termes de diversité ou de mixité sociale mais ne fait rien ou pas grand chose. On peut dire avec un brin de lucidité que le parti socialiste a trahi la Bretagne dans ses espérances politiques, territoriales, démocratiques, linguistiques.
La France de la haine, c'est la France revancharde d'en bas, Marine Le Pen et Mélenchon. Cette France du repli souverainiste est prête à tout, excitée par le tribun et ses discours de rejet.
Nous sommes déjà victimes de la France du mensonge (et de la logique d'étouffement inhérente au principe d'unicité du peuple français). Demain nous pourrions fort bien devenir les principales victimes de la France de la haine, celle de la France authentique de Marine Le Pen. Cette France-là c'est celle du rejet brutal de l'altérité. Je suis très inquiet et j'aimerais que l'on y réfléchisse un peu, pourquoi pas sous la forme d'un comité de vigilance ?
ABP : Pourquoi ce cri d’alarme ?
- Y. O. : Le modèle français, contre la diversité, ne fonctionne plus dans le monde actuel mondialisé. La France est malade. Que se passera-t-il quand l’État ne pourra plus payer ses fonctionnaires, quand il n’y aura plus aucune confiance, plus aucun crédit ? Oui, aujourd’hui, on vit à crédit. La France n’a jamais réglé son problème avec l’altérité. Elle va donc naturellement vers l’uniformité. Les coupeurs de tête peuvent revenir à tout moment. La logique de la France contre l'autre, développée par Robespierre, y tend naturellement. La France de l'unicité conduit naturellement à la France authentique de Marine Le Pen. Cette France authentique ne veut rien dire, c'est une folie criminelle et schizophrénique qui peut nous conduire au pire. La véritable France c'est la diversité.
Le Front National au pouvoir, ce sera une déclaration de guerre à la diversité, c’est une déclaration de guerre à la Bretagne.
ABP : Les Bretons sont seuls à réagir ?
- Y. O. : Oui, dans mon scénario, seule la Bretagne n’a pas voté majoritairement pour l’extrême-droite. Le reste de la France s’est laissé séduire par le discours de plus en plus autoritaire de l’État, jusqu’à ce vote pour le Front National. A l’image d'Agathe, une des maîtresses de Paul, qui semblait pourtant « progressiste » ; les Français approuvent de plus en plus ces lois liberticides. Les Français glissent inexorablement vers l’extrême droite. Sauf ceux qui ont l’intelligence de voir plus loin. Le peuple est dans l’unanimisme. Et à cause de la crise, qu’on refuse de régler, on cherche des boucs-émissaires (les Arabes, l’Europe…). On a perdu le sens de « soi », et on adhère à l’idéologie du « contre les autres ». C’est bien dans la logique de la Révolution française, contre tout, contre la religion, contre les nobles, contre les « patois ». Ce n’est pas l’image que l’on a du Front National, mais, une fois au pouvoir, ses travers ressortiront. C’est bien un aboutissement logique.
ABP : Vous disiez « ...n’a jamais réglé ses problèmes avec les autres »
- Y. O. : Regardez le tapage au sujet du foulard. Dans aucun pays on n'a connu cela. La France est vraiment malade de n’avoir jamais réglé son problème avec les autres. Dans les autres pays, on accepte le peu de différences. Ici, la moindre différence est perçue comme dangereuse pour l’unicité. La chasse au foulard cache le fait qu’il n’y a plus d’égalité sociale en France, plus de passerelles, de mobilité, plus d’espérance. La République de l’émancipation est morte. Il reste la République de l’autorité.
Dans ce contexte, seuls les Bretons, dont la langue est attaquée, dont la culture est attaquée, pouvaient se rebeller. Nous voulons autre chose. La France de la haine n’est pas possible pour ceux qui se révoltent.
Aujourd’hui, la sauvegarde de la diversité n’est plus dans le prêt à penser du PS. Même la loi NOTRE est un outil de débretonnisation (regarder les noms des communes nouvelles en Bretagne, des communautés de communes). Et le Front National veut supprimer les régions.
ABP : Et l’on ressort les Bonnets Rouges ?
- Y. O. : Oui, les Bretons ressortent les Bonnets Rouges. Et on combat l’extrême-droite au pouvoir.
ABP : Le Front National est d’extrême droite ?
- Y. O. : Oui, le Front National est d’extrême droite. Et si il prend le pouvoir d’une manière démocratique, son exercice ne le sera pas.
ABP : Vous décrivez une presse aux ordres.
- Y. O. : Mais elle l’est déjà ! Elle est subventionnée. Il est une foule de sujets dont elle ne parle pas. Cette presse est très parisienne, tout ce qui vient de Bretagne est d’ailleurs rangé dans le registre du folklore.
ABP : Paul doute, à un moment.
- Y. O. : Oui, quand il doit donner l’ordre d’attaquer Quimper occupé par les nouveaux bonnets rouges. C’est à ce moment que ses vieux souvenirs ressortent. Il est aussi partagé en deux, entre une haine farouche de ce que peut représenter son frère, mais aussi avec des liens d’amour très forts. Mais il représente l’ordre.
ABP : Yvon Ollivier, quels sont vos projets littéraires ?
- Y. O. : Je travaille sur un essai, versant idéologique de ce roman. Nous devons mettre la diversité au service de l’intégration au lieu de la détruire. Comment peut se passer ce retournement ? Il faut faire de la diversité un socle pour intégrer. Il faut prendre ce que les communautés ont de positif. Aujourd’hui, on n’est pas à l’abri du pire. D’ailleurs, écoutez l’actualité. Macron, c’est une bulle. Fillon s’accroche, mais va décrocher. Il faut donc envisager le pire pour qu’il ne se produise pas.
ABP : Quelques mots pour conclure ?
- Y. O. : La Résistance, c’est un devoir. On résiste quand on ne peut plus se regarder dans la glace. La Résistance, en fait, c’est très égoïste. On ne résiste pas au nom de l’idéologie, mais quand l’idée que l’on se fait de soi vole en éclat. C’est une obligation, pas un choix. La Résistance, oui, c’est un devoir. C’est la leçon de l’Histoire. Regardez le combat de Goarnig Kozh (voir le site) . Par ailleurs, l’Histoire aurait-elle été la même si la société allemande avait plus résisté lors de la [[Nuit de Cristal]] ?
J’ai écrit ce livre pour faire réfléchir. Je recherchais une histoire simple. Houellebecq en a été un peu le déclencheur. Je voulais prendre le contre-pied total de «Soumission» (5), où un président musulman rend la France pacifiée, mais islamisée. La Résistance, c’est la société civile. En Bretagne, la Résistance, c’est les Bonnets Rouges.
ABP : Un livre optimiste ?
- Y. O. : Oui. Les hommes sont capables de se relever. François Kerveguen a la force en lui, alors qui n’est pas exempt de tout reproche. Paul ne l’a pas. Lui qui est lisse.
(1) Ollivier, Y. (2017). « Les Frères Kerveguen ». Fouesnant. éd. Yorann Embanner. 242 p. Sortie nationale vendredi 10 février 2017.
(voir le site) de l'éditeur
(2) Yvon Ollivier est magistrat, membre de l’Institut Culturel de Bretagne.
(3) Vallée des Saints à Carnoët : «Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple, et j'irai, messager d'espérance, les redire à ma Bretagne endormie ». Ces mots de Yann-Ber Kalloc'h, cités par Philippe Abjean vendredi à Locarn, pourraient être les siens. (voir le site) et (voir notre article)
(4) Voir le coup de gueule de Nolwenn Corbel : Nolwenn Korbell, une chanteuse talentueuse de langue bretonne qui compose et chante sur des thèmes contemporains, a prononcé samedi à Carhaix, lors de la remise de son Collier de l'Hermine dont elle est lauréate 2016 aux côtés de 3 hommes, un discours émouvant mettant des larmes aux yeux d'une foule de militants bretons engagés pour la sauvegarde d'une langue et d'un territoire ancestraux de plus en plus menacés. (voir notre article)
(5) Houellebecq, Michel (2015). «Soumission». Paris : éd. Flammarion. 300 p. (voir le site)
Voir aussi une interview « au coin du feu » (voir le site) réalisée par Stéven O.
Bibliographie d'Yvon Ollivier :
- Ollivier Y. (2012). «La Désunion française, essai sur l'altérité au sein de la République», préface de Jean Ollivro. Paris. éd. L’Harmattan. 258 p.
La Désunion française est un essai sur l'altérité au sein de la République. L'auteur le présente ainsi : « Qu'en est-il de l'unité de la nation fondée sur l'assimilation des différences lorsque le modèle ne fonctionne plus et s'égare dans la stigmatisation des communautarismes ?» (voir notre article)
- Ollivier Y. (2014). «La France comme si... Ou l’improbable réforme du système jacobin». Pornic. éd. Le temps éditeur, 276 p.
La France est un vieux mythomane qui ne craint rien tant que le réel. La réforme n'est pas simple pour la nation qui porte en ses fondations la négation de peuples et la ruine d'une diversité parmi les plus foisonnantes en Europe. Et si l'incapacité de la France à s'adapter à la mondialisation résultait de la crainte viscérale de se défaire ? (voir notre article)
- Ollivier Y. (2015). «Gueule cassée, Lom ar Geol», Fouesnant. éd. Yorann Embanner. 216 p.
Après le front, durant la Guerre de 14, Lom ar Geol revient au pays. Lom est une de ces Gueules cassées. Avec son visage perdu, qui est-il vraiment ? Est-il lui encore même ? Yvon Ollivier (1), prend le prétexte du retour de Lom pour se poser les questions qui lui tiennent tant à coeur sur la déculturation, le rejet de l'autre, les rapports entre le Droit et l'Homme (Lom ?), tout ce que subissent la Bretagne et les Bretons face un état centralisateur, destructeur des différences et du respect de l'altérité. (voir notre article)
- Ollivier Y. (2016). «Proella Le chant des âmes perdues». Fouesnant. éd. Yorann Embanner. 248 p.
Quand la légende arthurienne, avec le roi Artur soi-même, et le rituel ouessantin de la Proella se rencontrent, la plume devenue très agréable et limpide de Yvon Ollivier nous enchante. Son dernier opus, Proella, le chant des âmes perdues, nous a secoué. Les théories contre l'uniformisation et le softpower sont bien entendu présentes en permanence, en filigrane. (voir notre article)
■Ces drames familiaux ont été à la source de livres comme celui-ci, et je me demande si de telles histoires réelles ont existé en Bretagne ? Ou sont-elles restées dans l’ombre des familles bretonnes?…
De chants également. Pour ceux qui se rappellent et pour ceux qui ne l’ont jamais entendue il y celle, célèbre, de Jean Ferrat : «Maria … avait deux enfants, l’un était rouge et l’autre blanc… », qui se tuèrent lors de la guerre d’Espagne.
De films notamment en Union Soviétique ; Films projetés au Festival des Minorité sur ce thème au début des années 80, je pense.
DIDIER LEFEBVRE, je trouve que dans l’interview d’ Yvon Ollivier les notions d’altérité, de diversité ne sont pas assez développées, éclaircies, pour moi seul bien entendu. Les réponses ressemblent un peu, au tout venant hexagonal franchouillard, du vivre ensemble soporifique. L’altérité des Bretons dans leur combat ? Ou un amalgame intellectuel, de toutes les identités diversifiées et multi-altérités qui, à mon avis peuvent être dans leurs intérêts propres contraires à ceux dudit combat ? Ou alors il ne veut ou n’ose pas aller plus loin dans ce livre. Plus tard peut-être ?
En émettant plusieurs analyses plus développées il faut en déduire _si possible_ les incidences en Bretagne qu’engendrerait chaque version/scénario. Non ? Comment en tirer profit.
L’irruption du FN et de Marine Le Pen et utilisé ou désigné comme le danger apocalyptique, peut donc être sans qu’ils l’aient obligatoirement voulu _ le « pivot révolutionnaire »_ qu’aucun autre parti, ne peut prétendre ni ne réalisera, aucun danger la dessus en dehors de la liquéfaction générale, car le «tous ensemble» ( le FN non compris) ne peut que nous assurer de la sombre continuité , même pas une lueur ténue au bout du tunnel interminable !...
…En sport de combat l’on apprend à utiliser la force de l’adversaire au bon moment et à bon escient, pour décupler la sienne !...
Á développer ?
Au contraire je pense que vos questions semblent plutôt vouloir «relocaliser» les réponses d’Y.O qui systématique les maintient sur la politique française, avec les inévitables analyses-fictions autour d’une possible arrivée au pouvoir du FN, le seul parti qui, depuis des dizaines d’années dégage de l’énergie. Que l’on peut estimer nocive, supputer qu’elle soit totalitaire, vouloir l’habiller de National-Socialisme. Oui mais ! Nous ne sommes pas en Germanie dans les fameuses années trente.
Le scénario choisi par Y.O est bien celui que construisent depuis des années et des années, non le FN, mais des partis, des associations, des élus qui tiennent les manettes, sur lesquelles ni Jean Marie, ni Marine, ni Marion et les autres du FN, n’ont posé le moindre petit doigt ! Qui donc est le Bouc Émissaire «pour un futur» supposé catastrophique ?
Et qui sont les Responsables depuis 1945, date à partir de laquelle, et après les événements vécus, auraient dû faire de la France une fédération de régions largement autonomes. Qui seraient sans doute beaucoup moins pauvres qu’elles ne le sont aujourd’hui et toujours capables par leurs dynamique impulsées depuis 70 ans de régler les problèmes de …LA FÉDÉRATION FRANÇAISE. Pour ne plus dire La France, et enfin entrer dans le futur et le progrès!
Au lieu de cela ils ont créé un système social aliénant socialement «intéressant», qui aujourd’hui plombé, endetté monstrueusement, disparaît, s’effrite, attaqué de toutes parts et rongé par les uns et les autres. L’on voit déjà les os du squelette !
En ce temps d’élections l’on peut s’interroger, plus qu’à l’ordinaire, sur le contenu des réponses de l’interview.
Et je ne travaille pas pour le FN ! Oh non ! Mais je me pose la question de son élection au sommet de l’état, s’il elle advient, s’il elle deviendrait une «opportunité» pour la Bretagne et les Breton ! Et comment dans ce cas, l’utiliser !!! ( :0)
Non que la réflexion d’Y.O ne soit pas pertinente…
Dans les réponses, qui sont peut-être différentes dans le livre, plus développées et plus ciblées sur la Bretagne et ses problématiques, la Bretagne et les Bretons ne seront peut-être pas qu’une composante dans une diversité, une altérité dans lesquelles il y aurait une équivalence _ou aucune différence …_ dans la manière d’être traitée. Pourtant, à travers ces réponses dans l’interview, le thème du livre aurait dû faire émerger davantage de réponses sur la situation bretonne et ses spécificité par rapport à « LA Diversité », à « L’Altérité » où un certain militantisme et …l’Amour du Prochain, les a maintenu dans un conformisme, une momification de la réflexion du/des Peuples !
Paul et François m’ont, là parus davantage comme supports de la trame du livre qui in-fine accuse et porte la critique et à la réflexion sur le « système » français. Mais il est plus que temps de dégager des pistes d’action pour et par les Bretons, qui leurs soient utiles, et au Pays!
Cette critique de ce système et de ses fonctionnements négatifs, il est toujours bon de les faire, car il naît toujours des « bébés »… Mais je pense qu’il y a en Bretagne suffisamment de femmes et d’hommes éveillés pour qu’enfin par l’action et non seulement mendier, quémander, espérer et attendre de cet état infirme, de plus en plus, une telle évolution nécessaire et humaine.
Faudra- t-il installer des « baïonnettes » sur chaque siège de toutes les Assemblées pour qu’enfin ils «acceptent» de voir que si l’on peut faire pas mal de chose avec, l’on ne peut s’asseoir dessus !
Dans cette trame résumée du Roman, il y a une question que me taraude, pas une critique tant que je n’ai pas lu moi-même/ Il y a deux personnages et deux idéologies politiques qui ressortent de façon saillante: Le Bien et le Mal opposés. Paul le Soldat (Général deux étoiles) serait la méchant facho et Fañch serait le bon Bonnet-Rouge. Etant de ce côté-ci du miroir, le personnage de Fañch me va bien mais Paul n’est-il un peu trop caricaturé dans son costar militaire ? Equation du premier degré par association d’idées: militaire, uniforme, cheveux courts, skinhead donc facho.
Idem dans les partis en présence et le cataclysme annoncé avec l’arrivée du FN présentée sur le mode messianique comme l’apocalypse. Par contraste on a cette impression un peu désagréable dans une vision manichéenne que le bien est dans ce qui s’oppose au FN.
Ainsi se trouvent absous tous les partis républicains de l’extrême-gauche à la droite conventionnelle. On oublie par ce raccourci que quand une partie de la Gauche de l’Assemblée vote une loi pour un statut favorable à langue bretonne c’est une droite (dite non fasciste) du Sénat qui bloque. A l’inverse si d’aventure la droite propose une avancée (on peut rêver) soyons certains que la partie la « mieux pensante » à gauche (Mélenchon, PC ou ce que en reste, mais aussi la frange ultra-jacobine du PS ou des Radicaux de gauche jacobins par vocation) sera contre.
Qu’on aborde le sujet des langues comme celui de la réunification et plus généralement la dévolution des pouvoirs à de vraies régions historiques, le législateur français n’a jamais eu besoin des voix du FN pour s’y opposer. D’un point de vue breton ils font partie de ce même bloc idéologique.
Pour résumer, ce que je comprends à la lecture de cette présentation, est qu’un danger est désigné devant nous, ce qui hélas est toujours vrai quelle que soit la situation de départ. Mais il n’y a pas qu’un seul danger et si nous nous sentons aussi désarmés face à un avenir incertain c’est que les pouvoirs qui ont précédé sont les premiers coupables de nous y avoir conduit là où nous en sommes.
Donc en quelques mots : le FN vient au pouvoir, c'est la catastrophe, le mal absolu et face à ce climat de détestation, les Bretons, les Bonnets Rouges entre en résistance....
Donc, le mal c'est le FN???
Parce que la négation de la Nation Bretonne depuis 1789, c'est le FN....
Parce que la privation de Démocratie bretonne, c'est le FN...!
Parce que le camp de concentration de Conlie, c'est le FN...
Parce que l'interdiction d'enseigner la langue bretonne, c'est le FN...
Parce que la violence faite à nos grands-parents quand ils étaient enfants, souvent monolingue breton, pour les obliger à changer de langue, c'est le FN...
Parce que la perte de 1 millions de locuteurs, le plus important ethnocide en Europe, c'est le FN...!
Parce la vision des Bretons collabos et des Français résistants, c'est le FN....!
Parce que la partition en 2 de la Bretagne et l'identité ligérienne des Nantais, c'est le FN....!
Parce que le refus de ratifier les textes sur les Droits Civiques et les Droits de l'Enfant, c'est le FN...!
Parce que le statut privée de Diwan et l'absence de Ministère Breton de l'Enseignement, c'est le FN...!
Parce que le refus de réunifier la Bretagne, de ratifier la Chartes sur les langues minorés, c'est le FN...!
Alors, si j'ai bien compris... En 2020, les Bretons vont se battre contre le mal (Princess Léïa et Luc Skywalker, contre Dark Vador) pour le retour de la République et sauver la France....!
Car si ce n'est pas pour un retour à la République et sauver la France, c'est quoi le projet de nos Bonnets Rouges????
L'indépendance comme en Ecosse et en Catalogne???
L'autonomie comme au Pays de Galles????
Ou tout simplement, ils n'ont rien à proposer à l'image du Mouvement Breton d'aujourd'hui... Ils sont justes des gueulards prêt à se faire récupérer par le premier qui les brossera dans le sens du poil!!! (façon Parti Socialiste depuis 60 ans...)
Et cela dans une Bretagne qui aura très certainement votée massivement pour ce FN. C'est à dire, qu'avant même de lutter contre le FN de France, la Bretagne sera en guerre civile contre elle-même...! (Les militants bretons contre la population...!)
En conclusion : J'ai l'impression que si le FN fait autant peur aux Bretons (enfin aux militants), c'est surtout parce qu'incapables de penser par eux-mêmes ils paniquent à l'idée de perdre ceux qui depuis tant d'années pensent pour eux....!
Mais je serai soulagé d'être contredit sur mon analyse!
Et donc que le regard, l’honnêteté …et l’intelligence dont les militants ou non sont tellement pourvus, ainsi que de l’ensemble des Bretons (au moins un max !) devaient, faire ou le tenter, le constat objectif des résultats auxquels pouvait aboutir l’administration des hommes, femmes et enfant soumis aux pratiques «civilisatrices» de cet état.
Système de faux-culs qui dans son évolution selon des intérêts politiques internes, tous crient depuis trente ans : Haro sur le Baudet, car il est maintenant malade de la peste. Il faut le tuer symboliquement, pas trop quand même il montre son utilité lors de bien des élections et dans la vie quotidienne des élus. comme le père.
Ce système est RESPONSABLE de ce destin, et je ne peux juger de quel niveau d’affaiblissement du libre arbitre de Jean Marie ce système serait également responsable, pour que celui-ci n’ait pu faire ce qui était nécessaire pour avoir eu une trajectoire différente ! Sans aucun doute il a fait ce pourquoi «ON» l’avait programmé !
Par la mort de son père durant la dernière guerre et enfant, il fut fait «Pupille de la Nation». J’ai eu dans l’enfance et l’adolescence un ami qui le fut aussi, pour les mêmes raisons, et qui intégra le Prytanée Militaire du Mans. Et quand il venait en vacance il arrivait dans un uniforme de coupe tout à fait militaire, et il se tenait avec une raideur et un maintien qui va avec…
JM Le Pen est : de France, plus que «d’extrême-droite», ce qui pour moi est un pléonasme, car en raison de l’attitude de la France à travers leurs œuvres les partis et les divers systèmes d’état en Bretagne, tous sont d’extrême-France !
JM Le Pen fait tout à fait le raccord avec le livre de Yvon Ollivier, il est ce Paul qui cependant n’a pas trouvé la «lumière» sur le chemin Damgan, et qui n’a pas eu d’un frère François _seulement des Français_ des leçons dans son enfance pour discuter et contredire la construction de ses certitudes, moquer peut-être ses attitudes et lui rabattre un peu le caractère…
Dommage qu’il ait été perdu _mais pas le seul_ pour un combat breton avec un bonnet rouge, égaré en et par la France ! Ainsi-soit-il ! ( :0). Mais par ce qu’il a reçu, bon gré mal gré, il est conforme au plan. Pour moi il est une victime emblématique, comme nous tous…à des degrés divers.
Déjà, je vous remercie pour votre réponse.
Vous dites : «Moi je dis simplement que le Front national, c'est l'aboutissement logique....»
Je pense ce c'est là le point de divergence.
Le FN n'est en rien un point d'aboutissement mais simplement une autre forme de développement de l'idée initiale Républicaine.
Le problème de fond c'est la République qui est une idéologie totalitaire dans laquelle de Mussolini à Pol Pot nombre de personnes de ce type ne cachaient pas avoir puisé la base de leur pensée. La République certes ne tabasse plus les gens dans la rue, mais son idéologie contraire aux valeurs humaines continue à se répandre dans une banalité à laquelle la population ne prête plus attention.
Vous évoquez, l'interdiction des prénoms bretons (c'est Marion qui à dit cette bêtise) mais cette mesure existait pourtant bien avant l'ère Mitterrand et vous devez le savoir que l'évolution n'a été réalisée que pour satisfaire l'électorat musulman et certainement pas comme une mesure progressiste envers les Bretons.
Par contre, j'aurai préféré que vous me citez les exemples suivants :
La non ratification de l'Article 30 des Droits de l'Enfant,
La non ratification de l'Article 27 du Pacte International des Droits Civiques et Politiques...
Pourtant, c'est au nom de ces mesures que l'état refuse un Ministère de l'Enseignement de Bretagne, que Diwan est confiné dans un statut privé, que de nos municipalités bretonnes refusent de payer le forfait communale aux enfants apprenant le breton comme langue première.
(Ce qui constitue une violation majeure des valeurs occidentales et de l'ONU! Les plus acharnés étant les élus communistes et les socialistes, auxquels pourtant personnes n'a de difficulté à serrer la main...)
De fait, un enfant breton apprenant sa langue conformément à l'ensemble des enfants européens est considéré en Bretagne comme un citoyen de 2ème catégorie auquel la gratuité obligatoire de l'enseignement (article 28 du CIDE) ne s'applique pas!
Où est le FN dans cette horrible situation qui susciterait chez tout citoyen européen une désapprobation violente, mais qui chez nous est acceptée dans une terrifiante banalité!
Vous dites : «Contrairement à ce que vous dites, les Bretons pensent par eux-mêmes ou à tout le moins s'efforcent de le faire». Avez-vous remarqué que votre phrase même pas terminée vous atténuez votre affirmation?
Pouvez-vous me citer un seul territoire en Europe (ils sont nombreux) où la conscience populaire et le niveau de non démocratie est comparablement faible à ce que nous connaissons en Bretagne? (Une situation présente qui pourtant n'est en rien le reflet de notre histoire).
Même en Corse (composée à 60% de fonctionnaires, de gens payés par l'état) la question du FN ne se pose pas car la population a élu majoritairement les nationalistes... une situation comparable à l’Écosse, au Pays de Galles où à la Catalogne, pour ne citer qu'eux....!
Aujoud'hui, c'est la Corse qui propose aux Bretons de voter pour l'un de ses syndicats ouvriers nationalistes face aux syndicats jacobins (syndicats qui furent pour beaucoup à porter le bonnet rouge jusqu'au moment où leur centrale parisienne a ordonné la fin de la partie). Le silence sur cet événement est démonstratif : la «petite» Corse qui vient porter une assistance syndicale à la «grande» Bretagne!
Combien de personnes comme vous, d'artistes, de chef d'entreprise, de syndicalistes, de cadres, d'ouvriers, de militants, d'historiens, poussent et militent à la constitution d'un parti politique breton puissant qui à l'image du SNP ou des Nationalistes Corse serait en capacité à dialoguer avec les instances Républicaines. Le parti politique est pourtant la base du dialogue démocratique.
Pourtant le «Projet Bretagne» (initié par Jean Ollivro) est des plus construits mais seule une minorité de bretons en possède une vision tandis que l'immense majorité de la population n'en n'a nulle perception, pas plus que la population n'a la perception de la violation officielle par la République de leurs droits civiques.
Une absence de connaissance et de prise de conscience qui est unique et à l'inverse de l'ensemble des populations, peuples et nations sans état au sein de l'Union Européenne.
Alors le FN là dedans... un épiphénomène! (Un événement qui se surajoute à un phénomène sans exercer sur lui aucune influence)
Ceci dit, j'en profite de cet échange direct pour saluer vos ouvrages et votre engagement.
Un désaccord ponctuel ne change rien aux valeurs communes partagées.
Salutations Bretonnes
«je soutiens, ... , que l'unicité française est déjà un principe juridique de nature totalitaire».
L'unicité est la base de l'idéologie de la République.
Neil Amstrong évoquait : un petit pas pour l'homme un grand pas pour l'humanité.
Il y a de ces petits pas dont la portée dépasse le simple principe physique.
«... et je crois être le seul...».
En tant que personne publique de votre niveau, non vous n'êtes pas le seul.... vous êtes le premier!