À Notre-Dame des Landes le matin du 17 novembre dans le bourg

Reportage publié le 19/11/12 13:52 dans Environnement par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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Ils sont venus très nombreux comme relaté (voir notre article) pour la manifestation qui aurait rassemblé samedi à Notre-Dame des Landes plus de 20.000 opposants au projet d’aéroport. Une manifestation pacifique et festive pour fêter symboliquement le quatrième samedi après les premières expulsions (1) par une réoccupation musclée des lieux prévus pour construire le nouvel aéroport au nord de Nantes. C’est dès le petit matin que le bourg a vu arriver les premiers manifestants. Les cars – venus de partout et ayant bien souvent roulé toute la nuit – les y ont déposés. Le Tabac presse du bourg avait choisi de ne pas ouvrir mais l’épicerie a fait le plein de clients qui, eux, ont fait le vide des rayons. « On n’avait pas vraiment prévu », dit la propriétaire !


L'organisation

Elle fut remarquable. Chaque carrefour d'accès au bourg a un numéro de Porte, des membres de l'Acipa de comités locaux doivent y rester jusqu'à environ 14 heures pour guider les automobilistes et les cars. La route directe de Vigneux-de-Bretagne à Notre-Dame des Landes étant coupée pour les voitures au carrefour de la Croix des Ardillières, lieu du passage du cortège, c'est dès la sortie de la voie express venant de l'est que deux personnes du comité d'Orvault, avec un panneau rouge et jaune Non à l'aéroport, orientent les automobilistes par Le Temple-de Bretagne (ph. 7). Aux carrefours suivants, en pleine campagne et sans panneaux indicateurs précis, on trouve la suite de la réorientation (ph. 8-11) avec des gens très aimables pour vous guider, vous expliquer – c'est encore mieux si vous avez une carte routière – avec souvent vue sur les tracteurs qui bloquent les routes non permises. « Celui-ci était à Nantes, oui ». Plus loin, au lieu-dit Le chêne des Pierrières « Ceux-ci étaient à Rennes la semaine dernière » et dernières explications pour contourner ce carrefour interdit pour cause de trajet du cortège et accéder au bourg par la D 81. Les vidéos ci-dessous sont en images plus grandes, comme proposé à côté, sur ABP-TV.


Ils sont venus de partout

Outre les voyageurs en cars, on remarque à l'entrée du bourg de nombreuses voitures particulières venues des 34 (Hérault), 33 (Gironde), 32 (Gers), 21 (Côte-d'Or), 89 (Haute-Vienne), 49 (Maine-et-Loire), 17 (Charente-Maritime), beaucoup des 4 autres départements de Bretagne.

À un carrefour de réorientation, on apprend que deux cars d'Allemagne sont passés. Parmi la foule qui attend patiemment dans le bourg le départ du cortège, des cars, de Vendée, du Finistère, de Haute-Garonne... essaient de se frayer un passage. Certains débordent encore de marchandises, apportées en don et voudraient aller les déposer sur place, comme le feront aussi les tracteurs avec leurs remorques chargées à ras bord de matériel (ph. 25-28). Le but du rassemblement – outre l’opposition au projet d’aéroport mais contenu dedans – était aussi de faire parvenir sur les lieux de réoccupation (l’emplacement des futures pistes) du matériel de reconstruction et des moyens de survie aux occupants. Les dons de particuliers sont déposés près de l’église et le tas augmente et s'étend considérablement entre midi et 14 h (ph. 25-26).

De jeunes paysans de l’Isère (ph. 1 et 23) affichent leur solidarité. Ils donnent des précisions à ABP : quatre ou cinq cars sont venus de la Région Rhône-Alpes, de Valence, Aubenas, Lyon, de Romans, tous avec des dons : des planches, des couvertures et des matelas, de la nourriture. Ils étaient dans l’un des deux de Grenoble, « à peu près 100 personnes, 50 selon la police » ajoute malicieusement ce jeune homme ! avec leur gros barbecue (à bois) qui permet de cuire et de chauffer en même temps. Ils étaient partis la veille à 22 h 30, avec du matériel et leurs pique-niques. Ils ont rendez-vous ici à 21 h 30 pour le retour.

Il vient du Gers (ph. 41-42). À gauche sur la photo 41 « Nous avons adapté Gardarem le Larzac en souvenir... ». Et « Six cars sont venus du Sud-Ouest, de Tarbes, Agen, du Gers, du Pays Basque et des vallées des Pyrénées ». Le premier adjoint au maire de Hèches dans les Hautes-Pyrénées (62), avec son écharpe, porte la banderole, (ph. 46-48).

La bonne humeur règne, les manifestants sont de tous âges. Des jeunes grimés en clowns (ph. 13) font vraiment les clowns, un sonneur de cornemuse venu de Redon joue, des discussions s'engagent sur le bien fondé de la présence d'une banderole Écologie Les Verts, à cause de la polémique au gouvernement... Un groupe de chanteurs de Redon (ph. 53-54 et video), qui se défend d'être une chorale, déroule son abondant répertoire de chansons traditionnelles détournées « Nous les avons composées pour la fête de La Bogue d'Or de Redon ».

Aucune trace de police, ni aux abords, ni dans le bourg, donc aucun énervement du public. Juste un gendarme à moto à un carrefour sur la D 81 semblait surveiller la circulation.


On entend, dans la foule

« C’est à la fois un nouveau Larzac (2) (destruction des terres) et un nouveau Plogoff (3) (destruction du territoire de Bretagne, pollution, nuisances) » entend-on dans les rangs serrés.

« Maintenant on fait les choses, pas parce qu'on en a besoin, mais parce qu'on peut les faire, disait Théodore Monod, ce grand sage, pour en dénoncer l'ineptie, évidemment. On est exactement dans ce cas, hormis la question du profit ici... »

« Un projet de 40 ans, dit-on, ou même plus. Mais en 40 ans, le monde a changé. C'est dans les années 70 qu'a eu lieu la prise de conscience de l'écologie et la protection de la nature... Puis au XXIe siècle, la notion de “développement durable”, avec l'énergie renouvelable. Rien qu'avec cela, sans parler d'économies, de crise et d'austérité, le projet devrait être déclaré caduc » entend-on aussi. Voir aussi la page 11 du Dossier de presse d'Acipa (PDF) « Ils ont dit… au sujet du projet d'aéroport ».


Les comités de soutien

L'ACIPA (4) – Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d'Aéroport de Notre Dame des Landes – créée en novembre 2000, tenait un stand (ph. 31-32), avec en particulier Anne-Marie Chabod, porte parole d'Acipa sur ABP. Il s'y vendait des gobelets, des autocollants, t-shirts et le livre « C'est quoi c'tarmac » (voir le site)

Trois feuilles mises à jour en permanence montrent les comités de soutien avec leur contact pour usage interne ACIPA (ph. 32).

Depuis janvier 2011, se sont constitués ceux de Vannes, Redon, Pays de Retz, Châteaubriant, Orvault, Le Loroux-Bottereau, Rennes, Redon, Saint-Brieuc, et un dans la Sarthe.

Depuis novembre 2012 les constitutions s’emballent, chaque jour en voit plusieurs se créer. Sont inscrits à ce jour ceux des départements numéros : 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 18, 21, 22, 23, 26, 28, 29 (six), 30, 31, 33, 34, 35 (deux), 36, Région Rhône-Alpes, 42, 44 (huit), 48, 49 (trois), 50 sud, 51, 53, 56 (trois), 63, 64, 66, 69, 71, 72, 73, 75. Informations partielles, la 3e feuille étant indisponible. Voir le communiqué de l’ADECA (5) (voir notre article) du 19 novembre à 18 heures.


Exemples de pro-aéroport

L'orientateur vient d'entendre à la radio « la voie express de Rennes, de Fougères et Normandie, est embouteillée : des gens arrivent encore. Il leur suffit de sortir à Héric » dit-il à ABP qui quitte les lieux vers 14 h.

À Fay-de-Bretagne, passage obligé du retour vers Nantes – les autres accès étant bloqués pour cause de trajet du cortège jusqu’à La Vache Rit – ABP avait laissé vers 14 h le cortège continuer de s’ébranler du bourg pour n’en relater que le “avant” puis le départ, principalement en photos – arrêt dans un bar du bourg. On est plutôt pour l’aéroport. Mais on est calme.

« Et les 20 % de chômeurs dans la région ? Qu'est-ce que vous en faites ? »

Ou encore « On les a vu passer, leurs tracteurs, de beaux tracteurs neufs payés avec les subventions européennes... ».

« Et les avions qui risquent de tomber sur Nantes ? Vous en pensez quoi ? »

Là, ayant étudié le problème de ce récent survol de Nantes par tous les temps (voir notre article), ABP développe le sujet, car avant il y a un peu plus d'un an, où c'est devenu en effet insupportable, les avions ne survolaient Nantes que par très mauvais temps de sud-ouest. Un collectif de pilotes a dénoncé ce survol abusif (voir notre article) révélant que c’était « les ordres », même sans vent... pour convaincre la population de la nécessité de ce nouvel aéroport avec suppression de celui de Bouguenais (Nantes-Atlantique). Les interlocuteurs semblent alors un peu impressionnés. Par ailleurs ce collectif de pilotes (voir notre article) expose la situation aérienne avec force.


Quelques rappels

– Projet aéroport Notre-Dame des Landes : (voir le site) de Sud Ouest qui donne les repères et dates clé depuis 1965, projet approuvé en 1970, d'où ce projet dit de 40 ans, mais plus ancien. Complété d'un bilan récapitulatif des plus sérieux.

– Les luttes : (voir le site) du Télégramme qui reprend la Chronologie Notre-Dame-des-Landes : plus de dix ans de protestations qui ajoute L'idée d'implanter un aéroport dans ce tranquille bocage de Loire-Atlantique remonte toutefois aux années 60-70. Dès le début, une vive opposition populaire à ce projet s'est organisée.


Notes

(1) L'histoire de Notre-Dame des Landes sur ABP : (voir le site) : la page concernant les expulsions. Pour l’affaire NDdL, voir “aéroport” en recherche : (voir le site)

(2) [[Larzac]] voir le chapitre “Lutte des paysans contre le camp militaire”, et [[Larzac 2003]], où on a commencé à entendre parler de [[José Bové]], déjà présent à Notre-Dame des Landes en août 2010 pour le pique nique à La Vache Rit avec les écologistes (voir notre article) (20 photos et 2 vidéos). Nous étions alors sur les lieux près de 400 personnes ! Il restera à mettre sa page wiki à jour de ses actions à Notre-Dame des Landes.

(3) Plogoff ou l'[[Affaire de Plogoff]] date de 1978 à 1981. Voir l'histoire des centrales nucléaires rejetées en Bretagne : " À la suite d'une mobilisation importante, le projet a été abandonné, ce qui représentait une première en France. L'année précédente, une manifestation à Creys-Malville avait été réprimée dans le sang : lire [[manifestation à Creys-Malville en 1977]]. En parallèle à cette action, des manifestations eurent lieu au Pellerin, près de Nantes, où une autre centrale nucléaire était prévue. Celle-ci fut abandonnée en 1983 conformément aux promesses du candidat socialiste François Mitterrand, avant d'être remplacée par un autre projet, la [[centrale nucléaire du Carnet]], lui aussi abandonné, en 1997.

(4) ACIPA Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d'Aéroport de Notre-Dame des Landes (voir le site) . BP 5, 44130 Notre-Dame-des-Landes. (voir le site) de Sud Ouest qui donne la parole à l'Acipa lors de la manifestation du 17 novembre. (voir le site) du blog du collectif de lutte contre l'aéroport de Notre Dame des Landes contactclcanddl@riseup.net

(5) ADECA Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d'Aéroport. (voir le site) de Paroles de campagne relatant les destructions vues du terrain avec photos et les lettres à l’Élysée depuis le 29 août 2012.


Maryvonne Cadiou

Nota voir de belles photos de la journée dans les portfolios du Monde dont certaines aériennes : (voir le site) et (voir le site)


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