Un grand son et lumière devant un site grandiose avec 100 acteurs, s'est jouée dimanche pour la dernière fois de la saison
Vous arrivez au bout du monde, près du village de Meneham, vous garez votre voiture. L'air iodé et les rochers de granite énormes, gigantesques vous surprennent déjà. Mais au bout de la route, la plage vous attend et sur cette plage, un millier de spectateurs assis sagement sur la dune, attendent que la magie opère. Mais elle est déjà là, la mer est calme, le soleil des dernières belles journées d'été a brillé généreusement toute la journée. On se croirait en vacances, dans un lieu intemporel qui a vu débarquer des hommes de tous les coins d'Europe et du monde par la mer. Les goémoniers ont travaillé ici, les supertankers croisent au large, le spectacle existe déjà, devant et dans la tête des touristes et des «autochtones».
La machinerie fantastique de Goulc'han Kervella et de Nicole ar Vourc'h se met en place : 100 acteurs, deux chevaux, un dragon superbe, des projecteurs avec des câbles énormes qui courent sur la dune, des tentes militaires bien cachées abritent tout ce petit monde d'enfants, d'adultes, amateurs pour la plupart, techniciens du son et de la lumière.
Après «les goémoniers», «les clients du bon chien jaune», «39/45, Guerre et Paix dans le Léon», «Ys la maudite», et tant d'autres , malgré la pluie, le vent, les périodes difficiles, l'énergie est intacte pour mettre en place «Armorica», pièce qui va de la période des druides en Bretagne jusqu'à la mort de Noménoé et l'intronisation de son fils.
Un final grandiose (feu d'artifice, bro Gozh, lumières) conclut un son et lumière brillamment orchestré avec une présence importante de la langue bretonne. Un quart du texte, parle d'histoire de façon enjouée, utilise de nombreux bretonnismes et allusions à la Bretagne contemporaine, et souvent le breton répéte ce qui a été dit ou annonce ce qui va être dit, ce qui n'exclut pas le non-bretonnant. De très beaux tableaux : les enfants et le dragon, l'invasion des Barbares, l'humour d'un Don Quichotte terrifié par le dragon perché sur le cheval que l'on avait vu lors de la pièce "Ar roue Ubu...
L'histoire de Bretagne est mise en scène, peut-être avec un peu trop de dates, un peu trop de texte, un peu trop de personnages. On aurait envie de comprendre enfin si la Bretagne telle qu'on la connaît aujourd'hui est une construction intellectuelle, la part de la légende et de l'histoire véritable. Quelle était l'Armorique réelle, la conscience d'une histoire et d'un peuple breton à cette époque ? Question qui reste sans réponse mais que le spectacle a le mérite de poser. Invasions, pillages, grands et petits Bretons, religion omniprésente ...
Ar Vro Bagan, une troupe incontournable en Bretagne. La pièce sera rejouée l'an prochain, à Menez Hamm.
site de la compagnie : (voir le site)
■