Autonomie : Réponse à la tribune de Christian Guyonvarc’h du 15 nov 2022

Tribune publié le 15/11/22 20:50 dans Politique par Yves Lebahy pour Yves Lebahy

« La mobilisation citoyenne et l’action politique doivent se compléter sans se marcher sur les pieds »

Effectivement, comme l’écrit Christian Guyonvarc’h, la nécessité de l’autonomie de la Région Bretagne apparaît comme une évidence en maints domaines, financier plus particulièrement car il est la clé de toutes les politiques. Ce constat établi depuis de nombreuses années, n’en est que plus manifeste dans le contexte budgétaire actuel, ici décrit. Et nous n’avons pu que nous réjouir du vœu porté en avril 2022 dans une quasi-unanimité par les groupes politiques de la Région suite à l’initiative du groupe « Breizh a Gleiz ».

Pour ma part, depuis quatre ans, par mes ouvrages Où va la Bretagne ? (2018), puis Défis pour la Bretagne (2020), je ne cesse de poser cette question. C’est la raison pour laquelle, à l’issue du Colloque d’Ar Falz qui s’est tenu à Ploujean-Morlaix en novembre 2018, s’est constitué en janvier 2019 le collectif « Bretagne Majeure ». Depuis cette date, nous avons tenté de rallier des mouvements, associations, partis politiques et militants en faveur de cette idée d’autonomie. Je ne dis pas que la tâche est aisée. Loin de là ! Car il s’agit de faire cohabiter des individus et des courants de pensées que de nombreuses raisons opposent et qui parfois sont bien éloignés de mes propres valeurs. Toutefois, cette nécessité d’autonomie, impérieuse pour la survie de notre société, constitue dans ce collectif un objectif commun qui permet de passer au-dessus de nos clivages. Et à ce sujet, je regrette fort que l’UDB, qui avait au tout début suivi ses travaux s’en soit rapidement éloignée, même si tout récemment des individus, membres de votre parti, nous ont rejoints à titre individuel, ce dont je me réjouis.

Ce collectif, « Bretagne Majeure », depuis près d’un an, envisageait de mettre sur pied une journée de réflexion sur la notion d’autonomie, suite logique du colloque de Ploujean-Morlaix de 2018. Le vote de votre vœu n’est intervenu que plus tardivement alors que déjà nous préparions déjà cette rencontre. Pour des raisons de capacité d’investissement personnel, de logistique et de finances, notre collectif s’est rapproché en juillet dernier d’un autre collectif, « Bretagne autonome » allant dans le même sens, dans lequel Christian Troadec joue effectivement un rôle sur ces divers aspects. Ainsi est né le projet du colloque de Carhaix qui doit se tenir le 19 novembre prochain. Sa genèse est donc bien antérieure à la démarche que vous conduisez au sein du CR.

Qu’il y ait eu des maladresses de communication au sujet de ce colloque (le flyer), nous en sommes conscients et nous nous en sommes excusés. Toutefois, des élus ou intervenants avaient donné leur accord tacite d’y participer, certains d’entre eux nous ayant même sollicités pour y intervenir. Brutalement sur les injonctions de votre commission, ils se sont rétractés, mettant en péril notre projet. Dont acte. Nous le regrettons mais aussi pouvons le comprendre, compte tenu de l’argumentaire développé dans ce communiqué. Toutefois, la société civile a le droit de se manifester que je sache. Elle n’a pas à se soumettre à la « supervision du groupe de travail du Conseil régional » ce qui serait une atteinte profonde à la liberté individuelle dans une démocratie comme la nôtre. Nous sommes encore citoyens en ce pays, j’ose l’espérer. Que nos initiatives se coordonnent désormais à votre action, nous le concevons aisément et nous en réjouissons à l’avenir car tel était notre but en créant Bretagne Majeure il y a 4 ans. Mais en la matière faut-il que le dialogue s’opère entre la société civile et les politiques et que ceux-ci, nous représentant, communiquent et coopèrent. Dommage que l’UDB ait laissé tomber « Bretagne Majeure » alors qu’à maintes reprises j’ai tenté de renouer les liens auprès de certains de vos membres et d’amis.

Donc, excusez-nous, mais, pour cette journée du 19 novembre, le coup était déjà parti ; nous ne pouvons revenir sur notre intention de tenir la rencontre. Nous y aborderons, avec les intervenants prévus, la question de l’autonomie dans une approche conceptuelle et débattrons de la question avec le public. Elle ne devrait pas faire de l’ombre à votre démarche plus institutionnelle, bien au contraire. Par ailleurs, nous avons appris la semaine dernière qu’une réunion analogue était lancée pour le 10 décembre par le groupe politique « Ensemble sur nos territoires », or cette dernière ne semble pas poser problème, pourquoi ?

Plutôt que des mises en garde et des critiques stériles telles que celles qui ont pu avoir lieu ces derniers jours, il nous faut effectivement travailler de concert. J’espère qu’à l’avenir il en sera ainsi et nous nous y emploierons. Car nos élus ont besoin que la société civile appuie par un fort consensus leur démarche. Car la Bretagne a un réel besoin d’obtenir des transferts de compétences sur des domaines clés pour son avenir, d’une autonomie équivalente à celle admise en de nombreuses autres régions de l’Union européenne. Tel est notre but en organisant cette journée.

Merci de votre compréhension.

Yves LEBAHY

Pdt du collectif « Bretagne Majeure »

Le 15 novembre 2022


Vos commentaires :
Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
Belle leçon de débat politique, de citoyenneté active, de clarté et de responsabilité dans l'expression.
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Emañ an destenn-mañ o reiñ c'hoant da vont da Garaez evit gouzout hirroc'h. Trugarez vraz deoc'h Ao Lebahy, ganeoc'h ez eo douget ur c'homz disheñvelik e liv diouzh hini ar bolitikerien a-vicher. Plas zo evit an holl, war an dachenn-mañ.
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Mat eo evit ar vro, a soñj din, e vefe selaouet mouezhioù liesseurt pa vez anv eus dazont hon gourenez.
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KLG
Vendredi 15 novembre 2024
« Pour des raisons de capacité d’investissement personnel, de logistique et de finances, notre collectif s’est rapproché en juillet dernier d’un autre collectif, « Bretagne autonome » allant dans le même sens, dans lequel Christian Troadec joue effectivement un rôle sur ces divers aspects.»

C'est une erreur pour un collectif qui se veut transpartisan, de commencer avec une personne aussi connotée et il faut bien le dire, de plus en plus clivante (pour ne pas dire dépassée).
Tout cela sent le gros réchauffé, depuis plus de 20 ans, on a les mêmes têtes, un transpartisanisme micro-centré sur la gauche régionaliste, toujours les mêmes résultats électoraux et institutionnles (un gros 0 dans tous les domaines). Une collection de «voeux», presque humiliants en réalité pour la Bretagne.


Frank
Vendredi 15 novembre 2024
Merci de continuer malgré les difficultés inhérentes à la diversité des sensibilités dans la société civile.

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