Il est rare d'entendre parler du scot, langue d'origine germanique, alors que c'est une langue parlée par un million 500 000 habitants (2005), auxquels s'ajoutent 30 000 Irlandais du Nord (Ulster). C'est pourtant une langue qui n'a aucun statut, n'a pas été standardisée (pas d'orthographe commune au scot parlé dans différentes régions d'Écosse).
Le gaélique, car participant à l'identité actuelle de l'Écosse (le scot a donné son nom anglais à l'Écosse - «Scotland») celtique et se revendiquant indépendante de l'Angleterre, ne compte cependant que 57 375 locuteurs en 2011. Il est reconnu comme «langue officielle de l'Écosse», alors qu'il est surtout parlé dans les Highlands et les Hébrides.
Sur une population totale de 5.295 millions d'habitants, l'Écosse a donc 2% de locuteurs de gaélique (en Bretagne, on s'en rapproche, avec 120 000 locuteurs sur 4.616 000 habitants). On pourrait faire un rapprochement avec les trois langues de Bretagne : breton, français, gallo. Le gallo peine à trouver une standardisation, le breton qui est celtique, est donc plus «à l'origine» d'une Bretagne indépendante (l'Écosse était indépendante jusqu'en 1707).
Un spécialiste de la question, James Costa, dit que le nationalisme écossais «ne serait pas un nationalisme linguistique mais économique», contrairement au Pays de Galles, la Catalogne, le Pays basque ou le Québec.
Il parle de «récits de revitalisation» qui ont permis à l'Écosse autonome d'exister par ses auteurs (Walter Scott en 1814 avec le voyage d'un jeune Anglais en Écosse, par exemple). L'Écosse est construite alors comme une nation essentiellement celtique, à l'origine très ancienne, comme l'indiquent les chants bardiques du 3e siècle (Ossian, James Macpherson). Le gaélique écossais a de nombreux liens avec le gaélique irlandais dont il ne différait que peu au XVIIIe siècle.
«Langue de paysans, langue de la pauvreté, elle ne fascine la haute société d'Édimbourg que par son antiquité» dit James Costa. le grand mouvement romantique européen du XIXe siècle va concerner aussi les collecteurs comme de la Villemarqué ou l'historien-navigateur de Fréminville en Bretagne.
L'universitaire conclut donc : «Les liens entre langue et nationalisme ne sont clairement pas les mêmes en Écosse et au Pays de Galles ou au Québec. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils n'existent pas. Ils ont présidé à la naissance du nationalisme écossais moderne et sont présents de manière symbolique. On peut en outre faire le pari qu'ils sont appelés à se développer compte tenu de la place de plus en plus prépondérante des langues dans les discours minoritaires à travers le monde».
On estime en effet aujourd'hui à 87 000 les personnes de plus de trois ans qui parlent le gaélique d'Écosse. Et au-delà d'une revitalisation de la langue et d'une revendication de l'indépendance de l'Écosse, c'est aussi une volonté d'être différent et de le montrer à travers une langue qui n'emprunte aucun idiome aux Britanniques...
Sources : James Costa. Langue et nationalisme en Écosse : trois langues pour une nation. Bulletin d'Histoire politique, 2012 ,21 (1), pp.96-106.
■C'est oublier un peu vite que l'Ecosse est une nation composite de 3 origines : Gaël (Irlande), Pictes (Bretons/Britons), Scots (germanique)....
Les 2 langues (hors anglais) qui subsistent rappellent la composante celtique et germanique.
Alors que la Bretagne est issue d'une unique origine : Bretonne/Britonne.... (la composante Armoricaine étant possiblement des Britons continentaux, voir au plus éloigné des Gaulois fortement britonnisés : donc une situation extrêmement différente de celles des Ecossais)...
Le gallo comme le français sont des langues extérieures aux origines.... elles ne sont uniquement comparable qu'à l'anglais chez les Ecossais.
Comme l'anglais fait maintenant parti de l'Ecosse, le gallo et le français font également partis de la Bretagne....
Si en Bretagne nous voulons avancer, ce n'est pas en cherchant chez les autres des comparatifs que nous y parviendront, mais en assumant notre histoire et en inventant l'avenir que nous souhaitons....!
S'il y a un seul exemple à prendre chez les Ecossais c'est bien celui-là, et certainement pas dans le décompte des langues en brodant autour d'une trinité...!
Je me garderai bien de rouvrir la question de «la nation aux deux origines» qui a tant enflammé la question nationale écossaise...
Pour l'origine des Bretons, je sais que nous sommes au 21ème siècle et que la mode, sans même évoquer le politiquement correct, est au métissage.... et que selon la définition que chacun donne à ce mot, on peut trouver à la convenance un justificatif pour l'employer.... mais je ne suis pas d'accord avec son emploi vis à vis des Bretons.... et surtout pas avec le sens qu'on aime à lui donner de nos jours...
Justement, le métissage tant européen (tout proportion gardée) qu'extra-européen reste faible en Bretagne... sans même évoquer le cratère récent de ce dernier... enfin, si c'est cela notre avenir... alors autant faire comme la République et arrêter d'évoquer les Bretons (sauf comme mot administratif)...
D'ailleurs au rythme au l'on va, il ne sera plus nécessaire d'invoquer aucun peuple ni nation dans le monde, les états-nations décidant de l'identité des êtres humains au grand bonheur d'une certaine catégorie de la population. Pour savoir qui ont est, il suffira de le demander à l'administration... un jour Breton (globalement blanc et européen et pas à la mode), un autre Ligérien (moins blanc et moins européen et plus à la mode), le suivant Grand-Ouestien (le paquet surprise, en tout cas pas blanc historique je l'espère pour devenir enfin politiquement correct)...
D'ailleurs ne devrions nous pas laisser tomber la langue bretonne (signe de repli) au moment où l'arabe est bien plus parlé dans nos rues.... et oui, les britophones sont bien plus timorés à s'exprimer publiquement que nos nouveaux bretons... D'ailleurs, il serait intéressant d'avoir le comparatif entre nombre de locuteurs Britophones et nombre de locuteurs Arabophones en Bretagne (cela permettrait certainement d'en finir avec les préjugés et les mythes d'un breton comme langue de Bretagne).
Diwan étant par ailleurs également un mot arabe, la transition se fera d'autant plus facilement prouvant au passe notre ouverture sur le monde...
Néanmoins parler moi-aussi de métissage... je conçois qu'il y a également eu des germaniques en Bretagne.... Cesson Sévigné (dont le nom vient de Saxon) étant là pour nous le rappeler.... mais, je ne sais pas si à Cesson on cultive encore ses origines issues de la diversité....
Vous avez compris que le mot «métissage» (à la mode d'ici et d'aujourd'hui) ne me convient pas...et tant pis, si je choque...
On a trop tendance à oublier que c'est Walter Scott qui joua un rôle considérable dans le «revival» de l'Ecosse et qu'à la bataille de Culloden il y avait plus de clans du coté anglais que du coté écossais.
Les Bretons , pour masquer leur impuissance, ont trop tendance à projeter leurs fantasmes chez les autres.
Ken vi lennet.
Dans ce cas, je n'ai pas compris votre constat.
Mais je ne suis pas sûr que la question soit d'avoir un avis... mais bien de s'autoriser à un regard factuel sur notre réalité...
Le problème, c'est que la Bretagne telle qu'elle est, et telle qu'elle fut, se heurte frontalement à l'idéologie actuelle.
Vous avez néanmoins réagit en utilisant ce mot, suite au fait que j'évoquais une origine unique.
Si la Bretagne est métissée (au sens fantasmé d'aujourd'hui), alors quel peuple dans le monde ne l'est pas...?
Si métissé est devenu le seul mot qui convient, alors évoquer pays, culture, nation, peuple, langue serait une futilité indescriptible... (tant en Bretagne qu'ailleurs dans le monde).
Prétendre vouloir sauver la langue bretonne, un non sens total...
Mais enseigner la langue qui hors français se développe le plus dans nos rues prendrait à l'inverse tout son sens...
Comme je l'ai dis, Diwan n'aura pas à changer de nom.
Hors, à seulement 1% d'enfants scolarisés en Breton bloqué par un financement étatique moindre de moitié au regard des textes sur les droits de l'enfant sans que cela ne choque aucune de nos associations culturelles, on ne peut faire que le constat que la Bretagne réelle et historique ne convient pas, ne convient plus... (Rappellons que Diwan, elle même, n'enseigne ni l'histoire de Bretagne ni des Bretons...)
Si l'Ecosse est moins centré sur la (les) langue (s), une chose est sûre, elle n'est pas en conflit avec son passé ni avec son identité (au contraire d'ailleurs) pour s'autoriser à construire son avenir.
Une situation Ecossaise bien différente de la démarche bretonne, c'est ce que je voulais souligner...
Les soi-disants partisans du «métissage» cachent très mal et leur manque de compréhension du système capitaliste ( mondialisé lui depuis très longtemps et responsable des migrations économiques ) et leur paresse intellectuelle : n'est-il en effet pas plus facile, en se drappant de vertues «humanitaires» de laisser agoniser des cultures centenaires plutôt que de chercher courageusement à aider les populations d'Afrique et d'Asie en souffrance à s'affranchir de leurs tyrans ?