Le 8e Forum des Régions Européennes Minoritaires s’est tenu du 25 au 28 novembre 2024 au Centre de Congrès Kursaal de Donostia/San Sebastián, au Pays Basque. Organisé par l'Union Fédérale des Communautés Ethniques Européennes (FUEN) et le cluster industriel de langue basque LANGUNE, cet événement a rassemblé des décideurs politiques, des experts et des représentants de minorités linguistiques à travers l’Europe pour discuter du rôle crucial des langues minoritaires dans un monde de plus en plus numérique.
Imanol Pradales Gil, président du Pays Basque, a ouvert le forum en mettant en avant l’importance du multilinguisme pour le développement économique et culturel. Il a rappelé que l'industrie de la langue génère au Pays Basque un chiffre d’affaires de 211,3 millions d’euros et 4 600 emplois. Ce succès, selon lui, reflète comment la préservation d’une langue minoritaire, comme l’euskara, peut avoir un impact significatif sur l’économie locale.
Eider Mendoza Larrañaga, président de la province de Gipuzkoa, et Eneko Goia Laso, maire de Donostia, ont également souligné l’importance des politiques de promotion linguistique dans le maintien et la vitalité des langues minoritaires.
Le vice-président de la FUEN, Bahne Bahnsen, a évoqué les opportunités et les défis que représente l’intelligence artificielle pour les langues minoritaires. Parmi les exemples concrets, des outils comme la traduction automatique, la reconnaissance vocale ou encore les modèles de langage de grande envergure (LLM) pourraient combler les lacunes entre les langues largement parlées et celles moins présentes sur les plateformes numériques.
Oihana Arrieta de GAIA a présenté le Pays Basque comme un modèle où langue et technologie se rencontrent pour promouvoir l’innovation. De son côté, Anna Solé Mena, experte principale à la Commission européenne, a souligné le soutien de l’UE, notamment via les programmes Erasmus+ et Horizon Europe, pour l’innovation et la promotion des langues.
Plusieurs tables rondes ont abordé les obstacles auxquels font face les langues minoritaires dans l’écosystème numérique : manque de financement, données limitées et faible visibilité. Les participants ont exploré comment les partenariats public-privé, les technologies open source et la collaboration avec les institutions étatiques pourraient renforcer la diversité linguistique. Une attention particulière a été portée à rendre les services numériques accessibles à tous les groupes linguistiques.
Le forum a également mis en lumière le rôle des langues minoritaires dans le dynamisme économique, notamment dans des secteurs comme l’éducation, la culture et les médias. Les discussions ont rappelé qu’investir dans les langues minoritaires ne se limite pas à une action culturelle, mais représente aussi une opportunité économique pour les régions concernées.
Le forum s’est poursuivi avec des sessions dédiées à l’industrie audiovisuelle et au rôle des médias dans la promotion des langues. Des débats ont également porté sur la manière de collaborer avec les institutions européennes pour obtenir des financements et une reconnaissance accrue.
En conclusion, cet événement a démontré une fois de plus que les langues minoritaires ne sont pas seulement des héritages à protéger, mais des atouts pour bâtir un avenir économique et culturel plus inclusif et innovant. La FUEN et ses partenaires ont rappelé l’importance d’une mobilisation collective pour garantir un espace durable aux langues minoritaires dans un monde globalisé.
■