TER Nouvelle Aquitaine : quelle honte !  

Communiqué de presse publié le 18/04/24 14:39 dans Langues de Bretagne par pour David Grosclaude
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Non je ne vous parlerai pas de trains qui n’arrivent pas à l’heure. Je veux juste dire ma surprise d’entendre dorénavant que la Région Nouvelle Aquitaine semble avoir honte de la langue occitane qui couvre une bonne partie de son territoire.

Montant dans un train TER, comme je le fais plusieurs fois par semaine, j’entends depuis quelques jours en arrivant à la gare « Prochain arrêt : Pau. Next station : Pau. Próxima parada : Pau ».

D’occitan pas un mot ! Il est vrai que la politique linguistique semble ne pas avancer à grands pas. Y aurait-il une panne ? Les voies seraient-elles en réfection ? Quelle est la raison du retard ? Mystère !

En tous cas je suis heureux de voir que la question du multilinguisme dans le train est réglée. En effet il y a quelques années nous avions posé ( avec quelques autres élus régionaux d’Occitanie et de Bretagne) la question de ces annonces. Nous avions interpelé la SNCF. On nous avait dit que c’était impossible, que ça coûtait très cher …bref le chien avait la rage et tous les arguments étaient bons pour le zigouiller.

Ce n’étaient que des arguments fallacieux au service de l’immobilisme. Oui, même quand on se veut spécialiste des mobilités on peut être un champion de l’immobilisme !

Aujourd’hui les TER parlent anglais et espagnol. C’est très bien. Mais pourquoi ne parlent-ils pas occitan ? Parce que quelqu’un n’a pas voulu et parce que d’autres n’ont pas demandé que ça se fasse ?

Donc pourquoi la Région Nouvelle Aquitaine qui paye les trains régionaux n’est pas cohérente avec sa politique linguistique affirmée et votée il y a quelques années ?

Je ne vois qu’un raison : les freins, les entraves de ceux qui ont honte de la langue de leur territoire.

Que croient-ils ? Que cela ferait fuir les touristes ? Que des voyageurs se perdraient à l’écoute de « gara seguenta : Pau » o « gara seguenta : Bordèu » ? Qu’ils deviendraient fous en entendant cette langue étrange et ouvriraient les portières en se jetant sur la voie ? Croient-ils que les touristes ne souhaitent pas entendre la voix du territoire où ils se trouvent ?

Non. Ils ne savent pas ce qu’est une politique linguistique et s’ils le savent c’est qu’ils ne veulent pas l’appliquer. Trois mots d’occitan ce serait trop ?

Je sais que l’on va évoquer le trop d’information qui trouble les voyageurs, le trop d’annonces etc…baratin que tout ça !

Je me mets à penser à ce qu’écrivait Morvan Lebesque dans : « Comment peut-on être breton ? » il écrit à propos de l’identité bretonne qui n’a pas vraiment de reconnaissance : « Elle n’existe que dans la mesure où, à chaque génération des hommes se reconnaissent bretons (…) à l’âge venu, la découverte ou l’ignorance ».

Era existeish sonque se, a cada genracion , òmis se senteishen bretons…A cadun, quan arribi l’atge, la descobèrta o l’ignorància // Ella existe solamente se a cada generación hombres se sienten bretones…A cada uno, cuando llegue la edad, el descubrimiento o la ignorancia. // She exists only insofar as at each generation men recognise themselves as Bretons. To each, when age comes, the discovery or the ignorance.- Morvan Lebesque

Vous qui avez décidé que la langue ne pouvait pas s’entendre dans un lieu aussi public qu’un train, vous avez choisi l’ignorance… mais pas que pour vous ; et si c’était le cas ce serait votre problème. Mais vous avez choisi pour les autres, pour tous les autres. Alors choisir de transmettre l’ignorance plutôt que de proposer la découverte c’est renoncer à l’avenir… et moi qui croyais que faire de la politique c’était le prévoir ?

Ne pas vouloir partager sa langue avec les autres s’appelle le « repli sur soi ». Ignorer que l’autre puisse être curieux de ce qu’est notre territoire c’est du mépris. Je sais très bien que trois mots ne font pas une politique linguistique, qu’il faut bien plus ; mais je sais que le silence n’en fait pas une non plus, et qu’il est mortel !

Au cas où vous souhaiteriez diffuser largement l’extrait de M. Lebesque, je vous en livre une version en occitan, une autre en anglais et une en espagnol.

David Grosclaude


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
L'auteur de l'article ne fait pas mention de la situation en Région Occitanie qui très voisine de Pau (ville plus orientée Toulouse que Bordeaux), ce qui m'a interpellé. Il n'est pas du tout certain que la situation y soit plus brillante dans les TER !

Le sort de l'occitan (dont la proximité avec le catalan me frappe) est étrange car elle a de nombreux atouts, je trouve, pour s'affirmer : une aire historique relativement éloignée de Paris, un passé très prestigieux, des régions frontalières de l'Espagne et de l'Italie, de principautés, et de territoires affirmés linguistiquement comme le Pays basque ou la Catalogne qui peuvent donner des idées, montrer une autre voie possible, également une position centrale au sein des langues latines, ce qui rend l'attaque par les jacobins français beaucoup plus difficile.
C'est également, même si c'est subjectif, une langue agréable à lire et à entendre, pas trop éloignée, en particulier pour des francophones «habituels»...enfin l'espace occitan a une masse critique géographique et démographique. C'est une vraie langue.
Nous aurions beaucoup à gagner à ce qu'une force occitane se dégage.

Je n'ai sinon pas trop compris votre paragraphe sur les fonctionnaires, hors-sujet. Les agents de la SNCF sont des agents de droit privé. Yvon Ollivier, lui, est un fonctionnaire.
Les élus régionaux ne sont pas des fonctionnaires en majorité, c'est juste une question de soumission aux Partis hexagonaux et d'idéologie. Le Président de la Région Nouvelle-Aquitaine n'est par ailleurs pas originaire, ni de la région, ni des zones occitanes, il n'a surement pas la fibre occitane. Mais encore une fois, je ne suis pas certain que la situation dans la région voisine (également PS) soit beaucoup plus brillante pour l'occitan (et le catalan !).

Après vous avez raison, le caractère composite de la Région Nouvelle-Aquitaine, une excellente excuse pour ne rien faire...C'est un but clair de ces découpages, idem pour l'«Occitanie» qui noie les catalans (même si objectivement, ce sont deux langues très proches, plus de liens entre le catalan et l'occitan qu'entre l'occitan et le français ou entre le catalan et le castillan).
Les défenseurs du poitevin et du saintongeais (regroupés à l'époque du Poitou-Charentes) ont eux choisi de rebaptiser leurs parlers «d'aguienais» (nom poitevin de l'Aquitaine...) histoire de toucher quelques subventions très certainement. Cela ne les empêche pas de revendiquer (mais de moins en moins), juste pour le principe, le pays de retz.

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