C'est en 1819, l'année précédant l'accession au trône de George IV d'Angleterre que le Comte de March hérita du titre de 5iéme Duc de Richmond, Lennox et Aubigny (1) .
Cet illustre descendant de la Bretonne Louise de Kéroual -et de son royal amant le Roi Stuart Charles II d'Angleterre- était très proche du Monarque.
Des chroniqueurs de l'époque font état de dîners au Palais de St James lors desquels le Duc de Richmond était assis à côté de George IV. S'il était souvent présent à Londres, Charles Gordon Lennox ne négligeait pas les invitations proposées à Brighton où tout le beau monde se précipitait. Les 2 hommes partageaient d'ailleurs la même passion pour la race équine et les courses de chevaux, l'écurie du Roi participant régulièrement aux compétitions organisées à Goodwood.
C'est donc en voisin que le Duc, se rendait à Brighton.
Le Roi y avait fait bâtir un Pavillon royal. Cet extravagant édifice situé au cœur de la station balnéaire avait été érigé pour George IV, à l'époque où celui-ci était encore Régent. Le bâtiment initial consistait en une demeure de style néo classique dessinée par Henry Holland, que le grand architecte anglais John Nash transforma ensuite en palais fantastique. Il prit pour modèle le « gothique indien » inspiré du Taj Mahal, enrichissant l'intérieur d'une exubérante succession de styles : chinois, indien ou bien encore égyptien.
Nul doute que les Richmond trouvèrent à Brighton une certaine inspiration pour la décoration de leur château proche de Chichester.
A la même époque, en effet, Goodwood pouvait s'enorgueillir d'une salle de réception au décor évoquant l’Égypte. Le visiteur ne manquera d'établir un lien entre ces 2 demeures en remarquant les draperies au tombé semblable, assorties de pompons, de cordons et de galons conférant ce style si caractéristique de la Régence. La comparaison ne s'arrête pas aux détails muraux puisque l'on constate des similitudes concernant le revêtement des sols. Les tapis du Pavillon de Brighton comme ceux de Goodwood proviennent d'une petite ville du Devon réputée au 19iéme siècle pour ses métiers à tisser, dit d'Axminster, capables de tisser des tapis de grande qualité avec plusieurs couleurs et des motifs variés.
Le lien ne se cantonne pas non plus à l'architecture d'intérieur. Les personnalités jouèrent aussi un rôle déterminant.
La grand mère maternelle du 5iéme Duc de Richmond, Jane, Duchesse de Gordon intervint pour faciliter la financement de la construction du Pavillon de Brighton. Vers 1790 elle contribua à favoriser une trêve entre le Roi George III et son fils aîné le Prince de Galles, le futur George IV qui avait contracté d'énormes dettes.
Par son entremise, celles-ci furent épongées et l'argent disponible alors permit la poursuite des travaux sur le Pavillon, au grand soulagement de son dispendieux propriétaire.
Les relations que le 5iéme Duc de Richmond entretenait avec George IV lui valurent d'être fait Chevalier dans l'Ordre de la Jarretière en 1828, 2 ans avant la mort du monarque anglais.
Au siècle suivant, la postérité de Louise de Kéroual apporta également sa “pierre à l'édifice”.
Ainsi le “Guide du Pavillon Royal” indique à la page 70 : “ En 1932, Lady Gordon Lennox visita le Pavillon. Elle fut inspirée par la décoration du corridor et prit la résolution de reproduire à la main le dessin sur de la soie afin d'en faire des coussins. Elle acheta la soie à “Cowtan and Sons” spécialistes dans le domaine de la tapisserie. Il s'avéra que ces derniers avaient repris en 1899 les rênes de l'entreprise Grace qui jusqu'à cette date assurait certains travaux de décoration au Pavillon”. Ainsi, grâce à cette heureuse coïncidence, le Pavillon eu-t-il l'opportunité de récupérer, par l'intermédiaire de Lady Gordon Lennox, toutes les transcriptions des comptes relatifs au Pavillon ainsi que le détail des commandes passées à l'entreprise Grace avant 1900. Cette découverte extraordinaire permit d'accéder à une source inestimable d'informations en vue de la restauration des pièces. En effet ces transcriptions représentent les seules traces qui subsistent de ces commandes et références, les originaux ayant malheureusement disparu dans les destructions et incendies lors du Blitz de Londres (septembre 1940-mai 1941).
Le Pavillon de Brighton n'est plus une résidence royale depuis 1845. En effet, 5 ans après cette date, la ville de Brighton le racheta à la Reine Victoria. Malheureusement cette dernière avait fait enlever toutes les tapisseries, les meubles, les tentures, les cheminées et les ornements avant de céder le château. Le long et laborieux travail de restauration commença alors et se poursuit encore de nos jours.
Suite à cette visite, il est heureux de constater que le goût pour l'Art qui faisait l'apanage de Louise de Kéroual devenue mécène à la cour du Roi Stuart au dix-septième siècle, perdure à travers les générations.
Effectivement, les descendants de Louise de Kéroual continuent à visiter et à s'intéresser à cet incroyable palais. En septembre dernier, le Prince Harry, Duc de Sussex, et fils de feu la Princesse Diana, y a fait une apparition très remarquée aux côtés de son épouse Meghan Markle.
Adresse: Centre de ville de Brighton, BN11E, East Sussex, Royaume Uni.
Téléphone : 00 44 1273 290900
Ouverture: d'octobre à avril de 10H à 17H15, de septembre à mai de 9H30 à 17H45
Fermé de 24/12 après midi, et toute la journée du 25/12 et du 26/12.
Tarifs :
Ticket adulte 13.50£, ticket enfant (5-15 ans) 8£
Ticket famille pour 2 adultes et 2 enfants: 35£,
Ticket famille pour 1 adulte et 2 enfants: 21.50£,
Guide “The Royal Pavilion, Brighton”
ISBN 0-948-72 321-1 (existe en plusieurs langues)
Publié par Brighton and Hove City Council.
80 pages
Prix: 6.95£
(1) C'est la fille du Duc de Richmond, Lady Cecilia Catherine Gordon Lennox (1838-1910) qui est l'ancêtre de Lady Diana, Princesse de Galles (1961-1997). Il s'agit de son arrière-arrière-grand-mère. Le grand père de Diana, le 7iéme Comte de Spencer avait en effet épousé l'arrière-petite fille du 5iéme Duc de Richmond.
■* qui, avec les normands va a la bataille d'Hasting avec guillaume le conquérant en 1066