Communiqué de dimanche 8 janvier 2012 à 12 h 50 suivi de celui de samedi à 19 h 40
Loïck Peyron et ses 13 équipiers ont quitté, à 10h ce dimanche, le Port du Château de Brest où ils avaient amarré hier matin quelques heures après avoir franchi la ligne d'arrivée au large de Ouessant, et remporté le Trophée Jules Verne. C'est en grands vainqueurs qu'ils feront leur entrée ce soir dans leur port d'attache, à la base des sous-marins de Keroman de Lorient. En tant que nouveaux détenteurs du record du Trophée, les 14 marins pourront arriver la tête haute sous les yeux des nombreux Lorientais qui les attendent de pied ferme.
Arrivés à Brest jeudi matin à 10 h 30 sous les acclamations d'un public impatient de voir pointer le géant des mers, Loïck Peyron et son équipage ont réalisé un exploit sans précédent. Au terme d'un parcours de 29.002 milles nautiques, soit 53.711,7 km, ils sont venus inscrire leurs noms dans le grand livre des records de la course au large.
Épuisés mais plus heureux que jamais, les 14 hommes ne sont pas mécontents de regagner la terre ferme où il vont pouvoir savourer leur victoire. La ville de Lorient est également ravie de retrouver ses marins après ce long périple autour du globe de 45 jours 13 heures 42 minutes 53 secondes, et impatiente de les féliciter de vive voix.
Trois ans et demi après sa mise à l'eau en août 2008 et après sa deuxième tentative, le Maxi Banque Populaire V vient d'entrer de plein pied dans la grande histoire des records en s'emparant du Trophée Jules Verne au terme d'une navigation de 45 jours 13 heures 42 minutes 53 secondes autour du globe, et d'un parcours sans faute contre le temps et les éléments.
Arrivés à Brest samedi matin sous les acclamations de centaines de supporters, Loïck Peyron et les 13 équipiers viennent de réaliser un exploit sans précédent, avalant les 29.002 milles de leur parcours à la vitesse moyenne de 26,51 nœuds, méritant plus que jamais leur réputation de chasseurs de record. Après plus de vingt années d'engagement en tant qu'armateur, le Groupe Banque Populaire inscrit ainsi une ligne historique à son palmarès et voit sa fidélité une nouvelle fois récompensée. Cette performance et ce graal de la course au large sont aujourd'hui le fruit de l'immense travail fourni par une équipe technique hors paire et de la cohésion d'un groupe fort et uni. Bravo et merci Messieurs !
À peine partis et déjà de retour, voilà l'impression qui dominait ce matin quand les 40 mètres du trimaran géant sont venus s'amarrer au ponton de la marina du port du Château. Au matin du 22 novembre dernier, le Team Banque Populaire déclenchait le décompte du temps en coupant la ligne de départ du Trophée Jules Verne entre Ouessant et le cap Lizard. À bord du grand multicoque, Loïck Peyron et treize équipiers, dont huit bizuths du tour du monde, pointaient alors leurs étraves vers un défi unique et s'attaquaient aux 48 jours 7 heures 44 minutes et 52 secondes du temps de référence détenu depuis mars 2010 par Franck Cammas et Groupama 3. D'entrée de jeu, 30 nœuds de secteur Nord propulsaient l'équipage vers l'équateur et plongeaient les hommes dans le vif d'un sujet un peu corsé. Deux jours de mer dans le sillage et déjà l'archipel des Canaries était derrière eux. Après un Pot au Noir express, le Maxi Banque Populaire V pointait ses étraves dans l'hémisphère sud, à peine une semaine après son départ. Signant une superbe courbe atlantique et passant maître dans l'art des grandes glissades, il pulvérisait le temps de passage à Bonne Espérance, faisait son entrée dans l'Indien moins de douze jours après le coup d'envoi et totalisait alors 2.364 milles d'avance, ce qui allait se révéler le plus grand delta sur l'ensemble du parcours.
Sitôt franchie la porte symbolique du Grand Sud, les glaces s'imposaient comme un acteur à part entière sur l'échiquier, imposant de garder ses distances et plus que jamais de doser l'effort pour épargner la machine. À mi-parcours, le Pacifique se révélait fidèle à sa réputation et infligeait des conditions de navigation particulièrement éprouvantes ; des vents très violents, une mer extrêmement inconfortable, rien ne manquait. Au vingt-quatrième jour de course, la menace fantôme se concrétisait, prenant la forme d'une rencontre aussi inoubliable qu'impressionnante avec les icebergs et leurs dérivés, ces growlers qui plongeaient les marins au cœur d'un véritable champ de mines.
Un mois après leur départ, les 14 équipiers butaient dans une dorsale et connaissaient un coup de frein significatif dans leur progression, voyant leur vitesse chuter sous les 15 nœuds et faisant trainer le Pacifique en longueur. Le 23 décembre, à 7 heures 50 minutes et 30 secondes, après un mois de course, les quatorze marins du bord passaient le Cap Horn, dernier des trois caps du parcours, permettant à Ronan Lucas, Thierry Chabagny, Yvan Ravussin, Pierre-Yves Moreau, Emmanuel Le Borgne, Kevin Escoffier, Xavier Revil et Jean-Baptiste Le Vaillant de gagner leurs galons de tour-du-mondistes. Noël en Atlantique, le maxi trimaran entamait alors une remontée expresse jusqu'à l'équateur, faisant du retour au Nord une simple formalité. Renouant avec la chaleur et les alizés, après une confrontation virile et angoissante avec les glaces et le froid, l'équipage retrouvait ses ailes avant le sprint final. Après une première nuit particulièrement houleuse dans l'hémisphère nord, c'est par un grand tour de l'anticyclone des Açores par l'ouest, le compromis idéal entre progression et préservation du bateau, que cette équipe de choc en terminait avec le globe et confortait ainsi son avance sur le temps de référence en jouant avec la plus grande habileté avec la frontière du phénomène.
Au terme d'une conclusion irlandaise, Loïck Peyron et son équipage suspendaient le chronomètre hier soir à 23 heures 14 minutes et 35 secondes et signaient un nouveau temps de référence de 45 jours 13 heures 42 minutes 53 secondes, améliorant le précédent record de 2 jours 18 heures 1 minute 59 secondes.
Avec cette victoire sur le temps, le Team Banque Populaire signe une superbe aventure humaine, portée par quatorze marins qui auront partagé un mois et demi d'une tranche de vie inoubliable à bord. En 45 jours, jamais le curseur n'aura pointé dans le rouge, l'équipage disposant constamment d'une avance sur le tableau de marche, confortable la plupart du temps. Avec ce chrono, ils deviennent les nouveaux détenteurs du Trophée Jules Verne et inscrivent leur nom au plus prestigieux des palmarès. Florent Chastel rentre, quant à lui, dans le cercle très fermé des triples vainqueurs du record, quand Frédéric Le Peutrec, récidive en tant qu'homme le plus rapide autour de la planète pour la deuxième boucle consécutive. Mais pour tous, cette incroyable histoire est avant tout une formidable aventure humaine, menée par un leader dont le charisme a su tirer toute l'équipe vers le haut. Un beau et grand défi qui fait d'eux, aujourd'hui, des marins plus accomplis, des hommes sensiblement différents.
— Loïck Peyron, skipper
« Ce ne sont pas seulement 45 jours de mer que nous venons de faire, ce sont des décennies de travail, des années d'engagement de la part de Banque Populaire dans la voile. Il faut rendre hommage également à Pascal Bidégorry qui a conçu ce bateau et à Hubert Desjoyeaux qui l'a construit et nous a malheureusement quittés il y a peu, et à toute cette équipe bien sûr. Ce genre d'histoire nous fait monter en pression pendant pas mal de temps et il faut être patient pour que ça retombe aussi. Nous avons eu cette chance extraordinaire de pouvoir nous reposer les uns sur les autres. La confiance que nous avions les uns dans les autres fait qu'on est assez reposé paradoxalement. Étonnament, cette course n'est pas la plus fatigante. Tous les records sont faits pour être battus et celui-là le sera un jour ou l'autre. S'il y a un bateau pour le battre, c'est celui-ci ! ».
— François Pérol, président du Groupe BPCE
« Cet exploit d'un équipage de quatorze hommes aussi talentueux que résolus constitue un magnifique symbole de la vitalité et de la force de l'esprit d'entreprendre. Tous les collaborateurs se reconnaissent dans l'aventure collective de Loïck Peyron, de son équipage et toutes celles et ceux qui à terre ou en mer ont participé depuis 5 ans à la réalisation de ce projet »
— Yves Breu, directeur général de la Banque Populaire de l'Ouest
« L'histoire de ce projet, c'est l'illustration parfaite de l'état d'esprit qui anime Banque Populaire au quotidien, une banque audacieuse, qui stimule et encourage les initiatives : soutenir et accompagner dans la durée toutes celles et ceux qui ont un rêve, y croient, se donnent les moyens de le transformer en projet concret et le conduire à la réussite ».
— Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire et navigant
« Je suis content que nous décrochions ce record parce que je me dis que le travail paie et que ça fait du bien de s'acharner et de se dire qu'on va y arriver, d'y croire, de se battre pour que les choses évoluent. J'avais ce rêve de gosse de faire le tour du monde, passer le Cap Horn, aller dans le Sud, voir les immenses vagues, les douze mètres de creux dans l'Indien. J'ai été très touché par l'accueil ici à Brest. On avait la terre de manière épisodique et on savait que l'histoire avait l'air de prendre. Mais d'arriver ici et de voir la digue noire de monde, on se dit que c'est dingue. Je n'aurais pas rêvé une arrivée aussi belle. C'était beaucoup d'émotion pour nous, mais également du côté de l'équipe technique, c'est leur récompense aussi. Ils n'ont pas vu les Kerguelen mais ils ont vu ce monde. C'est une immense fierté pour eux et aussi pour notre partenaire parce que Banque Populaire fait de la voile par conviction mais c'est bien aussi quand ça paie. C'est magique, je garderai cette arrivée toute ma vie dans ma tête. J'étais convaincu que Loïck Peyron était quelqu'un de brillant. J'avais envie de travailler avec ce Monsieur depuis déjà longtemps et il est plus que brillant. Il est doué pour tout ! C'est un vrai leader, tout le monde a eu envie de se saigner pour lui et il a trainé le groupe derrière lui ».
— Kevin Escoffier, responsable du bureau d'études et navigant
« Je savais que j'aimais beaucoup faire du bateau mais tu as toujours le petit doute quand tu pars 45 jours de te demander si tu vas toujours autant apprécier... Eh bien oui ! J'ai vraiment adoré chaque instant, à aucun moment je ne me suis dit : qu'est-ce que je fais là ? J'ai tout adoré, chaque moment je voulais que ça dure plus longtemps. C'est fantastique, ça me conforte d'autant plus dans ce que je fais, autant sur le plan technique que sur le plan marin. J'avais la casquette technique qui faisait que je me devais d'anticiper les problèmes parce que j'étais un de ceux qui connaissaient le mieux le bateau en tant que responsable du bureau d'études ».
— Marcel van Triest, routeur à terre
«Jusqu'à Bonne Espérance, tout s'est enchaîné correctement, avec le temps qu'on avait imaginé au départ de Ouessant et du vent tout le temps. Souvent l'Indien est un plat de résistance, pour nous ça s'est très bien passé. Il n'y avait pas de glaces et on pouvait plonger dans le Sud. Du coup on est passé au sud des Kerguelen ce qui n'est pas très habituel avec un bateau comme ça. À l'est de l'archipel nous avons rencontré notre deuxième épisode de glaces et la situation météo nous a permis de monter très nord. Jusque là, tout s'était déroulé parfaitement. Après on a eu un Pacifique compliqué, avec l'hésitation de plonger Sud dans une mer très formée ou aller chercher une dépression qui tombait d'Australie. Ça s'est bien passé mais c'était déjà un peu complexe. Après on s'est trouvé avec ce vaste champ de glaces dans le Pacifique Sud et une météo pas coopérative pour la première fois. On a mangé notre pain noir et contourné une grande accumulation de glaces mais on a quand même accepté d'aller dans une zone où il y avait quelques icebergs. C'était jouable parce qu'on était au près, en décembre soit le plein été austral qui nous donnait donc 23 heures de lumière par jour.
C'était quand même compliqué de gérer tout ça, on est presque aveugle au niveau glaces et dans cette histoire je suis le borgne ! J'en sais trop pour être ignorant et pas assez pour être tranquille. On s'est retrouvé ensuite derrière la fameuse dorsale et même avec Banque Populaire V on n'a pas pu la percer. On a vraiment tenté trois fois de la passer, mais c'était comme un vrai mur et la seule façon de se rapprocher du but c'était de longer le mur et de faire du Sud. Atlantique Sud, ça s'est très très bien passé. Sur la remontée, on fait un petit bidet qui n'était pas vraiment nécessaire, le seul reproche que j'ai peut-être à me faire. Dans le Nord, il y avait des milles supplémentaires à faire mais c'était un choix relativement simple à faire. On est content de ce qu'on a fait avec cette météo. J'ai longtemps pensé qu'on pouvait arriver en dessous des 45 jours, avec un Atlantique Nord normal on l'aurait fait. Un jour, en réunissant tous les éléments, je pense que les 40 jours seront tenables ».
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