« Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j’étais dans mon propre pays d’une espèce destinée à être traitée en inférieure ? »
Gabrielle Roy
(sur site du Québec VIGILE (voir le site)
En Bretagne, le président du Conseil général du Finistère, Pierre Maille, du Parti Socialiste a donné une interview le 5 janvier dernier au quotidien Ouest-France. (voir le site)
A côté d'autres sujets, celui de la langue bretonne a été évoqué.
A la question « Quel est l'objectif du Conseil général pour la langue bretonne ? » Pierre maille a affirmé clairement sa position.
« Si l'objectif est de dire : on a une langue dont les locuteurs sont en voie de disparition et que nous voulons la maintenir car c'est un patrimoine collectif, au moins faire de l'initiation et de l'enseignement, maintenir une présence dans l'espace public.
Ou bien l'objectif est d'en faire une langue d'usage comme le catalan ou le gallois. Moi, clairement, je dis que nous ne sommes pas dans l'objectif de la langue d'usage. Je pense que cela demanderait des moyens énormes en communication, média, etc… C'est une langue qui a déjà disparu en tant que langue d'usage, à part pour un nombre réduit de locuteurs.»
Je suis défenseur depuis de longues années, de « toutes les langues régionales et/ou minoritaires » et, bien sûr, de la langue française, entres autres, avec les militants québécois qui subissent les atteintes portées à cette dernière. (voir le site)
Il est inquiétant pour moi de voir que les arguments avancés sont les mêmes, sur le fond, que ceux qui souhaitent son éradication... au bénéfice de la langue anglaise. On est minoritaire : on se tait!
Pas très démocratique cela ?
Il y a longtemps que j'ai fait miennes les fortes paroles du Québécois Pierre Bourgault .... (1934 – 2003)
« Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l'hégémonie d'une seule. »
lorsque je déclare :
« Quand nous défendons le Breton chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l'hégémonie d'une seule. »
Concernant la langue de Molière, Pierre Maille, le président du Conseil général du Finistère a choisi, de facto, le camp de la « globalisation de la Culture » et de la capitulation face à l'abus de position dominante de la langue de la « perfide Albion ».
Il reste à savoir quelle est la position que va prendre publiquement son parti face à cet alignement.
■Pierre Maille n'est pas breton. Mais les bretons qui le soutiennent lui, ses acolytes et son parti ont une lourde part de responsabilité dans l'assassinat de la langue bretonne. Me a vije mezhus en o flas.
Que Pierre Maille soit né à Fréjus n'a rien à voir avec ses positions et sa «qualité» de Breton«...
»On ne naît pas Breton, on le devient!"
Il ne faut pas se tromper de problème... et de cible!
Le débat est celui de la tolérance et de la lutte contre l'obscurantisme et les discriminations linguistiques.
Les réactions à la déclaration de Pierre Maille doivent témoigner de l'attachement, ou non, à des valeurs concernant les Droits Humains et à la diversité.
Cela même en dehors des périodes électorales.
Or de grandes voix émanant de partis, souvent déclamatoires, sont bien inaudibles.
C'est peut-être à cela que l'on se reconnaît être vraiment Breton?
Certes mais dans le cas de Pierre Maille, il a été élu plusieurs fois par des Bretons pour représenter soit une commune, soit un canton ou un département. Donc si cela a pu se faire, c'est que beaucoup de Bretons le considère comme faisant partie des leurs. On peut le déplorer mais c'est un fait.
Pour revenir à sa réaction, avec un peu de cynisme je dirai qu'elle est conforme avec le sentiment majoritaire des Bretons qui se disent attachés à la langue bretonne (dans un souci patrimonial), mais quand on commence à leur parler d’officialisation de la langue bretonne ou de moyens publics pour son développement, la majorité n'existe plus.
C'est pour cela qu'il faut changer de logiciel chez les Bretons, qu'ils arrêtent de tout attendre de la France et qu'ils comprennent enfin que s'ils veulent s'en sortir (avant qu'il ne soit trop tard), qu'ils prennent leur destin en main. C'est pour cela qu'il faut absolument dénoncer les petits jacobins bretons locaux qui dans leur réaction sont bien pires que leurs «équivalents» d'outre-couesnon...
Le français se situe au 9e rang des langues les plus utilisées. On compterait aujourd’hui près de 200 millions de francophones à travers le monde, soit plus de 3 % de la population mondiale.
Source : Voir le site
Remarque :
200 millions / 7 milliards = 2,85%. Le site www.diplomatie.gouv.fr tend à surestimer la part de francophoneset précise en outre : La définition du terme « francophone » reste elle-même à perfectionner.
Regardons le breton au début du XX siècle :
1.200 000 locuteurs pour 38.000.000 habitants (39.000.000 en 1914).
1.200 000 / 38 000 000 = 3.15% Question : la 38 000 000, la France est-elle considérée dans son périmètre actuel, Alsace-Lorraine comprise ? Agaçant ce flou des statistiques sur les sites officiels ou pas)
Où l’on voit que la situation du breton, à son plus haut historique dans la période 1900-1914, est équivalente à celle du français cent ans plus tard par rapport à la planète. Le ratio démographique dans cette analogie est même favorable au breton !
J’ai souvent pensé à cette situation tout au long de mon existence. La période actuelle est donc remarquable pour aider à se représenter ce qu’ont dû vivre nos ancêtres récents…hon tadoù kozh…
Alors oui, « la langue française est minoritaire dans le monde ». Elle perdurera longtemps (en raison du système politique qui la soutient et de son volume de publication ancien et actuel). Mais après tout, qu’en sera-t’il à horizon de 500 ou 1000 ans ? Qui peut le dire ? Quelle sera la situation de la planète ? Impossible de faire des projections !
Gant ma vevo ar brezhoneg, hag e vo saourus ar vuhez ! Que le breton se maintienne et la vie aura du goût !
mais alors vous ne comprenez plus. qu'appelons nous être Breton? Et d'abord,pourquoi l'être?
...Français d'etat civil,je suis nommé francais.
Mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative,que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. j'ai longtemps ignoré que j'étais breton.
Français sans problème,il me faut donc vivre la bretagne en surplus,ou,pour mieux dire,en conscience:si je perds cette conscience,la Bretagne cesse d'être en moi; Si tous les Bretons la perdent,elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existeque si à chaque génération des hommes se reconnaisent Breton.
A cette heure,des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils Breton? Nul ne le sait. A chacun,l'âge venu,la découverte ou l'ignorance.»
texte de Morvan LEBESQUE-1970