Anatole Le Braz et l'Amérique, par Georges Le Moël

Présentation de livre publié le 11/11/08 13:49 dans Cultures par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail
https://abp.bzh/thumbs/12/12875/12875_1.jpg
Laura et Ralph Weymouth
https://abp.bzh/thumbs/12/12875/12875_2.jpg

La vie présente parfois des coïncidences inattendues. Originaire de Rostrenen, mais ancien élève du collège public de Saint-Brieuc qui porte aujourd'hui le nom de collège Anatole Le Braz, Georges Le Moël s'y est retrouvé, bien des années après, professeur d'histoire-géographie. Se passionnant pour l'œuvre d'Anatole Le Braz (Saint-Servais, 1849 - Menton, 1926), il s'est démené avec d'autres, pendant plusieurs années, pour y créer un petit musée qui a été inauguré le 11 juin 1983 (il est provisoirement inaccessible en raison des gros travaux de rénovation menés par le Conseil général des Côtes-d'Armor, mais il devrait à nouveau être ouvert à la visite dans quelques mois).

En 1998, Georges Le Moël avait fait paraître un ouvrage de 263 pages intitulé : «Anatole Le Braz se raconte», qui a été épuisé au bout de quelques années et dont il vient donc de faire une nouvelle édition, complétée et mise à jour grâce aux recherches qu'il a faites ces dernières années.

Dans ce précédent livre, Georges Le Moël évoquait naturellement cet aspect relativement peu connu et cependant très important de la vie d'Anatole Le Braz, qu'avaient été ses nombreux voyages aux États-Unis. Le petit musée de Saint-Brieuc avait reçu en dépôt quelques-uns des carnets personnels qu'avait tenus le grand écrivain au fil de ses voyages outre-Atlantique, mais le plus grand nombre d'entre eux se trouvait chez des descendants vivant du côté d'Alicante en Espagne et étaient de ce fait inaccessibles aux chercheurs. Il y a quelques années, grâce aux démarches menées auprès d'eux par Yann-Ber Piriou, tous ces carnets ont été confiés en dépôt au Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques (CRBC) de l'Université de Bretagne Occidentale à Brest.

Georges Le Moël s'y est rendu pour les consulter et il a été si captivé par leur contenu qu'il a passé 15 jours à les étudier et à les transcrire. Il en est résulté un livre qui est paru récemment : «Anatole Le Braz et l'Amérique». Cet ouvrage de 233 pages est disponible dans un certain nombre de points de vente des cinq départements bretons (au prix de 20 €) ou auprès de l'auteur : Georges Le Moël 17, rue Clemenceau, 22950 Trégueux (ajouter 3,50 € de frais d'envoi), tél./fax : 02 96 71 02, 48, courriel : georges.lemoel@orange.fr

Entre 1906 et 1920, Anatole Le Braz n'effectua pas moins de treize voyages outre-Atlantique et se rendit à Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, Chicago, Detroit, Cleveland, Pittsburgh,Washington, Richmond, Saint Louis, Nashville, La Nouvelle-Orléans, Saint Paul, Minneapolis, Buffalo, mais aussi au Canada, à Québec, Montréal, Ottawa, etc. et, également, sur la côte ouest : San Francisco, Berkeley, Oakland, Los Angeles, Pasadena, Santa Barbara, etc. Et le plus fort, c'est qu'Anatole Le Braz ne parlait pas anglais, du moins pas durant ses premiers voyages en Amérique. Par la suite, il devint capable de s'exprimer, au moins sommairement. Il fut en fait invité à faire des tournées de conférences en français, dans le réseau très denses des Alliances françaises où il rencontrait des auditoires francophiles et comprenant le français. Il est incontestable que, par ses conférences, Anatole Le Braz contribua, à sa mesure, à faire pencher une partie de l'intelligentsia des États-Unis pendant la Première guerre mondiale en faveur de l'entrée en guerre du pays aux côtés de la France et du Royaume-Uni. Le grand auteur breton eut d'ailleurs le privilège d'assister personnellement le 2avril 1917, dans la tribune diplomatique du Congrès à Washington, au fameux discours du président T. W. Wilson par lequel il mit fin à la neutralité américaine dans le conflit.

Le livre de Georges Le Moël permet de revivre ces tournées de conférences d'Anatole Le Braz en Amérique du Nord, grâce à de larges extraits de ses carnets, mais aussi à des extraits de lettres et des articles de journaux.L'ouvrage contient aussi un tableau généalogique, une bibliographie, un index des noms de personnes citées et d'autres annexes utiles.

L'intérêt pour la vie et l'œuvre d'Anatole Le Braz dont on fêtera le 150e anniversaire le 2 avril prochain, ne se dément pas depuis quelques années et, outre ses nombreuses œuvres rééditées, d'autres livres ont été consacrés à sa vie et à son œuvre dans la période récente, parmi lesquelles on peut citer «Anatole Le Braz : sa vie, son oeuvre» (Le Faouët, Liv'éditions, 1996, 197 p.) par Joseph Jigourel, «Au-delà de la légende : Anatole Le Braz» (Rennes, Terre de Brume et les Presses universitaires de Rennes, 1999, 363 p. ) par Yann-Ber Piriou, et aussi «Il était une voix... Anatole Le Braz : discours et conférences» (Rennes : Apogée, 1995, 189 p.), également par Yann-Ber Piriou.

Les États-Unis ont tenu une grande place dans la vie d'Anatole Le Braz, au point qu'après avoir perdu son épouse, Augustine Le Guen-Donzelot, le 16 février 1906, il épousa une Américaine, Henrietta Spencer Porter, le 9 novembre 1915, à New-York. Celle-ci mourut malheureusement le 30 avril 1921, mais c'est encore avec une Américaine qu'il se remaria, le 3 septembre 1921, en épousant Mary ('Mabel') Lucinda Davidson à Paris. Il faut dire qu'Anatole Le Braz était un fort bel homme, ainsi qu'en témoignent toutes les photos que l'on a de lui, et qu'il arrirait une foule d'admiratrices lors de ses tournées de conférences outre Atlantique...

Anatole Le Braz avait eu trois enfants de sa première épouse et n'en eut aucun de ses deux épouses américaines, mais sa fille aînée, Reine-Anne (née en 1891) eut trois enfants, dont une fille, Laure, qui devait épouser un officier de l'US Navy, Ralph Weymouth, futut contre-amiral. Plus étonnant encore, se deuxième fille, Marguerite ('Maggie') eut à son tour une fille, Marguerite (née en 1915) qui épousa elle aussi un Américain, D. Nichols, et qui eut à son tour un fils (né en 1940), prénommé John, qui allait devenir un écrivain assez connu aux États-Unis. Le romancier américain John Nichols, dont plusieurs livres onté été traduits en français, est ainsi l'arrière-petit-fils d'Anatole Le Braz, qu'il n'a jamais connu, mais dont la célébrité littéraire a sans doute pesé dans sa propre vocation d'écrivain...


Vos commentaires :
Georges LE Moěl
Vendredi 22 novembre 2024
Superbe article révélant les parcours armoricain et américain de Le Braz, avec l'envie de les connaître en détail vu les éléments et les témoignages qui alimentent les pages aux illustrations judicieuses...merci à l'auteur de cette critique éclairée. GLM

Anti-spam : Combien font 5 multiplié par 9 ?