Danuta Hübner Commissaire européenne en charge de la politique régionale a lancé en Europe le débat sur la cohésion territoriale le 6 octobre dernier. Cette consultation se clôt le 28 février 2009. (voir notre article). L'artiste breton Alan Stivell, de renommée internationale, nous a fait copie de la lettre qu'il vient d'envoyer à madame Hübner :
À madame Danuta Hübner
Commissaire européenne en charge de la politique régionale
Bonjour,
L'Europe doit protéger la Bretagne et les Bretons des diverses agressions à leur encontre, perpétrées par une République française qui exerce encore un certain «droit» de vie ou de mort sur des entités ne lui appartenant pas corps et âmes.
Il va de soi que la Bretagne doit pouvoir se hisser aux normes européennes en matière d'autonomie administrative, politique, économique, juridique, culturelle. En effet, le peuple breton a besoin, pour survivre et développer sa personnalité et ses potentiels, d'un statut particulier comparable à l'Écosse ou la Catalogne-sud, être d'ailleurs reconnu en tant que peuple, et ne peut se contenter des pouvoirs et moyens régionaux actuels. Il semble qu'aujourd'hui la majorité des Bretons souhaite au moins une «régionalisation» plus poussée, tels les lander allemands. L'Europe doit le faire comprendre à la France de manière ferme.
Cette Bretagne doit bien sûr retrouver le Pays Nantais, enlevé par l'État vichyste.
À l'intérieur de la Bretagne, les départements n'ont absolument aucun sens, si ce n'est une certaine habitude. Un exemple : les parties celtophones des Côtes-d'Armor et du Morbihan sont naturellement (et pas seulement linguistiquement) plus proches du Finistère que du reste du département, même si l'existence même de ces départements oblige les citoyens à s'habituer à cette réalité artificielle imposée.
À ce sujet, demander leurs avis aux Conseillers généraux élus à ce niveau n'est-il pas surréaliste ? Ces départements sont de taille inadaptée, trop près de la dimension régionale, et pas assez en proximité. Ce sont bel et bien les «pays» traditionnels, ayant une réalité humaine, historique, culturelle et économique, autre que simplement administrative, qui doivent être l'autre circonscription de demain. La vingtaine de pays en Bretagne est peut-être un tout petit peu beaucoup, il faudrait peut-être réduire à 12 ou 15.
Malheureusement, ce n'est pas l'ignorance quasi totale de la majorité des Bretons pour leurs propres réalités historiques et autres qui peut leur permettre une vision objective. S'ils devaient s'exprimer sur ce sujet, il faudrait auparavant une longue période d'information libre (qui d'ailleurs ne pourrait jamais rétablir totalement un équilibre tellement défait par l'enseignement dirigé par Paris). Une consultation devrait d'ailleurs être surveillée par des instances européennes et internationales quant à leur bon déroulement.
Très cordialement,
Alan STIVELL
Philippe Argouarch
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