24 heures après le démâtage de Groupama 4

Communiqué de presse publié le 5/04/12 23:02 dans Sport par Vincent Borde pour Vincent Borde
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Franck Cammas...

Communiqué de presse du 5 avril 2012 18 h


C'est à 6 h 55 (heure française) que Franck Cammas et son équipage ont amarré Groupama 4 ce matin dans le port de Punta del Este. Soit douze d'heures après leur démâtage, survenu le mercredi 4 avril à 17 h 02 à soixante milles au large des côtes uruguayennes.

Joint par téléphone lors de la vacation hebdomadaire avec le PC Groupama de Paris, Franck Cammas revenait sur les circonstances du démâtage, sur les options possibles pour reprendre la course vers Itajaí et sur ses ambitions dans la Volvo Ocean Race.

La situation actuelle

« Nous sommes arrivés à Punta del Este vers 4 h TU ce matin sous un gros orage et avec beaucoup de vent, jusqu'à 40 noeuds. Nous étions au moteur, ce qui est autorisé depuis que nous avons suspendu notre course.

Nous avons été accueillis par les membres du Yacht Club de Punta del Este qui ont ouvert le club pour nous. Nous-nous sommes restaurés et avons dormi quelques heures.

Nous sommes en attente d'une grue. Groupama 4 est à quai, le mât en deux morceaux.

On attend de voir ce qu'on va faire, quelle configuration de gréement et de voilure choisir pour rallier Itajaí ».

Les circonstances du démâtage

« Au moment du démâtage, il n'y avait rien de particulier en terme de mer. Le mât n'est même pas tombé dans un choc. On avait eu jusqu'à 32 noeuds de vent plus tôt dans la journée. Le vent mollissait. Nous avions renvoyé un ris deux heures auparavant.

Je n'ai pas vu ce qui a cassé en premier. Le mât est tombé sur l'angle arrière du bateau, pas à l'extérieur.

Nous étions à 60 milles de la terre. On a mis pas mal de temps à récupérer les morceaux et à limiter les impacts. On a dû couper la grand voile en deux parties afin de récupérer la partie haute.

Brad [Marsh] s'est coupé au bras en montant sur le bout de mât.

Quatre à cinq heures après le démâtage, nous nous sommes rapidement remis en route car un fort vent de nord rentrait et on voulait être proche des côtes pour se protéger de la mer ».

Les différentes options possibles

« Notre objectif, c'est de finir classé en troisième position à Itajaí et donc de repartir vite en mer, car la météo est favorable les trois prochains jours et moins après.

Au moment de l'incident, il a fallu regarder toutes les options.

Le fait d'être proche de la côte nous permettait de revenir rapidement pour garder toutes les options ouvertes et rester en course, en repartant avec le meilleur gréement de fortune possible.

Rentrer à terre était essentiel pour refaire le plein de gasoil qui nous fournit l'énergie, refaire des vivres. Nous avions aussi un blessé à bord et c'était donc la solution la plus raisonnable.

Il faut aussi être certains que l'option de naviguer avec le petit morceau de mât soit valable et avec quelle configuration de voilure. Il faut savoir prendre son temps pour travailler sereinement.

Toutes les options sont encore ouvertes.

Il faut consolider le gréement de fortune, être certain qu'il tienne.

Brad Marsh a un gros pansement à la main. Il faut faire attention que ça ne s'infecte pas et on ne sait pas encore s'il repartira avec nous.

Le bateau est endommagé à l'arrière. Rien de très grave. Avec un petit pansement, on pourra très bien naviguer jusqu'à Itajaí. Quelques chandeliers sont pliés mais rien de grave, mis à part le mât !

Sous gréement de fortune, tel qu'il est aujourd'hui, on peut tenir au mieux une moyenne de huit noeuds avec du vent portant. Si c'est du vent de face, on peut ne pas avancer du tout. Il faudra peut être rejoindre Itajaí en plusieurs étapes ».

Les causes du démâtage

« Je n'ai pas encore d'idée très précise sur la cause du démâtage. Ce doit être une barre de flèche ou un diagonal. On fera une analyse plus tard grâce aux morceaux que nous avons récupérés. Dans tous les cas, c'est très surprenant d'avoir démâté dans ces conditions ».

La fiabilité des VO 70

« Il y a beaucoup de casse sur cette étape.

Dans la tempête, il fallait trouver l'équilibre entre la lenteur par rapport à la course et la vitesse par rapport à la mer. C'était la première fois depuis le départ d'Alicante que la prévention était majeure et ce n'est jamais facile de trouver cet équilibre. Les bateaux ne sont pas moins costauds qu'avant, au contraire. Mais à certains moments, la structure ne peut pas répondre à la nature et aux vagues qui étaient monstrueuses. On est toujours à la limite mais nous ne l'avons jamais dépassé pour notre part ».

Notre moral et nos ambitions pour la course

« C'est très difficile de se battre pour la victoire, d'avoir super bien navigué dans le Pacifique et lors des dernières 24 heures et d'en arriver là. Ce n'est pas trop terrible en terme de points mais ce n'est plus le même jeu.

Nous sommes très tristes. C'était une étape fabuleuse avec plein de rebondissements, que l'on pouvait remporter.

Ce n'est donc pas un bon moment mais ça aurait pu être pire. On va utiliser le fait que la flotte soit en partie décimée pour terminer en troisième position.

On garde un espoir d'être bien placé à la fin de la course mais c'est quand même une belle chance de gâchée.

On veut tous prendre cette troisième place et oublier le reste, laisser derrière nous notre ambition sur cette étape, finir au plus vite pour mettre de l'ordre sur Groupama 4 et se reposer en vue des étapes suivantes car nous sommes quand même très fatigués.

Ce coup du sort remet en cause nos ambitions par rapport à nos espoirs de classement sur cette étape. Entre hier et aujourd'hui, il y a une vingtaine de points d'écart. On revenait bien dans le match au classement général. Ça enlève pas mal d'espoirs mais ça ne nous empêchera pas de prendre notre chance à fond, de prendre chaque étape comme elle vient et de gagner des points. Il peut y avoir des circonstances tordues d'ici Galway. Tant qu'on ne sera pas trop loin, et ce sera le cas si on parvient à finir cette étape, tous les espoirs sont permis. Mais ce démâtage nous enlève quand même une bonne dose de chances pour la victoire finale, c'est évident ».


À 18 heures, heure française, ce jeudi, six membres de l'équipe à terre de Groupama sailing team sont à pied d'oeuvre à Punta del Este. La solution technique privilégiée consiste à gréer le morceau de mât le plus long afin de rejoindre Itajaí à bord d'un Groupama 4 manoeuvrant et capable de progresser, même à petite vitesse, dans des vents de face.

Quatre autres membres de l'équipe technique, dont deux maîtres voilier, sont en route vers Punta del Este pour participer à la mise en place de ce nouveau gréement de fortune.

Groupama 4 ne quittera pas Punta del Este avant demain, vendredi.


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