Albert Boché, Yves Lainé, Ivonig Le Merdy et les frères Morvan ont reçu, hier à Guingamp, le Collier de l'Hermine. Instauré par le duc Jean IV, le Collier de l'Hermine distingue celles et ceux qui ont particulièrement oeuvré pour le rayonnement de la Bretagne.
Le Collier de l'Hermine compte parmi les plus anciens des ordres honorifiques d'Europe. « C'est un symbole inscrit dans notre longue histoire qui était en avance sur son époque car il pouvait être attribué aussi bien à des hommes qu'à des femmes, des nobles que des roturiers », a rappelé Patrick Malrieu, président de l'Institut culturel de Bretagne (ICB).
Remis en vigueur en 1972 par le Celib (Comité d'études et de liaison des intérêts bretons), le Collier de l'Hermine continue d'honorer ceux qui ont oeuvré pour la cause bretonne. Depuis 1988, c'est l'Institut culturel qui choisit les herminés et organise la remise des colliers. Une cérémonie particulièrement émouvante car tous les herminés y sont conviés et des films biographiques y sont projetés. Le Collier de l'Hermine récompense « des personnes qui se sont engagées personnellement et longuement pour la Bretagne, son développement et son avenir, issues du monde économique, mais surtout culturel » a déclaré Patrick Malrieu. Depuis 1972, 103 personnes ont été décorées. Le mode de désignation a été structuré pour éviter le copinage. « Toutes les sections de l'Institut culturel proposent chacune quatre noms, explique le président de l'ICB. Ensuite, huit noms sont proposés au Conseil d'administration qui, après avis du collège des Herminés, en retient quatre ».
Ancien enseignant, initiateur avec Tugdual Kalvez de l'association des instituteurs laïcs bretons. Chroniqueur sur Radio Vannes dans les années 1970, puis sur Radio Bro-Gwened où il diffuse des cours de breton. Il collabore à la section langue et linguistique de l'ICB (mise à jour du dictionnaire Roparz Hemon). Albert Boché est partisan d'un breton populaire libre et créatif. Lui-même a façonné plusieurs centaines de nouveaux mots en breton qu'il déplore ne pas trouver dans le dictionnaire. Il propose ensavat pour institut au lieu de Skol Ober qu'utilise l'Institut culturel. Pour lui, le breton est une langue moderne plus à même de générer des nouveaux mots que le français.
Albert Boché a aussi proposé une marche annuelle dans les deux sens, de l'embouchure du Couesnon à la baie de Bourgneuf, en Loire-Atlantique, afin que les Bretons visualisent bien les limites de la Bretagne. «Vive la Bretagne celtique. Vive la démocratie et pas seulement la république !», a déclaré en conclusion Albert Boché.
Ancien membre du comité directeur du CELIB et ancien président d'ALTRO (Association logistique transports Ouest), il a été directeur commercial du port autonome de Nantes-Saint-Nazaire puis Directeur du Développement (1976-1997) de la compagnie maritime Brittany Ferries.
Militant de longue date de la réunification administrative de la Bretagne, il fut président-fondateur de l'association B5, qui veut démontrer la pertinence d'une Bretagne à cinq départements comprenant la Loire-Atlantique. Il est ancien vice-président du Comité pour l'unité administrative de la Bretagne (CUAB) devenu Bretagne Réunie.
Il fut président de l'Association des écrivains bretons, ex-président de la section “Droit et Institutions” de l'Institut culturel de Bretagne et membre du Conseil de développement de Nantes Métropole. Il est l'actuel président de l'association «Les Transbordés», qui souhaite faire la promotion d'un «Projet Jules Verne» à Nantes avec un nouveau pont transbordeur, le «Vernoscope», espace ludique et scientifique pour la jeunesse, un poste d'escales croisières à Nantes, une «serre froide» sur le modèle d'Estufa fria à Lisbonne. Il est également membre du Conseil culturel de Bretagne. On lui doit plusieurs ouvrages économiques, historiques et des romans dont une trilogie sur ses ancêtres, la saga des Kervadec, dont le dernier roman, «Chouan de Bretagne», est paru en mars 2012.
Ses racines sont celles de Plouyé, charmant petit bourg du Finistère, du bar-tabac que tenait sa maman Anna et du cercle celtique... Militante assidue de la cause Diwan, son combat est celui de la culture et de la langue bretonnes. «Une façon naturelle de vivre», dit-elle modestement. Sa Bretagne est aussi celle d'Emglev bro an Oriant, relais incontournable de l'animation culturelle en pays de Lorient.
Champions du [[[kan-ha-diskan]]], les frères Morvan étaient quatre à l'origine mais l'aîné Yves est décédé en 1984 et François en mai dernier. Ils chantent depuis un demi-siècle. Depuis leur petite ferme de Botcol, dans les Côtes-d'Armor, ils ont porté partout la tradition musicale bretonne, du fest-noz du bourg jusqu'à la scène des Vieilles Charrues à Carhaix, en passant par les Transmusicales. Les frères Morvan ont remporté le Grand Prix du Disque du Télégramme en 2010 avec leur album «Un demi-siècle de kan ha diskan».
Philippe Argouarch
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