Un livre très bien écrit qui se lit avec plaisir. Les sujets ne sont pas forcément des Bretons mais, dixit l’auteur, « des personnages qui ont apporté à la Bretagne ». Chacun se précipitera sur ses « grandes figures préférées » mais je me suis aussi penché sur des Bretons plus controversés comme Bertrand Du Guesclin ou Joseph Fouché juste pour voir comment l’auteur s’en tirait sans offusquer personne. Christian Mars s’en tire très bien grâce à son humour qui, il faut le dire, traverse tout le livre de bout en bout sous forme de calembours et autres jeux de mots. L’auteur a le sens de la formule. Sur la Duchesse Anne, l’auteur n’écrit pas de bêtises et cela rend le livre tout de suite sympathique.
Si le lecteur appréciera son immense culture doublée d’un solide travail de recherche, on lui pardonnera quelques petites erreurs : les saints bretons sont bien reconnus par l’Église contrairement à ce qu’il affirme, comme beaucoup d’ailleurs. A ce sujet Saint Hervé et Yves Hélory de Kermartin, dit Saint-Yves, des personnages hauts en couleurs auraient mérité une entrée autant qu’Abélard qui, lui, est bien dans l’ouvrage et même dans le titre. La première entrée du livre, Aaron, est toutefois un des saints bretons qui a même déjà sa statue à la Vallée des Saints.
Parmi le tiers de non-Bretons présentés, on appréciera une entrée pour l'Écossais Kenneth White, un peu moins celle du négrier nantais d’origine irlandaise Antoine Walsh. Et puis, si un esclavagiste a une entrée, certains se demanderont pourquoi le romancier en langue bretonne et grammairien Roparz Hemon, qui, lui, n’a déporté personne, est ignoré. Tout le monde ne sera pas d’accord sur la sélection et c’est tout à fait normal car d’abord on ne peut pas plaire à tout le monde, ensuite il fallait limiter le nombre des entrées à 250 (en fait 266) et finalement l’auteur fait des portraits. Comme un artiste, il choisit. Certains regretteront une petite dose de politiquement correct qui ancrera le livre en ce début du XXIe siècle. Chaque époque ayant sa vision de son héritage.
L’ouvrage n’est, ni un livre d’histoire, ni une encyclopédie, il s’aligne plutôt dans la grande tradition des troubadours, et des conteurs, qui, au coin du feu, « contaient » les exploits, et parfois les méfaits, de nos illustres ancêtres.
Éditeur : Skol Vreizh
236 pages
24 euros
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