Il est venu pour la troisième fois à Quimperlé ce mois de janvier, en tant que spécialiste du haiku japonais.
C'est à une conférence studieuse qu'Alan Kervern avait convié ses auditeurs : une définition des mots de saison, et plus précisément encore l'almanach poétique correspondant à la saison des pluies qui se déroule de juin à juillet au Japon.
Le poète doit observer la nature, ses variations, utiliser l'almanach pour le guider dans les mots de saison que l'on doit toujours trouver dans un haiku.
Il écrit quelques mots en japonais au tableau, lit des haikus célèbres contemporains, revient à ceux des maîtres, à l'époque où le Japon trouvait plus important d'écrire de la poésie que d'aller faire la guerre, Bashô étant le plus connu de tous les poètes de l'époque. Le Japon a ensuite connu (XVIe-XXe) des siècles marqués par la guerre.
Il raconte aussi ses années d'étude du japonais et l'atelier de haikus parisien où il allait une fois par mois et dont il était le seul Français : la sévérité de la grande poétesse qui le corrigeait en rouge, et la rigueur de la composition. Alan a la même modestie, il se moque de la grande poésie romantique française et se réjouit de l'attirance des Européens pour le haiku aujourd'hui.
Il reviendra bientôt, pour une chasse aux haikus en breton et lancera le prochain concours de haikus de Taol Kurun, en septembre 2015, à Melesse pour le gallo et à Quimperlé pour le breton et le français.
Quelques haikus japonais, lus ce samedi, contemporains :
Les chiens sous la mousson
des vagabonds
sans feu ni lieu.
La pluie des moussons
révèle sous l'imperméable
des formes féminines.
A grands fracas Moïse
et les dix commandements
dans les ténèbres de la mousson.
Divorcée, elle piétine
son honneur dans la boue
repiquage du riz.
Des haikus plus anciens :
Ciel et terres
ne font plus qu'un
pluie de la cinquième lune.
Feuillages sous les moussons
il repousse les nuages
le château du héron bleu.
Des enfants courent
chercher le pied de l'arc en ciel
le visage grave.
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