Lors de la Coupe du monde de football, les supporters de l’équipe tricolore nous ont appelé à prendre les armes à chaque but marqué. Par chance, personne ne l'a fait. Contrairement aux apparences, la Marseillaise n’est pas l’hymne du djihad ou du lobby américain des armes. Cet appel mélodique au meurtre reste un monopole du citoyen français, qui est un garçon bipolaire. Quand il ne chante pas, il veut s’imposer mondialement comme un homme de paix.
Que signifie donc un hymne national que même ses admirateurs ne prennent pas au sérieux ? Contentons-nous ici de quelques constatations.
La musique
En 1861, L'organiste allemand Hamma démontre que le dessin musical complet de la Marseillaise dérive du Credo d'une messe manuscrite d'un maître de chapelle, Holtzmann.
En 1886, un autre Allemand, Wilhelm Tappert, soutient que Rouget de Lisle a emprunté sa musique à la messe manuscrite d'un autre organiste, Holzbauer.
La mélodie de La Marseillaise se retrouverait aussi dans le concerto pour piano et orchestre N°25 de Mozart.
Le fait que Rouget de Lisle ait pu composer sa musique en quelques heures chez de Dietrich, aristocrate et maire de Strasbourg, nous mène à deux hypothèses; deux seulement.
- Soit le Français a fait preuve d'un génie musical rapide et sur commande, qui ne s'est jamais reproduit dans son cerveau par la suite ; il est considéré pour ses autres œuvres musicales comme un «compositeur médiocre».
- Seconde hypothèse, plus vraisemblable : l'hymne français est un plagiat, et il a une origine allemande.
Les paroles
Comme la musique, le texte comporte des reprises et des plagiats.
«Aux armes citoyens !» est repris d'une Ode aux Français de 1762.
La référence au «sang impur» est reprise d'une chanson anti-anglaise du milieu du XVIIIème siècle. En ce temps-là, la haine de l'étranger était encouragée par les pouvoirs publics. Robespierre en fera une vertu républicaine. Constatons que cette (ig)noble tradition s'est maintenue en France à travers son hymne national.
Le huitième couplet, religieux, a été supprimé du texte officiel par le Ministre de la Guerre, Joseph Servan de Gerbey, en 1792. Il serait contraire aux convenances laïques de le conserver. Mais il n'est pas inconnu dans les milieux traditionalistes catholiques.
« Dieu de clémence et de justice / Vois nos tyrans, juge nos cœurs / Que ta bonté nous soit propice / Défends-nous de ces oppresseurs. / Tu règnes au ciel et sur terre / Et devant Toi, tout doit fléchir / De ton bras, viens nous soutenir / Toi, grand Dieu, maître du tonnerre.»
Le texte définitif de la Marseillaise a été établi en 1887 par une commission nommée par le général Boulanger, un populiste cocardier. Il était soutenu par les anti-républicains et les antisémites. Il était aussi soutenu par une extrême-gauche (Henri Rochefort en particulier) qui, à l'époque, n'était pas tentée par la démocratie.
Le compositeur
Rouget de Lisle a toujours été un fervent monarchiste.
Il n'a pas écrit un hymne à la République. Il est même allé jusqu'à modifier les deux derniers vers de la dernière strophe actuelle qui, après-coup, lui avaient semblé justement un peu trop républicains. Originellement, ces deux vers disaient : «Et que les trônes des tyrans / Croulent au bruit de votre gloire». Ils sont devenus: «Que tes ennemis expirants / voient ton triomphe et notre gloire».
Revenu à Paris, Rouget de Lisle proteste contre l'internement de Louis XVI. Il est arrêté sur ordre de Carnot, et restera emprisonné sous la Terreur. La chute de Robespierre lui a sans doute évité la guillotine.
Après diverses vicissitudes, il reste dans l'obscurité et la pauvreté sous la République, l'Empire et la Restauration.
Il lui faudra attendre 35 ans, et un coup de chance... Berlioz établit une orchestration de La Marseillaise en 1830. Ceci redonne une popularité au chant. Louis Philippe, grand gagnant de la Révolution de 1830, réhabilite le toujours royaliste Rouget de Lisle et le fait chevalier de la Légion d'Honneur. Il lui accorde même une pension de 1500 francs... Rouget de Lisle meurt en 1836.
Défense de la patrie, ou cri de guerre des envahisseurs ?
La Marseillaise est déclarée Chant national le 14 juillet 1795. Replaçons-nous dans le contexte de cette époque :
Les troupes françaises occupent la Savoie, les Pays-Bas, la Belgique, une partie de la Suisse. Les peuples conquis sont saignés fiscalement pour pallier la gabegie et la corruption de l'administration révolutionnaire.
Depuis 1795, sur tous les continents, La Marseillaise a été le chant des envahisseurs, bien plus souvent que le chant des résistants à l'invasion. La menace de mort qu’elle porte est adressée aux populations envahies, au sang impur. Sur un terrain de foot, le but marqué serait-il une invasion symbolique ?
L'analyse du texte
Le texte a été remanié plusieurs fois ; des couplets entiers ont été ajoutés, d'autres retranchés, d'autres ajoutés puis retranchés.
Le texte officiel, comme nous l'avons vu, a été fixé sous la Troisième République. Une expression raciste comme «le sang impur» n'est donc pas une maladresse de langage liée à l'ivresse guerrière de 1792, une sorte d'aberration résiduelle. Les expressions du texte ont été étudiées et discutées. Celle-là a bel et bien été maintenue en toute connaissance de cause lors de la fixation du texte en 1887. Il faut sans doute rapprocher l'acceptation républicaine du concept de «sang impur» et le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885, deux ans plus tôt («Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit sur les races inférieures»)
L'analyse sémantique du texte officiel de la Marseillaise est à la portée de tous grâce à des logiciels accessibles sur internet, et que l’on ne peut accuser de préférences politiques. L'analyse converge vers un seul mot : «dictateur». Voir plus haut les résultats obtenus par l'excellent logiciel TROPES. A partir de là, à chacun de prolonger la réflexion.
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