29 et 30 octobre, à Carhaix : l’Irlande invitée d’honneur du Festival du Livre en Bretagne

Communiqué de presse publié le 29/09/16 11:46 dans Cultures par Jacques-Yves Le Touze pour Jacques-Yves Le Touze
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Aziliz Gouez, présidente du Festival
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A

Le festival du livre en Bretagne est devenu au fil des années un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui aiment les livres en Bretagne. C’est une visite qui s’impose pour les professionnels : libraires, bibliothécaires, universitaires…

L’événement est unique en Bretagne. Il permet le temps d’un week-end de rassembler quasiment l’ensemble des maisons d’édition de la région, qu’elles éditent en langue française ou en breton. Beaucoup d’éditeurs calent des lancements de livre sur la date du festival du livre de Carhaix. C’est un gage de succès, une référence, parce que beaucoup de leaders du domaine culturel y viennent. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges entre les professionnels du livre, les auteurs, les lecteurs…

Chaque année, près de 300 auteurs, des plus connus aux anonymes, sont présents sur les différents stands. Toutes les disciplines sont représentées (littérature, poésie, histoire, linguistique…) dans nos deux langues, le breton et le français.

C’est la plus grande librairie de Bretagne pendant deux jours et son succès populaire avec des milliers de visiteurs s’inscrit dans la durée puisqu’il approche tranquillement de sa trentième édition…

1916-2016 : les influences irlandaises

George Bernard Shaw, William Butler Yeats, Samuel Beckett et Seamus Heaney… L’Irlande compte à ce jour quatre prix Nobel de littérature ! Comment un petit pays de 4,5 millions d’habitants – sensiblement la même population que la Bretagne historique aujourd’hui – a-t-il fait pour inspirer si fortement ses écrivains et leur donner une stature mondiale ? Un mystère ?

Il serait hasardeux et sans doute prétentieux de tenter d’apporter ici une explication à la richesse de cette littéraire irlandaise étonnamment prolifique. D’autres le feront probablement mieux que nous. Mais il n’est pas inutile de chercher à saisir les influences irlandaises sur une Bretagne du livre dont un seul prix Nobel de littérature, Jean-Marie Le Clézio, revendique des racines bretonnes. Les liens entre la Bretagne et l’Irlande sont multiples et séculaires dans de nombreux domaines qu’ils soient culturels, linguistiques, musicaux, artistiques, économiques, politiques…

Citons par exemple le Festival Interceltique de Lorient ou les 120 communes bretonnes jumelées avec l’Irlande ou bien encore l’aventure des Comptoirs Irlandais, la Brittany Ferries… L’Irlande et sa lutte pour l’indépendance ont fasciné des générations de militants politiques bretons et ce pays fut un temps considéré comme un eldorado politique avec ses héros comme James Connolly, Padraig Pearse, Michael Collins, Eamonn de Valera…

Dès 1901, des militants Bretons se déplacent en Irlande pour nouer des contacts avec les Irlandais les plus conscientisés parmi eux le carhaisien Taldir Jaffrennoù (1). Ces liens ont longtemps perduré.

Bref, la place de l’Irlande est importante en Bretagne dans la réalité comme dans l’imaginaire. Le centenaire de Pâques 1916 a été l’occasion de manifestations de grande ampleur en Irlande dans tous les domaines (histoire, culture, musique, éducation, rénovation de sites, etc.) et à travers le monde, notamment aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie… et en Bretagne. Toutes les ambassades d’Irlande à travers le monde proposeront des activités autour de ce centenaire. Il aurait été inconcevable que le Festival du livre en Bretagne de Carhaix ne profite pas de cet événement historique pour mieux cerner les influences irlandaises qui nourrissent nos réalités ou notre imaginaire breton.

Aziliz Gouez : présidente d’honneur du festival

Aziliz Gouez est la rédactrice en chef des discours (chief speechwriter) du président de la République d’Irlande, Michael D. Higgins. Elle a, en cette capacité, joué un rôle prépondérant dans les grands jalons de la présidence de Higgins, notamment sa visite historique à la Grande-Bretagne (la première visite d’un chef d’État irlandais à l’ancienne puissance coloniale depuis l’indépendance de l’Irlande), et les commémorations en cours du centenaire de l’insurrection de Pâques 1916, considérée comme l’événement politique fondateur de l’Irlande moderne.

Avant de s’établir à Dublin avec son compagnon, irlandais, et leurs deux enfants, Onenn et Seamus, Aziliz Gouez a vécu, étudié et travaillé en Angleterre, en Bosnie-Herzégovine, aux États-Unis, en Israël, et à Paris, où elle a exercé pendant 5 ans les fonctions de directrice des recherches pour l’Institut Jacques Delors. Ce dernier – Jacques Delors – est, aux côtés du philosophe Pierre Hassner, l’une des figures qui ont marqué sa formation intellectuelle et son engagement européen.

Aziliz Gouez est diplômée de Sciences Po Paris et a ensuite étudié l’anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et à l’Université de Cambridge. Âgée de 36 ans et ayant grandi dans une petite ferme du Pays de Redon, elle nourrit un profond intérêt pour la Bretagne, son développement économique et agricole, et les expérimentations sociales et solidaires qui y fleurissent.

Des auteurs et éditeurs irlandais, invités du festival

- Ciarán Collins

Ciarán Collins est un auteur irlandais né à Cork en 1977. Il a grandi dans le village de Innishannon (Co. Cork).

Il a étudié l’anglais et l’irlandais à l’Université de Cork et a suivi sa maîtrise en 2001 autour du théâtre moderne et plus particulièrement sur les textes de Tom Murphy, Brian Friel, Eugene Ó Neill, Arthur Miller, David Mamet et Marsha Norman.

En 2003, il débute sa carrière en tant que professeur d’école secondaire d’anglais et d’irlandais dans le sud de Dublin et en 2009, il retourne dans le comté de Cork pour prendre un poste à Bandon. Il vit actuellement à Kinsale avec sa femme et sa fille.

« The Gamal » est son premier roman et est publié chez Bloomsbury Circus. Auparavant il a publié quelques pièces de théâtre et des histoires courtes. Il travaille actuellement sur un deuxième roman, une autre pièce et un scénario…

Ciarán Collins a été récompensé en 2013 du Newcomer of the Year par le « Irish Book Awards » et a remporté le prix Rooney de littérature irlandaise.

- Tadhg Mac Dhonnagáin

Tadhg Mac Dhonnagáin est une personnalité de la télévision irlandaise, présentateur de programmes pour enfants sur la RTÉ (télévision irlandaise). Il est aussi guitariste et chanteur.

Réinstallé dans le Connemara dans la ville d’An Spidéal, il est scénariste de séries télévisées et de comédies, éditeur de musique et spécialisé dans les outils de promotion de la langue gaélique pour la jeunesse.

Il a collaboré en 2013 comme consultant et éditeur de scripts pour le long métrage breton « Lann Vraz » (Production Kalanna).

-Éamon Ó Ciosáin

Éamon Ó Ciosáin est maître de conférences à l’Université Nationale d’Irlande, Maynooth, où il enseigne le français et le breton. Il est l’auteur de nombreux articles sur la migration irlandaise en France à l’époque moderne et collabore aux volumes des Immigrés irlandais au XVIIe siècle en Bretagne. Il a également publié des traductions de poésie gaélique irlandaise contemporaine en français (un recueil en format bilingue en 1984), en breton (Skrid, 1983) et fut co-auteur d’un dictionnaire irlandais-breton (1987).

Un colloque « Bretagne-Irlande 1916-2016 : chemins croisés »

Organisé le vendredi 28 et le samedi 29 octobre par le CRBC de l’Université de Rennes 2 et en partenariat avec le Comité Irlande 2016. Nous y reviendrons très prochainement.

Une exposition : « 1916: portraits and lives »

En partenariat avec l’organisme Litterature Ireland à Dublin

Extraits du livre « 1916: portraits and lives » (Ed. Royal Irish Academy)

Ce livre présente 42 hommes et femmes qui, d’une manière ou d’une autre, ont été profondément impliqués dans le soulèvement de Pâques 1916.

Les biographies choisies composent un tableau général du soulèvement, représentant le spectre des personnalités qui ont participé à l’événement. Ils comprennent non seulement les insurgés (et quelques autres) tués au cours du soulèvement, mais aussi quelques-unes des femmes qui ont été impliquées en tant que soldats ou en appui.

Et tout au long du week-end…

Remise du prix du roman de la ville de Carhaix ;

Remise du priz danevelloù ti-kêr Karaez (Nouvelle en breton) ;

Remise du prix Xavier de Langlais (Oeuvre en breton) ;

Korn ar vugale / Espace jeunesse

25 ans de la revue Spered Gouez, éditée par le festival

Théâtre, cinéma, sessions musicales

(1) Taldir-Jaffrennou e Dulenn er bloavezh 1901 !

Taldir-Jaffrennou, eus Karaez, a oe e touesk ar re gantañ eus an Emsav o liammañ darempredoù gant tud Bro-Iwerzhon. Kontañ a ra e veaj kentañ d’an enezenn en e levr eñvorennoù « Ur wech e oa… Ur c’hrennard, un deskard, ur soudard », embannet gant Hor Yezh. Setu un tañva eus e skrid :

« An amzer a oa tomm ha sioul, an treizh a badas peder eurvezh, diloc’het da c’hwec’h eur, al lestr a stokas ouzh kae Kingstown, porzh Dublin, da zek eur, d’al lun 1añ a viz Eost 1901. (…) Dirak al lestr ouzh hor gortoz e oa Edmond Fournier d’Albe gant div wetur, unan evidomp hag eben evit hor pakadoù. (…) Ar Berr a voe kaset da lojañ da di an aotroù hag an itron Duncan, izili eus ar C’homite Reizhañ, ha me a yeas da heul Fournier d’Albe (…).

A Vreizh, e oa deuet F. Vallée (Abherve), a oa lojet e ti un intañvez, an itron Clarke ; Alfred Lajat hag e wreg yaouank ; Yann ar Fusteg, drouiz-meur hor gorsedd nevez c’hanet ; AbAlor ha me. A Vro-Gembre e oa deuet war-dro hanter-kant barzh ha barzhez, renet gant an arc’hdrouiz (…). A Vro-Skos e oa kement all a « Highlanders », hiniennoù anezho gant biniawoù-bras a reer « bag pipes » anezho (…). A Vanav (enezenn e-kreiz Mor Eire) hag a Gernez-Veur e oa kannaded ivez. Bez’ e oa unan bennak eus Stadoù-Unanet Amerika. Bez’ e oa daou Alaman : Heinrich Zimmer ha Kuno Meyer, kelennerien yezhoù keltiek e Greiszwald, Berlin. Bez’ e oa ur Poloniad, Alfoñs Parczemski, eus Kalisz.(…).

D’ar Sul 25 a viz Eost, e oa derc’hent an deiz dimp da gemer al lestr da vont kuit, Fournier d’Albe am dihunas abred :

« Taldir kaezh », emezañ, « ur c’helou mat. Lord Castletown a fell dezhañ e teufec’h d’e welout er Gaeltacht ».

« Ar Gaeltacht, emezon-me, petra eo ? »

Gouzout a rit, ar gaeltacht a zo da Iwerzhon ar pezh a zo Breizh izel deoc’h-c’hwi : al lodenn a gomzer c’hoazh gouezeleg enni. (…)

Lord Castledown of Ossory, aotrou Doneraile, e kontelezh Cork, hon ostiz, a oa ur gwaz a c’hwec’h troadad ment, gant ur penn hir : ret e veze dezhañ stouiñ e chouk a-benn komz gant an dud mentet krenn. (…) A l Lord a red en e wazied gwad rouanez kozh Eirinn, kemmesket gant gwad skandek. E Dublin, ar gêrbenn, en doa en em dommet ouzh an Emsav broadel, hag ouzh labourioù Standish Ó Grady a-du gant ar yezh en argoll. Harpet en doa Conradh na Gaedhilge ha Kevredigezh Keltia gant e arc’hant, rak pinvidik-mor e oa. (…)

Lord Casteldown hon dastumas an nozvezh kent ar c’himiad en e vurev, hag a zisklerias e ber komzoù da gannaded Iwerzhon, Skos, Kembre ha Breizh, ar roll-labour a felle dezhañ merkañ d’ar Celtic Assocoation. Setu amañ an diverrañ eus ar gourc’hemennoù a roas dimp :

« Krouet em eus, emezañ, ar gelc’hgelaouenn Celtia, bep miz, da vezañ an ere etre Kelted ar bed-holl. An renadurezh anezhi a fizian en Edmond Fournier d’Albe. Ma eiler a vezo ar c’hont Joseph Plunkett. (Mab youank ar c’hont Plunkett, soudard en arme dieub iwerzhonat amzer pask 1916, a voe prizonier ha fuzuilhet gant ar saozon.) Ur strollad a ranko bezañ savet e pep hini eus ar c’hwec’h bro geltiek, gant ur sekretour karget da gas keleier da Celtia. Ar strollad a zastumo arc’hant hag a vodo izili nevez. E Dublin e vezo azezenn ha kef an Impalaerez Hollgeltiek. Ar C’huzul-meur a bledo eus kevredad labourioù an holl. Bez’ e vezo ennañ eizh ezel, tri Gouezelad, ur Skosad, ur C’hembread, ur Manavad, ur C’hernevad hag ur Breizhad. Dont a raint da chom e Dublin ha gopret e vezint gant kef an Emsav Hollgeltiek. (Kannad Breizh en Iwerzhon a zo bet e-pad daou vloaz (1905-1907) ar barzh ar Berr-AbAlor, en doa bet ur garg a gelenner galleg e Dublin.)

Pal ar C’huzul-Meur a vezo labourat da c’hounit da gentañ digant Londrez, frankiz emrenerezh evit Iwerzhon, Skos, Manav ha Kernev. Gwaskañ ‘raio war Bariz da gaout kemend-all evit Breizh. (…). »


Vos commentaires :
Hoel
Vendredi 22 novembre 2024
«George Bernard Shaw, William Butler Yeats, Samuel Beckett et Seamus Heaney… L'Irlande compte à ce jour quatre prix Nobel de littérature !»

Oui, mais le plus grand écrivain irlandais, James Joyce, lui, n'a pas eu le prix nobel, et c'est lui qui a fait le plus pour le rayonnement littéraire de l'Irlande.

S'il n'y a pas d'écrivain breton à avoir reçu de prix nobel (Le Clézio a reçu le sien en tant que qu'écrivain français) c'est dû, pour une grande part, au provincialisme des écrivains bretons (et des Bretons en général, qui acceptent, consciemment ou inconsciemment, la «domination française» et ne veulent ou n'osent pas l'attaquer de front), et aussi, lorsqu'un écrivain échappe au provincialisme, comme Paol Keineg, parce qu'il est rendu invisible par le MUR français qui nous surplombe et nous rend invisibles aux yeux du monde.

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«La domination française : Portrait de la guenon en prédateur»


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